A 21,99 euros la bouteille, le gaz, produit de première nécessité, atteint un prix record, et impose de reconsidérer la criante absence, à La Réunion, d'un tarif spécial de solidarité, tel que pratiqué en métropole pour les familles bénéficiaires de la CMU complémentaire...
A La Réunion les ménages consommateurs de gaz subiront dès le 1er avril une nouvelle augmentation du gaz – la seconde en un mois – qui amènera le coût de la fameuse bouteille de 12,5 kg au prix record de 21,99 euros. L’abandon, le 28 février dernier, des mesures prises par le Conseil régional et le Conseil général, pour revenir à un prix social du gaz – 15 euros la bouteille - avait déjà provoqué une hausse de 50%, le 1er mars dernier, la bonbonne de butane remontant à 21,93 euros.
Sur huit ans, de mars 2005 à avril 2013, la bouteille de gaz familiale aura donc augmenté de 4,13 euros.
Ce fluide étant considéré à juste titre comme un produit de première nécessité, l’impact psychologique de ces hausses répétées n’est pas anodin. D’autant que pendant de longues années, pour éviter la déforestation et l’usage domestique du charbon de bois, les foyers réunionnais ont été incités à passer au gaz, via le maintien d’un prix social des bouteilles, déconnecté de la réalité des cours du marché. Il est d’ailleurs à noter qu’en métropole, où le prix de la bonbonne est sensiblement plus élevé qu’à La Réunion, les personnes disposant de faibles ressources peuvent bénéficier d’une tarification spéciale pour leur consommation d’électricité… et de gaz. L’accès à ces aides étant conditionné par le bénéfice de la CMU complémentaire. Ainsi, le tarif spécial de solidarité du gaz consiste-t-il en une déduction forfaitaire établie en fonction des usages, de la cuisson à la fourniture eau chaude en passant par chauffage. La déduction consentie est d’ailleurs proportionnelle au nombre de personnes que compte le foyer. Rien de tel à La Réunion, nonobstant quelques initiatives inabouties, à l’instar de la motion pour la mise en place d’un tarif social du gaz adapté aux modes de consommation locaux, votée le 13 mars dernier, par le conseil général, sur proposition des élus du groupe dit des "modérés". Les foyers modestes de La Réunion sont donc en la matière victimes d’une " spécificité ", ou d’une discrimination, dont rien ne saurait justifier la persistance.
Pour demeurer dans la comparaison avec la métropole, si là-bas 40 millions de bouteilles sont consommées par 10 millions de foyers, quand à La Réunion on en utilise tout au plus deux millions par an, les prix sont nettement plus élevés, la bonbonne de 13 kg étant vendue notamment dans les réseaux de stations des enseignes de la grande distribution, tels Carrefour, Auchan ou Leclerc, aux alentours de 27 euros…
Ironie du sort, en métropole, le 1er avril, les tarifs réglementés du gaz de GDF Suez baisseront de 0,6%, pour la troisième fois consécutive. Mais il convient de souligner que ces baisses sont loin de compenser l’augmentation générale des prix qui depuis 2005 a atteint près de 80%…
