Recrudescence des attaques de requins

Huguette Bello écrit à Nicolas Sarkozy

  • Publié le 8 octobre 2011 à 05:00

Face aux attaques récurrentes de requins dans les eaux réunionnaises, Huguette Bello, la députée-maire de Saint-Paul, a adressé un courrier au président français Nicolas Sarkozy, faisant état des difficultés économiques que rencontrent le tourisme et les commerces de l'Ouest, et appelle à la solidarité nationale pour approfondir les connaissances sur le milieu océanique et pour éviter de tomber dans une crise semblable à celle du chikungunya.

Ci-dessous la lettre :

"Monsieur le Président de la République,

Depuis le début de l'année 2011, La Réunion a subi cinq attaques de requins dont deux mortelles au niveau du littoral de la commune de Saint-Paul. En raison de son caractère inhabituel, la dernière attaque, qui a eu lieu cette semaine, suscite beaucoup d'interrogations au sein de la communauté scientifique.

Ces drames ont endeuillé des familles et durement touché les proches des victimes. La recrudescence des attaques provoque une profonde émotion chez les usagers de la mer et inquiète l'ensemble de la population réunionnaise. Elle n'est pas non plus sans conséquence pour le tourisme.

Face à cette situation, et en liaison constante avec les autorités locales, nous avons entamé un travail approfondi qui s'articule autour de trois axes :
- études et connaissances scientifiques,
- information et prévention auprès des usagers,
- alerte et gestion opérationnelle.

Les études scientifiques vont être lancées ces jours-ci au niveau local afin d'identifier les causes qui sont à l'origine de ces attaques. Il nous semble indispensable, dans cette phase, de pouvoir bénéficier des compétences des experts internationaux reconnus dans ce domaine.

Naturellement, ces attaques répétées ne sont pas sans incidence sur les activités économiques de la station balnéaire. Les commerces situés à proximité souffrent d'un important déficit de clientèle et rencontrent d'ores et déjà de graves difficultés.

Qu'il s'agisse des entreprises de loisirs touristiques (dont certaines ont déjà mis la clé sous la porte), des commerçants ou encore des restaurateurs et des hôteliers, c'est l'ensemble du tissu économique de la zone balnéaire qui est frappé. Les marins-pêcheurs craignent également de subir durement les effets de cette situation.

Il est urgent d'aider le secteur touristique à faire face à cette crise en adoptant rapidement des mesures de soutien spécifiques. En liaison avec la Chambre de commerce et de l'industrie, nous sommes en train de réaliser différentes actions susceptibles de contrebalancer les effets de cette crise. Mais le précédent du chikungunya, si dévastateur pour l'économie locale, nous rappelle qu'il faut agir fortement, et dès maintenant, si l'on veut éviter une dégradation irrémédiable du tissu économique.

Identifier les solutions visant à sécuriser, de manière optimale, les zones de baignade et accompagner les acteurs économiques pour les aider à surmonter cette épreuve, tel est le double objectif que nous poursuivons simultanément en liaison constante avec les autorités locales.

Je tiens à saluer la grande implication de Monsieur le Préfet de La Réunion ainsi que celle de ses collaborateurs dans la gestion, à nos côtés, de ce dossier complexe.

Nous faisons face, de toutes nos forces, à cette situation inédite et dramatique. Mais, pour disposer rapidement de la meilleure expertise scientifique internationale et éviter un effondrement de l'économie locale, il nous paraît indispensable que la solidarité nationale puisse aussi s'exercer.

La France est la deuxième puissance maritime mondiale. Son implication pour une étude toujours plus poussée des océans est reconnue. Nous souhaitons que cette crise soit l'occasion d'approfondir ses connaissances sur le milieu océanique.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l'expression de ma très haute considération".

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