Ce jeudi 3 octobre 2013, ce sont au total trois hommes qui ont été lynchés à mort puis jetés au brasier par une foule d'émeutiers, sur l'île de Nosy Be, à Madagascar. Soupçonnés par les habitants de trafic d'organes après la découverte du cadavre d'un enfant de 8 ans, un Français et un autre Européen - qui serait un ressortissant italien jouissant de la nationalité française - ont ainsi été torturés avant que leurs corps ne soient brûlés. Dans la soirée, un troisième homme, malgache, accusé d'être de mèche avec les deux étrangers, a subi le même sort. Il s'agirait de l'oncle de l'enfant enlevé puis retrouvé mort. Ce vendredi 4 octobre, en fin d'après-midi, l'office national du tourisme de Madagascar, assurait que "la situation est revenue au calme sur l'ensemble de l'île de Nosy Be". La gendarmerie malgache a annoncé l'arrestation de 19 personnes.
Que s’est-il vraiment passé sur l’île touristique de Nosy Be ce jeudi 3 octobre ? La seule certitude est que plusieurs scènes d’horreur ont été relatées par de nombreux témoins. Deux Européens, dont un Français, ont été tués et leurs corps brûlés tôt dans la matinée sur la plage d'Ambatoloaka, la principale station balnéaire de l’île. Des photos parvenues à l'AFP montrent un bûcher encore fumant où l'on reconnaît des jambes et un torse humains.
C’est le rapt d’un petit garçon de 8 ans qui a mis le feu aux poudres. Selon l’Express de Madagascar, son corps a été retrouvé mercredi soir, vers 23h30, rejeté par la mer non loin de l’embarcadère où le bateau des deux ressortissants étrangers avait jeté l’ancre depuis une semaine. Selon des témoins, le corps de l’enfant aurait été retrouvé privé de son appareil génital, de son nez, de ses yeux et de ses oreilles. Mais le corps ayant été enterré rapidement selon la tradition musulmane, aucune autopsie n’a pu être pratiquée pour confirmer ces mutilations.
Déjà suspectés de l’enlèvement, les deux Européens ont alors subi la furie de la vindicte populaire. Sous la torture, ils auraient fait des aveux avant d’être tués puis jetés au feu.
Quelques heures plus tard, c’était au tour d’un Malgache de subir la même sentence. L’homme serait l’oncle de l’enfant retrouvé mort et était suspecté par les émeutiers d’être le complice des deux Européens dans ce supposé trafic d’organes.
Le Quai d'Orsay recommande aux près de 700 Français présents à Nosy Be de ne pas se déplacer. Selon l’Express de Madagscar, l'école française de l'île temporairement fermée. " Trois SMS de vigilance ont déjà été adressés à nos compatriotes qui se trouvent sur l'île. Par ailleurs, il est recommandé à ceux qui prévoient de s'y rendre de différer leur voyage", a quant à lui indiqué Jérôme Bresson, premier conseiller auprès de l'ambassade France à Madagascar. Par ailleur, un couvre-feu a été décrété dans le district entre 21heures et 4 heures du matin.
Face à ces événements, l'office national du tourisme de Madagascar (ONTM) a tenu à apporter des précisions, ce vendredi en fin d'après-midi. Il assure ainsi qu' "il n'y a pas de connotation xénophobe dans les actes perpétrés par la foule sur les deux victimes européennes des événements de Nosy Be, car il est clairement établi que la troisième victime est un Malgache", ajoutant que "les deux victimes européennes sont connues des locaux depuis plusieurs années et sont présumées être des résidents à Madagascar et non des touristes".
"Dès le jeudi 4 octobre après-midi, les touristes et la population ont pu circuler normalement dans la ville. Les magasins ont réouvert leurs portes et la circulation est revenue à la normale", indique également l'ONTM, soulignant que "les événements du 2 octobre n'ont pas de précédent à Nosy Be et demeurent à ce jour un acte isolé".
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