Double dutch à La Réunion

Quand la corde Ă  sauter devient art...

  • PubliĂ© le 11 aoĂ»t 2011 Ă  06:00
Mercredi 10 Août 2011

Double Dutch au Port

Alliant agilité et souplesse et se situant à mi-chemin entre l'acrobatie et la danse, le double dutch, discipline qui se pratique avec deux cordes à sauter, était à l'honneur ce mercredi 10 août 2011 à l'occasion d'une démonstration, organisée dans le cadre de la manifestation Semafête, au quartier Titan au Port. Si au fil des ans, la discipline est devenue une activité sportive artistique à part entière au niveau mondial, elle reste encore méconnue à La Réunion.

Mouvements acrobatiques, salto, vrille...Les figures hip hop s'enchaînent sans aucun faux-pas au quartier Titan du Port ce mercredi à l'occasion d'une démonstration de double dutch. Deux "tourneurs" manient avec précision deux cordes en ellipse. Le "sauteur" entre dans la danse et exécute les mouvements... Sous le regard admiratif et curieux des enfants. Le but du double dutch: enchaîner le maximum d'acrobaties sans que les cordes s'arrêtent.

Véritable sport, alliant agilité et souplesse, la discipline s'est implantée sur l'île en 2006 lors de la mise en place par l'Ufolep, fédération sportive multisports, du Baapat (brevet d'aptitude professionnelle d'assistant animateur technicien), option sports urbains. "Un animateur de la fédération française de double dutch proposait une première initiation. C'est comme ça que la discipline a débarqué à La Réunion", raconte Thierry Imbert, représentant départemental de la fédération française de double dutch dans l'île et animateur sportif de la ligue Ufolep. À partir de là, quelques associations seront créées dans l'île.

Selon la fédération française de double-dutch, il est difficile de restituer l'histoire de cette discipline tant de nombreuses versions existent. Ce sport serait né il y a 300 ans dans la ville de New York grâce à des enfants de pionniers hollandais. La discipline se développera en version sportive, dans les années 1970, notamment dans le quartier du Bronx à New-York. Il était pratiqué dans les cours de récréations et dans certaines structures de prévention contre la délinquance. "C'est un sport complètement mixte et intéressant qui touche beaucoup les jeunes des quartiers, parfois sensibles. Il se pratique dès l'âge de 6 ans et on peut apprendre les rudiments en une journée", note le représentant départemental.

Sport d'équipe où synchronisation et coordination entre les "sauteurs" et "tourneurs" (ceux qui manient la corde) sont maîtres mots, le double dutch se veut également bénéfique sur le développement moteur et le travail cardio-musculaire. Outre cet aspect sur le plan physique, selon Thierry Imbert, "la discipline permet aux jeunes, filles et garçons, de mieux s'appréhender et de mieux se connaître au moment de l'adolescence". "Cela leur permet d'avoir également une certaine ouverture d'esprit", souligne-t-il.

Jimmy, 18 ans, pratique le double dutch depuis bientôt quatre ans. Une discipline qu'il a connu lors d'un atelier organisé dans son quartier par l'association Cordaze de La Possession et qu'il ne quittera plus par passion. Sacré troisième au championnat de France junior en 2008, premier au championnat junior de 2009, ou encore vice-champion junior en 2010, le jeune homme s'entraîne trois fois par semaine à raison de deux à trois heures. "C'est beaucoup de travail et surtout un sport d'équipe. Il faut beaucoup d'entente pour que cela fonctionne", confie Jimmy. "Il y a des techniques, des enchaînements où il faut des mois pour les réussir. C'est un travail régulier", explique, pour sa part, Bertrand Sandon, président et animateur de l'association Cordaze.

Si l'organisation du championnat du monde de double dutch en France en 2007 a permis de faire découvrir davantage la discipline au public dans l'hexagone, elle semble encore avoir du mal à s'installer à La Réunion. L'île compterait une trentaine de licenciés, hormis les différents ateliers mis en place dans les établissements scolaires ou quartiers. Pour Bertrand Sandon, la discipline est "encore peu développée". "On essaie de la faire connaître un peu partout. L'activité existe dans beaucoup de quartiers grâce aux animateurs. Mais cela reste purement dans une dimension ludique et non sportive", affirme-t-il.

Le président de l'association Cordaze et le représentant départemental de la fédération regrettent le manque de formation d'animateurs sportifs de double dutch dans l'île. Des animateurs qui sont au nombre de cinq. "Nous sommes peu représentés dans l'Est. Le problème, c'est que nous ne pouvons pas assurer les ateliers faute de disponibilité", souligne Thierry Imbert. À noter qu'en novembre, des jeunes du club C2L du Tampon s'envoleront à Paris afin de participer au championnat du monde.

Au quartier Titan du Port, les figures s'enchaînent, alliant harmonie, rigueur et synchronisation... Pour le plus grand bonheur des marmailles. Quand la corde à sauter devient un art...

Émilie Sorres pour
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