Chambre d'Agriculture, CGPER et professionnels de la filière bovine montent au créneau pour préserver le cheptel "pays", rudement affecté par les épidémies ces dix dernières années, des risques sanitaires induits par la reprise des importations de bêtes vivantes sur le territoire réunionnais.
La Chambre d’Agriculture, qui annonce avoir "signé avec la CGPER" et "l’ensemble du monde de l’élevage" une motion demandant au préfet de La Réunion "l’arrêt de l’importation de ruminants à La Réunion" - à savoir bovins, ovins et caprins - organise ce mardi 26 mars, à Bourg Murat, une conférence de presse pour expliquer les motivations de cette démarche. En premier lieu, la Chambre met en exergue le risque sanitaire lié à "la volonté de certains de vouloir réintroduire des animaux à l’engraissement", initiative à laquelle est opposé le véto consulaire "le plus absolu". Cette position tranchée est fondée sur la dévastatrice expérience vécue par les éleveurs de la filière bovine, laitière et viande, ces dix dernières années, notamment suite à l’importation, depuis la métropole, de bêtes porteuses de diverses affections, dont la rhinotrachéite infectieuse bovine. En 2006, confrontés à une crise sanitaire sérieuse, nombre d’éleveurs et de professionnels de la filière s’étaient mobilisés au sein de l'ADEFAR (Association de défense des agriculteurs de la Réunion), pour rendre publique la situation économique catastrophique de certaines exploitations laitières, à ce point affectées par les maladies du cheptel qu’elles ne pouvaient plus écouler leur production dans le circuit commercial, sans parler de la surmortalité qui affectait leur cheptel.
Des familles entières en Ă©taient rĂ©duites Ă dĂ©pendre de l’aide du Secours catholique… Scandale aidant, des failles inquiĂ©tantes Ă©taient apparues dans le tableau sanitaire de l’élevage "pĂ©i". Les Ă©leveurs victimes de flambĂ©es Ă©pidĂ©miques inĂ©dites dĂ©nonçaient pĂŞle-mĂŞle des cas de paratuberculose, d'IBR, de fièvre Q, fièvre catarrhale, anĂ©osporose entre autres hĂ©moparasitoses, l’absence de contrĂ´les sanitaires dignes de ce nom Ă l’importation, de prises de sang et de quarantaines scrupuleusement pratiquĂ©es et respectĂ©es. Et comme certaines des affections susdites sont des maladies qui ne figurent pas dans la liste des maladies rĂ©putĂ©es contagieuses dĂ©finie par le code rural, les Ă©leveurs ruinĂ©s Ă©taient mĂŞme privĂ©s de recours lĂ©gal… D’oĂą leur rĂ©volte face Ă ce qu’ils percevaient comme une insupportable injustice. Leur fronde contre la Sicalait et la Sicarevia, stigmatisĂ©es pour ĂŞtre Ă l’origine des importations de bĂŞtes malades – notamment en septembre 2003, d’un bateau de vaches porteuses du virus de la rhino-trachĂ©ite Infectieuse bovine (IBR) - a nĂ©anmoins suscitĂ© une lente rĂ©action de l’Etat, quelques procĂ©dures et contentieux passionnĂ©s et, dĂ©but 2008, la suspension des introductions de ruminants vivants sur le territoire rĂ©unionnais, Ă la demande de la Chambre d'Agriculture et professionnels de la filière.Â
Quelques savants rapports ont tempéré la crise, en relativisant l’impact de la rhino-trachéite Infectieuse bovine (IBR) entre 2003 et 2005, tout en reconnaissant les surmortalités dénoncées par les éleveurs - "la mortalité des vaches de plus de 3 ans a fortement augmenté de 2000 à 2008, passant de 5 % à  10 %, avec un pic à 13 % en 2007" - mais il n’avait jamais été question de remettre en cause la suspension des importations de bêtes sur pieds décidée en 2008. Tout au plus, l’Expertise sur la mortalité des bovins laitiers à la Réunion (avril 2009) préconisait-elle prudemment : " Si l’introduction d’animaux sur pied s’avérait nécessaire pour des questions d’amélioration génétique, il sera nécessaire que ces animaux remplissent les garanties de biosécurité par rapport à l’introduction de maladies sur l’île. Si des plans de lutte contre des maladies non réglementées sont en place les animaux importés ne devraient pas compromettre ces programmes… "
