Suspendu le 17 mai dernier en raison d'insuffisances et de dysfonctionnements dans la prise en charge des patients ainsi que d'un manque d'effectif, le service de radiothérapie du CHU de Saint-Pierre devrait fonctionner de nouveau d'ici quelques mois. L'Autorité de sûreté nucléaire, qui tenait une conférence de presse ce vendredi 2 août 2013, a en effet donné son accord pour que le service reprenne son activité, "une fois qu'il disposera de toutes les ressources lui permettant de fonctionner de manière robuste, selon des procédures partagées, et pérenne dans le temps". (photo archives)
Ce jeudi 1er août, une réunion s’est tenue entre l’ASN et la direction du CHU de Saint-Pierre, afin que cette dernière présente les actions mises en œuvre depuis la suspension et en vue de la réouverture du service. Des actions qui ont convaincu les instances concernées, puisque l’ASN "considère que des réponses satisfaisantes ont été apportées à la majorité des points soulevés lors de l’inspection des 23 et 24 avril", à une exception près, "la définition de protocoles de traitement afin d’homogénéiser les pratiques au sein du service".
Pas de quoi toutefois prolonger la suspension pour l’ASN, qui autorisera donc le service de radiothérapie à reprendre son activité dès qu’il bénéficiera du personnel suffisant. Une campagne de recrutement va ainsi être lancée pour rouvrir le service dès que possible.
A l’origine de cette suspension, le cas de quatre patients, pour lesquels étaient survenus des "effets non prévus consécutifs à un traitement". Alerté par le CHU le 11 février dernier, l’ASN avait alors missionné la SFRO (Société française de radiothérapie oncologique) de procéder à l’expertise de ces dossiers, qui a fait ressortir "des écarts par rapport aux bonnes pratiques de radiothérapie".
De plus, lors d’une inspection réalisée les 23 et 24 avril 2013, l’ASN avait constaté "de nombreuses insuffisances en termes d’organisation et de fonctionnement". L’inspection avait ainsi mis en évidence des problèmes relationnels entre certains membres du personnel nuisant à l’utilisation des traitements, mais aussi des pratiques hétérogènes dans l’établissement des protocoles.
A tous ces problèmes s’était enfin ajoutée une diminution des effectifs de radiothérapeutes le 15 mai, élément déclencheur de la suspension des activités du service de radiothérapie. Une quarantaine de patients ont ainsi été transférés à la clinique de Sainte-Clothilde, qui accueille donc depuis le 20 mai dernier, l’ensemble des patients traités par radiothérapie de l’île.
Tous ces éléments ont été détaillés ce vendredi 2 août par Delphine Ruel, chef de la division de Paris de l’Autorité de sûreté nucléaire. Créée en 2006, l’ASN mène au moins une mission annuelle d’inspection de deux semaines à La Réunion, dans le domaine médical mais aussi celui de l’industrie.
Une de ses priorités est actuellement le contrôle de l’imagerie médicale, une pratique qui s’est multipliée ces dernières années, entraînant une augmentation de 50 % en 5 ans de l’exposition artificielle au rayonnement nucléaire. L’ASN considère ainsi "qu’il devient urgent de prendre des mesures pour maîtriser l’augmentation des doses dues à l’imagerie médicale" et recommande "d’accroître le nombre de radiophysiciens" dans ce domaine.
La prochaine mission d’inspection de l’Autorité de sûreté nucléaire aura lieu au mois de novembre 2013.
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