Iles Eparses

Les petits paradis aussi touchés par les déchets

  • Publié le 10 avril 2011 à 06:00
Enlèvement de déchets métalliques dans les îles Eparses. (photos TAAF)

Le 11 avril 2011, le Marion Dufresne accostera à Juan de Nova. L'équipage récupèrera des fûts d'hydrocarbures abandonnés qui menacent de se répandre sur la plage. Cette opération constitue le point d'orgue d'une grande opération de nettoyage des îles Eparses débutée en 2009. Et toute l'année, ce sont des tongs, des brosses à dents ou des sacs plastiques ramenés par les courants qui s'échouent sur les rivages immaculés.

Il n'y a pas d'hommes, mais il y a quand même des ordures.  Les îles Eparses, perdues dans l'océan indien ne sont pas épargnées par les pollutions d'origine humaine. Et outre les déchets historiques, ce sont les pollutions classiques de l'océan qui touchent ces îlots vierges.
 
En 2009, une rotation du Marion Dufresne était même destinée à nettoyer ces îles des déchets issus de la construction des bases ou pistes d'atterrissage sur les différentes îles. Plus de 1300 m3 représentant 600 tonnes de déchets ferreux, 14 tonnes de batteries, 2 tonnes d'huile et 11 à 12 tonnes d'hydrocarbures périmés... Des déchets classés " industriels dangereux ". L'opération a nécessité une logistique importante que seul le Marion Dufresne possédait : hélicoptère, grue, annexe maritime.
  
Les bases des îles Eparses ont été construites dans les années 50, à une époque où la préservation de l'environnement n'était pas une priorité. Le 26 avril, le Marion Dufresne rentrera avec une série de fût hydrocarbonés, résidus de la construction d'une piste d'aviation à Juan de Nova.

Jusque là, ils étaient entreposés en bord de plage, à demi enfouis, menaçant de répandre leur contenu sur les lieux de ponte des tortues. Une fois enlevés, ces déchets industriels dangereux seront envoyés en métropole, dans une filière d'incinération de Véolia Propreté. Aucune filière agréée ne permet de les traiter dans l'île.

Au delà de ces déchets historiques, ces petite îles sont victimes des pollutions classiques qui salissent les océans du globe. En 2006, un dégazage avait souillé les plages de Juan de Nova. Entre 3,5 et 4 tonnes de pétrole s'étaient répandus sur 1,6 km de plage. L'opération de nettoyage avait duré sept mois. Cette pollution pétrolière ne s'est pas reproduite depuis selon les Taaf.

Sinon, ce sont des savates, des brosses à dents et autres petits objets en plastique qui régulièrement, se déposent sur les plages immaculées. Trop diffus pour être pris à bras le corps, le phénomène est pourtant bien visible par les rares privilégiés qui posent le pied sur ces îlots.
 
Amandine George, responsable communication des Taaf dit avoir été frappée par le phénomène à Tromelin, mais toutes les îles sont touchées. " C'est marquant parce que les îles sont petites et vierges mais le problème n'est pas assez significatif pour que l'on organise une opération spéciale de nettoyage", indique-t-elle. A chaque fois qu'ils en trouvent, les visiteurs repartent avec leurs trouvailles en plastique.
 
L'origine exacte de ces déchets est difficile à connaître. Ils peuvent venir de très loin, probablement des terres. Le courant les transporte des côtes africaines, malgaches, réunionnaises ou mauriciennes.

Difficile aussi de connaître l'impact du phénomène sur l'environnement réputé préservé des îles Eparses. Les 72 scientifiques qui ont embarqué le 1er avril dernier à bord du Marion Dufresne reviendront peut-être avec des éléments de réponse aux questions des pressions qui pèsent sur les écosystèmes de ces îles éloignées.
 
Bien qu'elles soient inhabitées, elles n'échappent pas à la pollution en mer qui touche tous les océans. Difficile à évaluer, la pollution par les déchets, essentiellement en plastique, constitue pourtant une véritable menace pour la vie marine.

En 2008, des scientifiques avaient confirmé l'existence d'une île de déchets fragmentés de la taille de la France dans le Pacifique. Et tout laisse à penser que d'autres plaques de ce type existent dans d'autres océans. Une étude de l'organisation Greenpeace estime par ailleurs que 80% des tortues marines du globe ont déjà mangé du plastique.
 
Marine Veith pour
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