Santé publique

Arrêt des médicaments anti-cholestérol: 1 150 décès potentiels par an

  • Publié le 5 octobre 2013 à 14:02
Médicaments

Plus de 1 150 décès par an et près de 5 000 infarctus dus à l'arrêt des statines, utilisées pour diminuer le cholestérol. Ce sont les résultats d'une étude réalisée par une équipe de cardiologues français, qui ont souhaité évaluer l'impact de l'ouvrage de Philippe Even, "La vérité sur le cholestérol", publié en février 2013. Le médecin y affirme que les statines, ces traitements avalés par près de 5 millions de Français, ne servent à rien et qu'il n'y a pas non plus de mauvais cholestérol.

Selon Sciences et Avenir, ces cinq spécialistes ont interrogé leurs patients suivis en cardiologie à l'hôpital européen Georges Pompidou et à l'hôpital Necker de Paris lors des consultations dans les semaines qui ont suivi la polémique liée à l'ouvrage de Philippe Even. Parmi eux, 37 traités en prévention primaire, sans antécédent cardiovasculaire, et 105 en prévention secondaire, avec antécédent cardiovasculaire, souvent un infarctus.

Résultat: 24% des patients traités en prévention primaire ont déclaré avoir l'intention d'arrêter leur traitement, ainsi que 8% de ceux en prévention secondaire, indiquent les auteurs de cette étude, publiée dans les Archives of Cardiovascular Diseases et cités par le magazine.

Des résultats croisés avec ceux d'une grande analyse, publiée en 2009 dans le British Medical Journal, sur les conséquences d'un arrêt de traitement, et dont les cardiologues ont extrapolé les données à la population française globale. Ils estiment donc que la controverse serait responsable de 1 159 décès et de 4 992 infarctus. Des chiffres qui seraient même plutôt sous-estimés, selon eux, et qui ne manquent de faire réagir Philippe Even.

Interrogé par le Point.fr, ce dernier dit ne pas avoir "le sentiment d'avoir mis la santé de gens en péril". "Pour moi, les statines n'ont aucun effet, excepté dans une maladie rare, l'hypercholestérolémie familiale, chez des gens qui ont entre 3 et 10 grammes de cholestérol", assure-t-il, avant d'ajouter: "ce travail fait rire tous les statisticiens. Car, si l'on applique les règles élémentaires en la matière, le risque d'erreur est de plus ou moins 180 000 décès. Ça n'a donc aucun sens".

Pour rappel, dans son ouvrage, "La vérité sur le cholestérol", paru aux éditions Cherche Midi en février dernier, le médecin affirme que les statines, prescrites pour faire baisser le taux de cholestérol et prévenir les risques cardiovasculaires, notamment en cas d'antécédent cardiaque "ne servent à rien dans au moins 9 cas sur 10", soulignant qu'elles "n'ont en rien modifié la fréquence des maladies". Ces propos avaient fait bondir les spécialistes et la HAS (Haute Autorité de santé), qui, dans un communiqué, avait réfuté les accusations d'inefficacité des médicaments anti-cholestérol.

À noter que près de cinq millions de Français prennent des statines.

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