A l'occasion de la semaine du goût, l'université de La Réunion a lancé pour la première fois l'opération "Un chef sur le campus", organisée en métropole depuis 2009. Le concept : deux cuisiniers du CROUS (centre régional des ?uvres universitaires et scolaires) ont organisé un show culinaire dans un amphithéâtre de la faculté de lettres sur le campus du Moufia pour montrer aux étudiants qu'on peut allier budget minime, appareils non professionnels et saveurs diverses pour proposer des assiettes colorées, goûteuses et équilibrées. Si certains jeunes ont assisté à la démonstration pour s'améliorer en gastronomie, pour d'autres, il s'agissait d'une première initiation à la cuisine.
L'entrée à la fac est souvent synonyme de première expérience dans l'âge adulte. Les étudiants apprennent à se débrouiller seuls...ou presque. Pour beaucoup d'entre eux, pas évident de se lancer dans l'art culinaire. Manger au restaurant ou acheter des plats déjà préparés sont les actes quotidiens de certains, même si ce n'est pas forcément plus économe ou plus sain. Pour d'autres, pas d'efforts à fournir, maman et papa sont là pour nourrir leurs chérubins. "Je ne cuisine pas du tout, tout simplement parce que j'ai la flemme", confie en rigolant Emmanuelle, étudiante en deuxième année d'anglais. "Et puis, maman me prépare à manger, ça facilite les choses", ajoute la jeune fille, sans un soupçon de remords.Pour Brian, étudiant en première année de MIP (mathématiques-informatique-physique), là aussi, heureusement que "maman" est là. "Elle me prépare mes plats pour la semaine à l'avance, il n'y a plus qu'à les réchauffer au micro-ondes avant de manger", explique-t-il. Pour autant, le show culinaire présenté pour la première fois ce mardi 18 octobre 2011 à l'université, a sonné comme une révélation pour Brian. "Je n'ai pas l'habitude de faire à manger. L'opération Un chef sur le campus a attisé ma curiosité, alors je suis venu faire un tour avec mes amis. Et je ne suis pas déçu, c'était très intéressant au niveau des goûts, des couleurs, des saveurs", annonce-t-il.
Le néo-étudiant a même été mis à contribution pour la préparation du dessert, un moelleux au chocolat sur crème anglaise à la vanille de Bourbon. Malgré quelques difficultés, il est allé au bout du challenge. "Je pense que ça s'est vu, je ne suis pas un fin cuisiner, je sais à peine ouvrir une brique de lait avec un couteau, mais ce genre d'événement, c'est l'occasion de s'initier et de se trouver des vocations. Aujourd'hui, j'ai appris à séparer le blanc du jaune dans les ?ufs, c'est déjà bien", sourit Brian. "A partir de maintenant, je vais peut-être rester avec mes parents dans la cuisine pour voir comment ils s'y prennent et les aider un peu", assure le jeune homme.
Pour d'autres étudiants, l'expérience est plutôt l'occasion de s'améliorer en cuisine. "C'est une très bonne initiative. On observe, on écoute les conseils des chefs, on voit des techniques de découpage différentes, et on apprend à mélanger les saveurs. Par exemple, en entrée, on nous a proposé une salade fraîcheur composée de fruits et de légumes : poivron, ananas, concombre, clémentine, tomate, carotte. La vinaigrette était parfumée au fruit de la passion. C'est très enrichissant, c'est joli à regarder et c'est bon. Ça donne des idées pour cuisiner chez soi, ça change du traditionnel riz/grains/carri que j'ai l'habitude de préparer", déclare Annabelle, étudiante en lettres.
Pour Aurélie, étudiante en anglais, "la cuisine, c'est avant tout une histoire de passion et de temps". "J'aime bien faire à manger, je connais les bases, je fais cuire le riz, je prépare les classiques : salade, carri, pâtes. Mais ce n'est pas forcément évident de concilier la vie d'étudiant et de préparer des plats. Quand je manque de temps, je suis obligée d'acheter un sandwich à la cafétéria. Le soir, quand je suis trop fatiguée, j'ai tendance à passer à la pizzeria ou au fast-food avant de rentrer chez moi, mais j'essaye de le faire le moins possible, parce que je n'ai pas envie de tomber dans le piège de la malbouffe", indique Aurélie.
Pour sa première édition à La Réunion, l'opération Un chef sur le campus a attiré une soixantaine d'étudiants. L'amphithéâtre Geneveaux de la fac des lettres s'est transformé en atelier culinaire, avec du matériel qu'on trouve dans la plupart des résidences universitaires : plaque chauffante et micro-ondes. "L'idée, c'est de montrer aux étudiants qu'avec des produits et des appareils de base, on peut faire des repas bons, équilibrés et plutôt bon marché", explique Chantal Arnold, responsable des prestations événementielles au CROUS. "On a proposé des recettes simples, avec des produits locaux, des fruits, des légumes, des couleurs, des saveurs diverses. On souhaitait vraiment donner le goût de la cuisine aux étudiants, on sait que l'envie passe d'abord par le visuel, alors on a beaucoup misé sur cet aspect-là", déclare Chantal Arnold.
L'initiative sera certainement reconduite l'année prochaine. En attendant, l'université du Moufia projette dès le mois de novembre de donner des cours de cuisine aux étudiants. "Il s'agira de cours accessibles à tous pour familiariser les jeunes avec les ustensiles et les différentes façons de procéder dans la cuisine. Le lieu est déjà trouvé : ça se fera dans les cuisines du CROUS, et je pense qu'on organisera des séances par groupe de 30 élèves", ajoute Chantal Arnold. Si certains pensent déjà à s'inscrire, d'autres sont encore loin de trouver la motivation nécessaire pour commencer à cuisiner.
Samia Omarjee pour


