Conseil régional

Sursis de six mois pour le tram-train

  • Publié le 1 décembre 2009 à 17:15

Par 29 voix pour, 2 abstentions et 8 suffrages contre, les conseillers régionaux ont voté ce mardi 1er décembre 2009 le contrat de partenariat public - privé (PPP) pour la construction du tram-train entre Saint-Paul et Sainte-Marie. Un amendement autorisant un délai suspensif de 6 mois aux travaux a été inclut au texte. Ce sursis quant à la réalisation ou non de cet équipement de transport en commun va courir jusqu'au 31 mai 2010. Le temps pour l'État de faire voter, ou non, une loi garantissant à la Région le versement d'une dotation de 80 millions d'euros sur 40 ans, selon les chiffres de la Région, pour l'exploitation et l'entretien du tram-train. "Je ne peux pas croire qu'au 31 mai l'État n'acceptera pas d'abonder l'enveloppe budgétaire allouée au projet" a commenté, en substance Paul Vergès, président du conseil régional.

Cela d'autant, a-t-il ironisé, qu'à cette date un référendum (les élections régionales - ndlr) "aura permis aux Réunionnais de s'exprimer largement en faveur du tram-train".

C'est un courrier envoyé à Paul Vergès par le Premier ministre dans la nuit de lundi à mardi qui est à l'origine "du renversement de la situation" selon l'expression du président de la collectivité régionale.

Au cours de sa visite ce lundi 23 novembre, Marie-Luce Penchard, ministre de l'outremer, avait annoncé le refus de l'État d'engager plus d'argent dans le projet. La Région avait alors menacé de tout abandonner. Depuis, estime le président du conseil régional, la situation a évolué. "François Fillon, n'a pas fermé la porte au versement de la dotation ferroviaire que nous demandions. Il nous dit simplement que l'État ne pourra pas se décider dans un délai aussi court (le contrat de partenariat public-privé (PPP) doit être signé avant le 3 décembre - ndlr). Le Premier ministre dit aussi qu'il faut légiférer en la matière". Disant que la Région a six mois pour contribuer à la préparation d'un projet de loi autorisant le versement de la dotation ferroviaire, Paul Vergès a affirmé "nous allons donc réaliser notre projet de tram-train"

Tôt ce mardi matin, Tram Tiss, le groupement retenu pour la construction du tram-train avait accepté cette suspension de 6 mois.

Après la pause déjeuner et avant le vote, les conseillers régionaux se sont exprimés sur la nécessité ou non d'inclure un amendement suspensif au contrat de PPP. Les débats ont été l'occasion pour Roland Hoarau, conseiller UMP de Saint-Pierre, de dire tout le bien qu'il pense du projet "au risque de choquer (ses) amis politiques". Mais, a-t-il ajouté, un projet représentant autant pour l'avenir économique et environnemental "doit être dépolitisé". Roland Hoarau a donc annoncé son intention de voter en faveur du contrat de PPP. Il a souligné parler en son nom, en celui de MIchel Fontaine, maire de Saint-Pierre et président de l'ULP locale ainsi qu'en celui d'un certain nombre d'élus du Sud.

À l'inverse de cette position, Paulet Payet (UMP) n'hésite pas à lancer "Monsieur le président, vous venez d'essuyer l'échec le plus cuisant de votre carrière, plus cuisant même que celui infligé à l'époque par Michel Debré. François Fillon vous a dit non et pas oui comme vous tentez de le faire croire". L'intervention a eu le mérite de déclencher l'hilarité de l'assemblée. Margie Sudre (UMP) pense, elle aussi, que le Premier ministre a, de fait, refusé d'augmenter l'enveloppe financière. Elle demande à Paul Vergès de "ne pas ruiner la collectivité". Le groupe UMP, à l'exception de Roland Hoarau, vote donc contre le PPP.

En face, Michel Vergoz, chef de file du groupe socialiste, a réaffirmé le soutien de son parti au projet tram-train. Il dit aussi qu'il "ne faut pas compter sur les socialistes pour mettre la majorité régionale en difficulté avant les élections et pour salir le tram-train". Mais, tempère-t-il "je ne crois pas aux promesses de Nicolas Sarkozy, je ne crois donc pas au versement de la dotation ferroviaire. Il nous faut préparer dès maintenant une solution alternative pour le cas où le projet ne pourrait se réaliser faute de crédit". En attendant, Michel Vergoz a annoncé que son groupe s'abstiendrait "positivement" pour dire sa défiance vis à vis des promesses du gouvernement. Différents conseillers régionaux de la majorité ont ensuite pris la parole pour plaider en faveur du projet. Pour dire aussi qu'il ne faut pas opposer le projet de tram-train et de construction de nouvelle route du littoral. "Les deux dossiers sont complémentaires et leur financement sont garantis par le protocole de Matignon" selon la remarque de Philippe Berne, vice-président de la collectivité.

Le contrat de PPP a finalement été adopté par 32 voix.

Le coût global du projet est estimé à 1,5 milliard d'euros. Pour le moment l'État s'est engagé à verser 435 millions d'euros.

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