Santé

Assemblée nationale : pourquoi une exotique loi anti-sucre ?

  • Publié le 29 mars 2013 à 08:00
Obésité

Les Ultramarins des îles à sucre victimes de leur addiction à la douceur ? L'assemblée nationale veille au grain, santé oblige, rien de folklorique là-dedans, à La Réunion un adulte sur deux et un quart des enfants âgés de 5 à 15 ans souffrent de surpoids ou d'obésité, quant au diabète il bat tous les records nationaux...

L'Assemblée nationale a voté mercredi dernier, en première lecture, une proposition de loi prônant la réduction des taux de sucre ajoutés aux produits laitiers et sodas commercialisés sur les marchés ultramarins français, et donc à La Réunion. Le besoin de légiférer sur un tel sujet s’impose du fait d’excès constatés sur des produits de consommation courante extraordinairement chargés en sucre en comparaison de leurs équivalents métropolitains, du simple au double pour un bête yaourt, sans parler des boissons gazeuses. Or il faut savoir que l’industrie agroalimentaire, en métropole comme ailleurs, inclut déjà nombre de sucres dans ses préparations, à fins de conservation, et de fidélisation – les sucres étant un tantinet addictifs. On trouve du sirop de fructose dans les boissons, du lactose dans les céréales, les yaourts et les plats préparés, du sirop de maïs dans la biscuiterie… Moralité les problèmes de santé qui découlent d’une telle alimentation en métropole sont encore aggravés sur les territoires ultramarins.

A La Réunion, de source médicale, un adulte sur deux et un quart des enfants âgés de 5 à 15 ans souffrent de surpoids ou d’obésité. Quant au diabète, le bilan " péi " est on ne peut plus affligeant, avec un taux de prévalence (8,8%), deux fois plus élevé qu’en métropole et le plus élevé du territoire français. Ce qui se traduit tous les ans par 3 900 nouvelles admissions Affection de Longue Durée (ALD) ; autant dire que cinq Réunionnais sur 1 000 sont concernés. La chose est fort peu sympathique en ce sens que le diabète est lié à des complications telles que la cécité, les maladies rénales, des plaies au pied souvent suivies d’amputation, sans oublier des infarctus du myocarde ou des accidents vasculaires cérébraux.  Le diabète constitue à La Réunion, le second motif d’admission en ALD
 (28%), après les maladies cardiovasculaires (37%) et devant les cancers (12%).


Le diabète le plus répandu, à La Réunion comme ailleurs, est dit de type 2, et donc, non insulino-dépendant. Il s’installe progressivement, sans signe apparent, évoluant sur des années,  du fait de modes de vies sédentaires et de régimes inadaptés qui aboutissent à une hyperglycémie chronique. Quant au diabète de type 1, il est repéré dans l’enfance ou l’adolescence ; insulino-dépendant, il impose un indispensable et vital traitement par insuline.

Légiférer pour ramener à la normale les taux de sucre dans l’agro-alimentaire réunionnais et ultramarin est donc une bonne chose, mais le législateur est impuissant en matière de mœurs et d’habitudes ; tout comme l’usage d’édulcorants, certes utile, mais insuffisant. La loi pour être efficace dans ses effets devra être mise en œuvre dans un contexte de réduction volontaire des calories et de lutte contre la sédentarité. 

 

 

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