Avec une croissance démographique très dynamique, la Réunion doit se pencher sur la prise en charge de ses personnes âgées et dépendantes. Dans un rapport présenté mardi 6 septembre 2011, le CESER (Conseil Economique, Social et environnemental de la Réunion) pointe la nécessité pressante de prendre des mesures en faveur de la prévention et d'anticiper le vieillissement de la population. Et ce, alors que le gouvernement vient de repousser une nouvelle fois la réforme de la prise en charge de la dépendance.
A la Réunion, les personnes âgées sont dépendantes 10 ans plus tôt qu'en métropole. Un triste constat souligné par Jean Raymond Mondon, président du CESER lors de la présentation d'un rapport intitulé " les personnes âgées à la Réunion : anticiper les risques et les besoins ", se basant sur des données démographiques, économiques et sociales.Le premier rapport sur la question avait été publié il y a une vingtaine d'années par le CESER et ses conclusions ne différaient pas beaucoup de celles d'aujourd'hui. " On court derrière la démographie. Il y a toujours du retard à rattraper même si des évolutions ont eu lieu ", indique Jean-Raymond Mondon. Si des efforts ont été faits en matière d'accueil dans les maisons de retraite ou de développement des services à domicile, la forte croissance démographique demande toujours plus d'engagement de la part des pouvoirs publics en la matière.
" A la Réunion, 89 000 personnes ont plus de 60 ans, cela correspond à 11,3% de la population. En 2040, elles représenteront 25% de la population totale ", indique, pour sa part, Max Banon, président de la commission des affaires sociales, culturelles, sportives Solidarité et Egalité des chances. Il souligne le fait que 34% des plus de 70 ans sont en situation de dépendance et que le budget du Conseil Général concernant l'APA (allocation personnalisée d'autonomie) a été multiplié par 7 depuis sa mise en place il y a huit ans. Une charge budgétaire qui pourrait devenir rapidement intenable.
Dans ce contexte, il estime que la prévention est un axe majeur à privilégier pour anticiper les problèmes à venir. Un constat partagé par Michèle André, membre de cette commission. " Les personnes âgées ne veulent pas aller en institution et le maintien à domicile est un moyen de lutte contre la dépendance. Des institutions prennent en charge la dépendance mais elles interviennent après coup. Or, on pourrait le faire en amont en adaptant dès aujourd'hui les logements : taille des portes, abandon des baignoires.... ", estime-t-elle.
Autre problème : la très grande précarité des personnes âgées. Selon Max Banon, 45% d'entre-elles bénéficient du minimum vieillesse, soit un peu plus de 300 euros. " Il faut que cette note vive pour améliorer les conditions de vie de ces personnes ", estime-t-il. Et c'est d'autant plus important que le secteur des services aux personnes âgées est une niche d'emploi. " Il faudrait pouvoir proposer une formation de base aux aidants car souvent, le maintien à domicile est compliqué ", poursuit Max Banon.
Les membres du CESER préconisent une collaboration entre les nombreuses institutions qui oeuvrent dans le domaine (Etat, conseil général, sécurité sociale, communes ou encore caisses de retraites) sur des questions aussi variées que la formation, le vivre ensemble, la création de structures d'accueil de jour pour que les aidants puissent " souffler " et proposer une alternative aux maisons marrons.
Si le CESER n'a pas vocation à prendre des décisions mais plutôt à aider les décideurs, toutes ces pistes de réflexion pourraient être longues à se mettre en place, y compris localement. Vendredi 2 septembre, la ministre des solidarités, Roselyne Bachelot, a annoncé un nouveau report de la réforme de la dépendance au niveau national. Invoquant la crise financière mondiale, elle a déclaré qu'aucune mesure financière en faveur des personnes âgées ne serait prévue dans la loi de finances 2011. La réforme de la dépendance était pourtant présentée comme un chantier phare du quinquennat du Président Sarkozy.
Marine Veith pour
