Coup dur pour le professeur Gilles-Eric Séralini. Les conclusions de son étude sur la toxicité d'un maïs transgénique, qui avait fait grand bruit en septembre, ont été réfutées par le Haut conseil des biotechnologies (HCB) et l'Anses (agence nationale de sécurité sanitaire) ce lundi 22 octobre 2012. Le conseil a en effet estimé qu'il n'y avait "pas de causalité entre les événements observés et la consommation de maïs NK603". L'Anses, de son côté, a pointé du doigt des "faiblesses". Les deux organismes réclament des études de long terme sur les OGM.
Les aliments transgéniques sont-ils bons ou nocifs pour la santé ? La question reste entière. Après l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) le 4 octobre, c’est au tour du Haut conseil des biotechnologies de remettre en cause les conclusions de l’étude menée par le chercheur Gilles-Eric Séralini sur la toxicité d’un maïs OGM produit par l’entreprise américaine Monsanto.
Pour rappel, le 19 septembre dernier, la revue Food and Chemical Toxicology publiait les résultats d’une étude sur l’alimentation d’un groupe de 200 rats avec un maïs OGM, le NK603. Ces travaux, qui se sont étalés sur deux ans, ont montré un risque accru de tumeurs mammaires et d’atteintes hépato-rénales pour les rats nourris avec ce maïs, associé ou pas au pesticide Roundup.
Les conclusions de cette étude ont ébranlé les autorités sanitaires, les industriels et les citoyens. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait par ailleurs déclaré que si le danger des OGM était vérifié, la France "défendrait au niveau européen leur interdiction". La France, comme d'autres pays (Autriche, Hongrie, Grèce, Luxembourg, Roumanie, Bulgarie), a déjà pris ses distances avec certaines décisions européennes sur les OGM, comme sur le maïs MON 810 de Monsanto dont elle interdit la culture.
ConcernantLe Haut conseil des biotechnologies et l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ont été saisis fin septembre par les ministres de la Santé, de l’Ecologie, et de l’Agriculture, pour donner leur avis sur cette étude.
Le HCB a rendu son avis ce lundi et réfuté la toxicité du maïs transgénique. Le conseil a estimé qu’il n’y a "pas de causalité entre les événements observés et la consommation de maïs NK603, traité ou non avec l’herbicide Roundup". Selon le Haut conseil des biotechnologies, "le dispositif expérimental mis en œuvre est inadapté aux objectifs de l’étude" et "les conclusions d’effets délétères de la consommation de maïs NK603 ne sont pas soutenues par l’analyse des résultats présentés dans l’article". De ce fait, "cet article ne remet pas en cause les conclusions des évaluations précédentes sur cet OGM", a indiqué le HCB. Il recommande toutefois qu'une "étude de long terme, indépendante et contradictoire soit entreprise sous l'égide des pouvoirs publics quant à la sécurité sanitaire du maïs NK603" pour "répondre aux interrogations de la société"."
L’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire) a également réfuté les résultats de l’étude du professeur Séralini, soulignant ses "faiblesses". Elle a appelé à engager des travaux sur les effets à long terme de la consommation d’OGM associés à des pesticides. L’Anses note néanmoins "l’originalité de cette étude qui aborde un sujet jusqu’ici peu étudié".
Avant le HCB et l’Anses, des dizaines de scientifiques de l'Inra (institut national de la recherche agronomique), du CNRS (centre national de recherche scientifique) et de l'Inserm (institut national de la santé et de la recherche médicale) avaient déjà remis en cause les conclusions des travaux de Gilles-Eric Séralini.
Devant la multiplication de ces avis, le gouvernement devrait attendre les conclusions d’un énième rapport pour décider ou non de l’importation de produits génétiquement modifiés. Actuellement, sont autorisées à l’importation pour consommation humaine et/ou animale 3 variétés de soja, 25 de maïs, 2 de colza, 3 de coton, 1 de pomme de terre et 1 de betterave.
