Alors que le mois sans tabac approche, les autorités sanitaires se félicitent de la baisse constante du tabagisme en France. Mais si le tabagisme est en forte baisse, notamment chez les jeunes, l'usage de la cigarette électronique et des puffs augmente petit à petit. Une pratique qui alarme les autorités sanitaires, et qui s'infiltrent jusque dans les salles de classes. La Réunion n'échappe pas au phénomène (Photo d'illustration
D'après l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, relayant une étude de ESPAD (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs), 38 % des adolescents de 16 ans déclaraient avoir déjà fait usage d'une cigarette électronique en 2024. L’usage dans le mois précédant l’enquête concernait 16 % des jeunes, et près de 6 % en vapotaient chaque jour.
Au contraire, l’expérimentation du tabac et le tabagisme quotidien connaissent une chute sans précédent. En 2024, un cinquième seulement des jeunes de 16 ans (20 %) déclarent avoir déjà fumé une cigarette au cours de leur vie. Alors qu’en 2015, environ 16 % des jeunes Français de 16 ans fumaient chaque jour, ils ne sont plus que 3,1 % en 2024.
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- Usage mondial de la cigarette électronique: des chiffres "alarmants" -
Si les spécialistes semblent s'accorder sur le "moindre mal" de la e-cigarette face au tabac, l'Organisation mondiale de la santé a tout de même alerté début octobre sur la dépendance à la nicotine chez les jeunes, alors qu'au moins 15 millions de jeunes dans le monde, âgés de 13 à 15 ans, utilisent ces e-cigarettes.
"Les chiffres sont alarmants", a souligné l'organisation, qui pour la première fois a estimé l'usage mondial de la cigarette électronique à plus de 100 millions de vapoteurs, principalement dans les pays à revenu élevé.
Le phénomène n'exclut pas La Réunion. Dernièrement, la principale d'un collège dionysien a d'ailleurs dû interpeller les parents d'élève pour leur demander de " vérifier chaque matin le contenu du sac de (leur) enfant", alors que des jeunes avaient vapoté en salle de classe.
Et la consommation de puff, des cigarettes électroniques jetables, reste toujours aussi populaire malgré son interdiction.
En effet, si ces e-cigarettes au packaging attrayant et aux arômes divers et variés ont été interdites à la vente depuis février 2025, elles restent toujours aussi prisées et très faciles d'accès pour les plus jeunes.
- "Mon fils achetait des puffs via Snapchat" -
Les entreprises se sont tout simplement réinvitées, en proposant des produits rechargeables, contournant de fait l'interdiction qui s'en prenait à l'aspect écologique du produit jetable. La version jetable est par ailleurs toujours présente, malgré son interdiction.
Et si ces produits sont censés être interdits à la vente pour les mineurs, il est plus que facile de s'en procurer.
"J'ai découvert que mon fils achetait des puffs via Snapchat. Il y a des dizaines de compte qui en proposent", nous confie une mère de famille. Certains vendeurs allant même jusqu'à livrer les commandes des consommateurs.
"On surprend très régulièrement nos jeunes, parfois âgés de 12 ans, entrain de vapoter dans la cour de récréation", affirme par ailleurs une agente éducative de l'est. "On confisque, on interpelle les parents, mais le phénomène est devenu préoccupant."
Une transformation du marché que le Comité national contre le tabagisme (CNCT) avait vu venir. En février, il alertait sur des "contournements déjà anticipés par les fabricants qui continuent à mettre sur le marché des cigarettes électroniques ciblant les jeunes par la multiplicité de leurs arômes et qui demeurent jetables à l’issue d’un nombre très limité de recharge".
Une durée de vie qui pousse les jeunes à racheter régulièrement une nouvelle vapoteuse, alimentant donc sans cesse le marché.
- Le vapotage chez les jeunes est "un risque élevé de développer une dépendance à la nicotine" –
Pour l'Assurance maladie, l'un des principaux dangers du vapotage chez les jeunes "est le risque élevé de développer une dépendance à la nicotine".
"Les adolescents sont particulièrement vulnérables aux effets de cette substance. Cette dépendance peut se développer rapidement, surtout avec les dispositifs récents (vapoteuses) qui peuvent contenir des concentrations élevées de nicotine", indique-t-elle.
La nicotine "peut avoir des effets néfastes sur le cerveau en développement des adolescents", souligne l'Assurance Maladie. "Elle peut perturber l'attention, l'apprentissage et la sensibilité à la dépendance. Ces effets peuvent avoir des conséquences à long terme sur les capacités cognitives des jeunes", affirme-t-elle.
Le vapotage "peut entraîner des irritations des voies respiratoires et augmenter le risque de développer des maladies pulmonaires aiguës". "À long terme, il pourrait également accroître les risques d'asthme et d'autres affections respiratoires chroniques", estime-t-elle par ailleurs.
Si elle alerte sur les risques potentiels de "passerelle" entre vapoteuse et tabagisme, tous les spécialistes ne sont pas nécessairement d'accord avec cette analyse, certains estimant que la baisse constante du tabagisme malgré l'implantation des e-cigarettes prouve au contraire que ces dernières participent à la diminution de la consommation de cigarettes classiques.
Alors que le gouvernement souhaite augmenter les taxes sur les liquides, et interdire à termes les arômes des liquides, la question se pose désormais pour ce dernier : "l’interdiction de ces arômes dans certains états US à conduit à la baisse consommation de vape, mais l'augmentation des ventes cigarettes" note-t-il.
- "Le vapotage n'est pas sans risque, mais il est préférable au tabagisme" -
"Si une étude bénéfice/risque montrait sur un des arômes un risque supérieur au bénéfice, il faudrait éliminer ce produit, mais actuellement l’argumentaire est que ces aromes rendent la vape agréable et que "ce n’est pas bien". Je suis en désaccord complet, car c’est parce qu’elle est agréable qu’elle est plus efficace, car mieux utilisée", estime-t-il. "Le jour où il n’y aura plus de fumeur, je ne défendrais plus la vape", lance-t-il.
A La Réunion, l'addictologue Dr David Mété rappelle par ailleurs que "la cigarette électronique est un outil reconnu de réduction des risques (RDR) et d’aide au sevrage tabagique". "Cela ne signifie pas que le vapotage est sans risque, mais il est indéniable qu’il est préférable au tabagisme", précisait l’addictologue en janvier dernier, quand la Région Réunion avait décidé d'augmenter l'octroi de mer sur les produits de vapotage.
L'OMS et les divers gouvernements sont en tout cas en bataille ouverte contre ces produits. Les sachets, billes et gommes de nicotine, produits qui ciblent particulièrement les jeunes, seront par exemple interdits en France à partir de mars 2026, en vertu d’un décret paru le 6 septembre au Journal officiel.
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Les comportements addictifs ont des points communs : il s’agit de situations dans lesquelles un individu a une consommation, avec une perte de contrôle, et ayant des conséquences néfastes sur sa santé et sa vie quotidienne, sans qu’il ne réussisse pour autant à stopper ce comportement.
Il est surtout important de prévenir, et donc d’informer et de comprendre les processus en jeu dans l’addiction. Par quels mécanismes une dépendance se met-elle en place, facteurs de risque, environnement.
Il faut comprendre de quelle façon celle-ci s’insinue. Le cerveau : la prise de drogue, d’alcool, sucre … les écrans ou encore à jouer à des jeux d’argent, le taux de dopamine augmente par divers biais et le système de récompense est stimulé. Recherchant à nouveau le plaisir procuré par la substance ou le comportement, le cerveau va vouloir répéter la consommation. Problème : au fur et à mesure de l’usage, il s’habitue aux effets et a besoin d’une dose plus importante pour retrouver le plaisir initial. C’est alors que la dépendance s’installe.
De nombreuses études ont mis à jour l’importance des gènes dans le développement d’un comportement addictif.
Chaque personne est différente : caractère, propension à prendre des risques, peur du danger, anxiété, confiance en soi, etc. Et tout cela influe sur le risque de devenir dépendant. C’est notamment le cas des personnes qui sont en recherche de sensations fortes, qui sont très anxieuses, qui sont dépressives ou qui sont impulsives.
Les fragilités de chacun, mauvaise estime de soi…, il existe des troubles qui favorisent le développement de comportements addictifs : les TOC, les dysfonctionnements du comportement alimentaire, le trouble anxieux…
Les addictions peuvent révéler la présence de troubles psychiques.
L’importance de l’environnement dans le développement d’une pratique addictive.
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Arrêté du 7 août 2025 modifiant l’arrêté du 28 juin 2024 et fixant la liste des bénéficiaires
et des montants alloués par le fonds de lutte contre les addictions au titre de l’année 2024
NOR : TSSS2523580A
Décret du 10 octobre 2025 portant délégation de signature (mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives
NOR : PRMX2528560D
L’état condamne le tabac et tout le reste et gagne de l’argent dessus ou est la logique
Quid de l'autorité des parents ?