Le couvre-feu décrété mardi soir 27 janvier 2009 à Antananarivo n'a été que partiellement respecté, mais aucun incident notable ne s'est produit dans le courant de la nuit. Ce mercredi matin 28 janvier, la vie quotidienne semble même avoir repris son cours normal. Les transports en commun circulent dans les rues de la ville, les Tananariviens se rendent sur leur lieu de travail. Tout le monde attend, souvent en le craignant, le rassemblement qui devrait avoir lieu à 10 heures 30 ce mercredi à l'appel du maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, sur la place du 13-mai. C'est-à-dire du lieu d'où ont commencé les troubles lundi. En effet, traumatisme des deux journées d'émeutes est très présent. Le nombre de victimes ne cessent d'augmenter. Il est maintenant question d'au moins 30 morts.
Le bilan des émeutes de lundi et mardi s'alourdit au fur et à mesure que les secours déblaient les décombres des bâtiments détruits et pillés par les manifestants. Mardi en milieu de journée, les pompiers ont découvert les corps calcinés de 9 personnes brûlées vives dans l'incendie d'une galerie marchande située sur la place du 13-mai. Le drame s'est produit dans la nuit de lundi à mardi. "Les gens sont entrés dans les magasins. Ils allumés des allumettes pour s'éclairer et ils ont fini par mettre le feu. Ils ont ensuite été pris au piège" explique un sapeur pompier. "D'autres corps se trouvent encore sous les tôles brûlées" ajoute-t-il.Une quinzaine de personnes auraient également trouvé la mort dans les bousculades et les incendies d'autres magasins pillés, notamment dans les magasins Magro appartenant au président de la République Marc Ravalomanana. Lundi, deux hommes ont été tués par balle dans l'attaque des locaux de la chaîne de télévision du président.
"Si un nouveau rassemblement a lieu ce matin sur la place du 13 mai, les choses pourraient à nouveau dégénérer" craint Jean-Pierre, un journaliste indépendant malgache. En prévention, les forces de police et de gendarmerie, très présentes depuis mardi après avoir été discrètes lundi, sont déployées tout autour de la place.
La rumeur d'une rencontre entre Marc Ravalomanan et Andry Rajoelina court depuis le début de la matinée. C'est le fort antagonisme entre les deux hommes qui est notamment à l'origine des troubles. Les troubles ont en effet éclaté lundi matin à la fin d'un rassemblement organisé par Andry Rajoelina sur la place du 13-mai à Antananarivo. Il avait accusé le président de la République de se comporter en dictateur. Ce dernier avait risposté en accusant le maire d'Antananarivo de vouloir perpétrer un coup d'Etat.
"Mais même sans la montée au créneau de TGV (le surnom donné à Andry Rajoelina en raison de son caractère fonceur), la colère du peuple aurait fini par éclater. Le président s'est offert un avion neuf a plus de 30 millions dollars alors que les gens ici meurent de faim. Il fallait que la colère éclate un jour ou l'autre" commente Jean-Pierre.