Santé - Compléments alimentaires

La prise de vitamines mise en accusation

  • PubliĂ© le 23 juillet 2013 Ă  05:35
Médicaments

Paul A. Offit, un pédiatre américain spécialisé dans les maladies infectieuses et un expert des vaccins, de l'immunologie et de la virologie, vient de publier un livre e forme de réquisitoire "contre la prise de vitamines, autres que celles contenues naturellement dans une alimentation normale" souligne slate.fr. En fait, la mise en accusation s'adresse surtout à Linus Pauling, deux fois prix Nobel, qui " nous a mis dans la tête qu'il fallait prendre des vitamines" note le site d'information. Selon Paul A. Offit, la prise importante de vitamine, notamment de vitamine C, n'a aucun effet curatif et elle peut même être dangereuse.

"Ce que peu de gens savent, c'est que leur fascination pour les vitamines trouve sa source dans un homme. Un homme qui était si spectaculairement bon qu'il a gagné deux prix Nobel et qui avait si spectaculairement tort qu'il était sans doute le plus grand charlatan du monde" écrit Paul A. Offit, dans son livre "Do You Believe in Magic?: The Sense and Nonsense of Alternative Medicine" ("Croyez vous à la magie : les sens et non sens de la médecine alternative)"

"Cet homme, c'est Linus Pauling. Seule personne à avoir remporté deux prix Nobel dans deux catégories en son nom (Marie Curie a partagé ses prix Nobel): le premier en chimie en 1954 pour ses travaux décrivant la nature de la liaison chimique, le second, le prix Nobel de la paix, en 1962, pour sa campagne contre les essais nucléaires" écrit slate.fr.

Selon Paul A. Offit tout commence en 1966. Linus Pauling  alors âgé de 65 ans, "reçoit une lettre d'un biochimiste, Irwin Stone, qui lui explique que s'il suit ses recommandations et qu'il pend 3.000 milligrammes de vitamine C par jour, il pourra vivre au moins vingt-cinq ans de plus". De là part la fascination de Pauling pour la vitamine. "Rapidement, il remarque que, depuis qu'il prend de la vitamine C, il n'attrape plus ces gros rhumes dont il souffrait avant. Il augmente les doses pour arriver à 18.000 milligrammes par jour" relate slate.fr.

En 1970, il publie "La vitamine C contre le rhume". C'est un best-seller. "Les Américains se mettent à avaler de la vitamine C, les pharmacies ont du mal à satisfaire la demande. Et les scientifiques s'y intéressent et cherchent à savoir si ça marche" souligne le site d'information.

Dans son livre Paul A. Offit cite plusieurs études : "à l'université du Maryland, ils ont donné 3.000 milligrammes de vitamines par jour pendant trois semaines à 11 volontaires et un comprimé de sucre à 10 autres. Les chercheurs ont infecté les volontaires avec un rhume. Tous ont développé les mêmes symptômes. A l'université de Toronto, 3.500 cobayes. Mêmes résultats en 2002, aux Pays-Bas, 600 cobayes. Aucune différence".

Selon Paul A. Offit, "au moins 15 études ont montré que la vitamine C ne soigne pas le rhume. En conséquence, ni la FDA, ni l'académie américaine de pédiatrie, ni l'American Medical Association, (...) ne recommande un supplément de vitamine C en prévention ou en traitement du rhume".

Mais Linus Pauling n'en démord pas. Il affirme que non seulement la vitamine C prévient les rhumes, mais qu'elle soigne le cancer. Il ajoute que la vitamine C, prise avec des doses massives de vitamine A, de vitamine E, de sélénium et de bêta-caroten, peut soigner toutes les maladies connues de l'homme, ou presque et même le Sida, note slate.fr en citant Paul A. Offit.

Ce dernier écrit dans son livre : "la logique est imparable: si les fruits et les légumes contiennent des antioxydants et si les gens qui mangent beaucoup de fruits et légumes sont en meilleure santé, alors, ceux qui prennent des compléments d'antioxydants sont aussi en meilleure santé. En réalité, ils sont en moins bonne santé". Et pour cause. L'Agence France presse (AFP), cité par slate.fr, rappelle qu'"une étude publiée le 11 octobre aux Etats-Unis indique une augmentation de 17% du risque de cancer de la prostate chez des hommes prenant de la vitamine E à haute dose. Une autre recherche américaine menée avec des femmes, parue le 10 octobre, révèle que des multivitamines étaient inutiles et accroissaient légèrement leur risque de mortalité. Déjà en 2007, des chercheurs avaient établi un lien entre un danger accru de diabète adulte et des suppléments de sélénium".

Le dernier coup porté au mythe de la vitamine est asséné par Paul A. Offit dans la conclusion de son article cité par slate.fr : "en mai 1980, pendant un entretien à la Oregon State University, on demanda à Linus Pauling: “Est-ce que la vitamine C a un quelconque effet secondaire à long terme disons, au-delà du gramme?” La réponse de Pauling fut rapide et ferme: “Non.”Sept mois plus tard, sa femme mourait d'un cancer de l'estomac. En 1994, Linus Pauling mourait d'un cancer de la prostate".

 

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