Commercialisation des squales - Selon l'Agence France Presse

"Les Réunionnais ne veulent pas du requin mangeur d'hommes"

  • PubliĂ© le 10 aoĂ»t 2012 Ă  10:45
"Les Réunionnais ne veulent pas du requin mangeur d'hommes"

La prĂ©fecture a annoncĂ© le lundi 6 aoĂ»t le prĂ©lĂšvement de 20 requins (bouledogues et tigres) Ă  visĂ©e scientifique. L'objectif Ă©tant d'analyser leur toxicitĂ© en vue de leur commercialisation. Toutefois, cette pĂȘche serait finalement peu intĂ©ressante pour les pĂȘcheurs, les RĂ©unionnais n'Ă©tant pas de gros consommateurs de requins. Ils "ne veulent pas du requin mangeur d'hommes", dit l'AFP (agence France-Presse). Sur l'Ăźle, seules trois espĂšces sont autorisĂ©es Ă  la vente selon l'arrĂȘtĂ© du 24 dĂ©cembre 2009 : les requins Ă  peau bleu, les pointes blanches du large et le mako. Pourtant, ce dernier est en voie de disparition et placĂ© par WWF dans le top 10 des espĂšces les plus menacĂ©es.

"En dehors de quelques vieux pĂȘcheurs, les RĂ©unionnais ne mangent pas de requin et donc n'en achĂštent pas", dĂ©clare Johnny Nicole, un poissonnier de Saint-Pierre, dans un article de l'AFP publiĂ© ce mercredi 8 aoĂ»t 2012. Ce dernier y affirme aussi ne vendre que du mako, l'une des trois espĂšces de requin autorisĂ©es Ă  la vente Ă  La RĂ©union, mais classĂ©e dans le top 10 des espĂšces les plus menacĂ©es par WWF.

Chamima Asvat, gérante d'une poissonnerie à Saint-Denis, également interrogée par l'AFP, elle, affirme que "seuls quelques anciens apprécient le requin". "Ils ne jurent que par le mako dont ils aiment la chair ferme comme de la viande", dit-elle, avant de préciser qu'il "est excellent cuisiné avec du massalé". Toutefois, ses clients préfÚrent généralement acheter du thon ou de l'espadon, pourtant deux fois plus chers, note l'AFP.

Quant aux requins bouledogues et tigres, de nombreux poissonniers estiment qu'ils ne rencontreront pas un grand succĂšs dans les assiettes des RĂ©unionnais, "en raison de leur rĂ©putation de tueur", souligne l'AFP. Jean-RenĂ© Enilorac, prĂ©sident du comitĂ© des pĂȘches de La RĂ©union, reconnaĂźt par ailleurs que la chair du bouledogue "n'attire pas beaucoup les consommateurs" et que l'animal ne "vaut pas la peine d'ĂȘtre pĂȘchĂ© sans subvention", en raison d'un prix trĂšs bas Ă  1 ou 2 euros le kilo, poursuit l'AFP.

De plus, le requin bouledogue et le requin tigre sont interdits à la commercialisation puisqu'ils sont vecteurs potentiels de ciguatera, sévÚre intoxication alimentaire due à la présence possible dans la chair du requin de l'une des plus puissantes toxines marines connues.

C'est pourquoi la prĂ©fecture a dĂ©cidĂ© d'organiser des opĂ©rations de pĂȘche dans un volume limitĂ©. Il s'agira de pĂȘcher une dizaine de requins bouledogues, et une dizaine de requins tigres afin d'Ă©carter le risque ciguatera, en vue de leur commercialisation. C'est l'Arvam (agence pour la recherche et la valorisation marines) qui sera chargĂ©e d'analyser les prises.

Selon l'AFP, la seule étude sur la ciguatera date de plus de dix ans et avait montré qu'elle était responsable de 77% des intoxications d'origine marine entre 1986 et 2001.
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