"Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane" : difficile de trouver les mots pour qualifier la une raciste de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute qui suscite un tollé depuis deux jours. Pourtant le vocabulaire existe : immonde, ignoble, insupportable, abject, pour ne pas dire plus. Mais ces mots, on ne les a pas entendus de la bouche des responsables réunionnais, politiques comme associatifs.
Eux pourtant si prompts à s’indigner et à crier à la stigmatisation des populations d’Outre-mer se sont pour la plupart cantonnés au silence. L’indifférence peut être une manière de réagir à ce genre de provocation à la haine. Sauf que ce n’est pas la première attaque raciste dont est victime la ministre de la Justice. Et un nouveau palier a clairement été franchi.
Avant Minute, une candidate du Front national avait déjà osé la comparaison simiesque. Quelques jours plus tard, lors d’une manifestation hostile au mariage pour tous, c’est une petite fille de 11 ans qui lançait à la Garde des Sceaux : "c'est pour qui la banane, c'est pour la guenon".
Si un journal peut se croire permis une telle ignominie, c’est que le racisme jusque-là insidieux ne craint plus de s’afficher au grand jour. Décomplexé, il se diffuse chaque jour un peu plus dans les esprits au sein d’une société française en totale perte de repères.
À travers Christiane Taubira, c’est une idée de la France sur laquelle l’extrême-droite est en train de s’essuyer les pieds. Une France plurielle dont la société réunionnaise – malgré tous ses problèmes –, est une des plus belles illustrations. C’est pourquoi le silence est coupable. Chaque Français et plus encore chaque Réunionnais devrait se sentir blessé dans sa chair par de tels propos, qui plus est revendiqués et assumés.
Les femmes du PCR avaient certes réagi à la suite des premières attaques racistes contre Christiane Taubira, tout comme la section réunionnaise de la Ligue des droits de l’Homme. Mais depuis la parution de Minute, pas un mot, pas une condamnation.
Chez les parlementaires, seule la députée PS Ericka Bareigts s’est fendue d’un communiqué dénonçant "une extrême-droite décomplexée, à la parole libérée", qui "attaque les symboles de notre République". De son côté, la présidente du conseil général et de l’UDI974 Nassimah Dindar s’est vivement indignée sur les réseaux sociaux, notamment sur sa page Facebook : "Ignoble et inadmissible ! Je souhaite que le gouvernement fasse preuve de fermeté et fasse condamner le journal Minute (...) J'adresse tout mon soutien à Christiane Taubira".
A notre connaissance, seules deux élues ont donc publiquement réagi, ce qui fait bien peu pour une île brandissant – à raison –, sa pluralité, sa diversité et son "vivre ensemble" comme un étendard.
Laisser faire, laisser dire, c’est renoncer au combat contre ces idées racistes qui gagnent du terrain. Dans l’Hexagone, de nombreuses voix se sont élevées, SOS Racisme et la Licra (ligue contre le racisme et l’antisémitisme) ont annoncé leur intention de porté plainte pour incitation à la haine raciale. On peut seulement regretter que la vague d’indignation n’ait que très partiellement atteint l’océan Indien.
Guilhem George pour www.ipreunion.com
* Suite à notre article paru à 11 heures ce jeudi, l'UNEF Réunion et le député-maire de Saint-Leu Thierry Robert ont réagi dans un communiqué.

Mais ils sont ou ,mais ils sont ou ,mais ils sont ou .......... les Réunionnais
Christane Taubira en a vu d'autres ;elle répond par le mépris ...
Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester
Je pense que toute réaction à chaud sur ce sujet serait aussi dangereuse que les propos qui ont lancés la polémique : la quasi absence de commentaire de la "France profonde" que ce soit en Métropole ou en Outre mer me semble plutôt un bon signal : Celui des blancs qui les désapprouvent et celui des gens des différentes autres couleurs qui sont confiants dans les principes de la Républiques.
Des lois existent contre ce genre de délits et sont en voie d'application : les sereins par conséquent ont raison.
Chapeau Madame Taubira ! Tchin be raid, pa moli !
Signé : un ancien métro de Guyane