Escale de "La Boudeuse" au Port

Un bateau nommé légende

  • Publié le 1 décembre 2006 à 00:00

"La Boudeuse" a accosté au Port ce vendredi 1er décembre 2006. Après 29 mois de mer, le fameux bateau à voiles à besoin de se requinquer. Comme son équipage qui a rencontrer les "peuples de l'eau" entre l'Amazonie et le sud est asiatique. Après une escale de six semaines, elle mettra le cap sur les côtes africaines.

Les douze marins hissent, poussent, crient, lâchent et tirent encore. Quatre mètres à bâbord, un à tribord... Il est 15 heures ce vendredi 1er décembre et la Boudeuse arrive enfin à entrer dans le Port de la Réunion. "L'accostage est difficile chez vous!" dit un des marins. Ils ont dû s'y reprendre à deux fois mais il sont bien là. À bord, la marinière est de rigueur, "comme une équipe de foot" dit le capitaine, et les regards sont rendus transparents par les flots. L'équipage est rôdé par les nombreux mois passés ensemble les haussements de voix ne servent qu'à masquer les bruits. Ils semblent ne faire qu'un seul homme. C'est peut-être cette philosophie partagée qui les a poussée à partir et qui les maintient ensemble, sans heurts.
Certains ont été débarqués : ce laboratoire humain ne supporte pas l'approximation des relations. D'autres se sont mariés : "on a perdu des lieutenants"... Sur le quai, des anciens de l'aventure sont là. Un sourire indéfectible sur le visage, comme s'ils y étaient encore. Ou qu'ils rêvaient de repartir. L'aventure a commencé un certain mois de juin 2004 à Bastia et devrait se terminer au même endroit l'été prochain. En tout, ils auront passé trois ans "à la rencontre des peuples de l'eau".
Menée par un personnage hors du commun, Patrice Fransechi, l'équipe se rend dans les endroits les plus reculés de la planête pour échanger avec des populations isolées et qui vivent en relation permanente avec l'eau. "Ce qui nous intéresse, ce sont les ressemblances, pas les différences. Nous avons un regard inversé par rapport à celui de l'ethnologue", explique le capitaine Patrice Fransechi. Ils s'arrêtent donc le long des côtes, dans les îles ou sur les rives des fleuves du monde.

Cap sur l'Afrique

Leurs pérégrinations les ont déjà emmenés le long de l'Amazone, à l'île de Pâque, dans les îles polynésiennes puis australes ou encore vers la Birmanie à la rencontre des Mokens ou des nomades de la mer du côté de l'Indonésie. En tout, ils passeront par douze étapes à la rencontre de ces populations sur lesquelles ils réalisent des films et écrivent des livres.
Mais "pour n'importe quel navire, c'est un défi permanent", explique Patrice Fransechi. C'est pourquoi l'équipage s'arrête quand il le peut, dans les DOM. A la Réunion, la Boudeuse restera six semaines pour réparer les "petites bricoles" et préparer la suite du voyage.
En Afrique, les ports ne sont pas forcément suffisamment équipés. Pendant l'escale réunionnaises, les marins en profiteront pour se reposer mais aussi travailler sur le bateau. À cette occasion, des visites organisées pourront être envisagées. L'heure est aussi à la rotation des équipages. Pour ceux qui sont tentés, toutes les candidatures locales des marins motivés sont "examinées avec soins". Au mois de janvier, le fameux trois mâts repartira vers les côtes malgaches avant de passer le cap de Bonne Espérance et s'orienter vers le sud du Congo à la rencontre des "danseurs de Die " puis des "frères du dauphin" de Mauritanie.
Une équipée fantastique qui fait rêver à travers le monde et diffuse une philosophie de partage. La Caisse d'Epargne finance en partie ce projet qui n'a ni budget ni programme fixe. La liberté touchée à pleines mains.
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