Chaleur : dans l'Hexagone on ferme les écoles, à La Réunion on sue en attendant d'aménager les classes

  • Publié le 20 août 2025 à 05:37
  • Actualisé le 20 août 2025 à 06:23
école primaire

En Hexagone, trois jours de canicule suffisent à fermer près de 200 écoles. À La Réunion, où la chaleur peut être intense, on continue de transpirer en classe… en attendant d'adapter les bâtis scolaires. Entre aménagements locaux et stratégies de résilience, les collectivités font leur part, mais réclament un soutien de l’État. (Photo rb/www.imazpress.com)

En juin dernier, des écoles ont été contraintes de fermer, face à une canicule qui a touché 84 départements de l'Hexagone, avec des températures oscillant entre 34 °C et 40 °C. La ministre de l'éducation avait alors défendu une "gestion au cas par cas, avec les recteurs et préfets", écartant l'idée d'avancer les vacances scolaires, écrit Le Monde

En visite à La Réunion, Élisabeth Borne, a salué l’engagement des collectivités : "Les communes, le Département et la Région sont très impliqués pour offrir le meilleur confort possible aux élèves. Ce travail va se poursuivre". Écoutez.

Mais dans l'île, la réalité est toute autre : ici, pas de fermeture ponctuelle. Les élèves et enseignants subissent la chaleur une bonne partie de l'année et doivent s'adapter. Une chaleur constante, parfois écrasante, qui altère la concentration des marmailles et pose la question d’une véritable stratégie d’adaptation du bâti scolaire.
 

- Des communes qui verdissent et équipent -

Sans attendre, les collectivités locales ont pris les devants. À Saint-Denis, la maire, Ericka Bareigts, décrit un bâti scolaire hérité des années 70, pensé "comme si on vivait l'hiver en Bretagne". Pour compenser, la ville investit chaque année près de 2 millions dans le confort thermique : 3.000 arbres plantés, des pergolas, préaux et toiles d'ombrage installées et 700 classes progressivement équipées de brasseurs d'air. "On enlève du béton pour ramener du vert et de l'ombre", insiste la maire. Écoutez.

À Saint-Louis, Juliana M'Doihoma a fait sa rentrée des classes à l'école Noé Fougeroux, dans le quartier de la Palissade. Elle a également lancé un plan d'urgence après l'été dernier.

"Cinq premières écoles sont déjà équipées en brasseurs d'air silencieux et d'ici la rentrée, les 33 établissements de la commune le seront", précise la maire sudiste. Un projet de réaménagement complet dans le cadre de l'adaptation aux changements climatiques est aussi prévu à l’école de Plateau Goyave.

"Plutôt que de fermer les écoles, le rôle des institutions est de trouver des solutions pérennes. Nous devons travailler en concertation et aménager les classes pour permettre un confort des élèves et des personnels. L’État doit venir en soutien", martèle-t-elle.

Au Port, le maire Olivier Hoarau a lancé une stratégie de résilience climatique en trois volets : confort thermique, avec comme objectif 100 % des écoles équipées de brasseurs d’air d’ici 2028, performance énergétique, grâce au remplacement des éclairages par des LED et protection des bâtiments, en passant par l'isolation des toitures et la végétalisation des cours.

Des mesures qui s’ajoutent aux adaptations pédagogiques déjà mises en place par les enseignants (hydratation régulière, activités réduites en extérieur, ventilation naturelle).

- Le Département et la Région espèrent un soutien de l'État -

Le Département, en charge des collèges, mise de son côté sur l'installation de brasseurs d’air, l'amélioration de l’aération naturelle des salles de classe ou encore la pose de voiles d'ombrages et de résine de couleur pour limiter la réverbération sur les plateaux sportifs, afin d'améliorer les conditions de travail et du confort thermique.

La Région, responsable des lycées, équipe progressivement ses établissements en brasseurs d’air et réfléchit à la climatisation, tout en alertant sur les coûts de maintenance que cela peut représenter.

"Il est hors de question de détruire des bâtiments de 50 ou 70 ans, mais il faut les adapter", souligne Céline Sitouze, vice-présidente chargée de l’éducation. "Ce qui est important, c'est que l'État puisse accompagner les collectivités afin de mettre à niveau les bâtis scolaires.

- Les syndicats exigent des solutions -

De leur côté, les syndicats demandent la mise en place d'un protocle permettant aux établissements de fermer et s'organiser.

"En Guadeloupe par exemple, il existe un dispositif permettant de moduler l’accueil des élèves selon la température. En cas de forte chaleur, les élèves peuvent être accueillis le matin uniquement. Ici rien n'est prévu", regrette Gladys Robert, secrétaire générale du Saiper.

Il faut évidemment que l'État donne davantage de moyens aux collectivités pour l'aménagement et la remise aux normes de bâtis afin de faire face aux changements climatiques".

Lire aussi - Visite d'Elisabeth Borne, le SNUTER FSU manifeste devant le rectorat

- Deux poids, deux mesures -

Alors qu'en Hexagone il a été décidé de fermer les écoles face à trois jours de canicule, La Réunion compose tant bien que mal avec une chaleur de plus en plus insupportable.

Pour Serge Hoarau, président de l’Association des maires, la fermeture n’est pas une option : "Cela nécessiterai une logistique trop importante pour les collectivités qui manquent déjà de moyens. La vraie solution, c’est un plan massif de réhabilitation des écoles : moins de béton, plus de végétalisation, et des protections thermiques".

Si le climat n’est pas le même entre les territoires, les moyens non plus. Mais l’enjeu reste identique : garantir à chaque élève le droit d’apprendre dans des conditions dignes. Pour se faire, les collectivités locales s'efforcent de réinventer le bâti scolaire... et attendent une stratégie nationale à la hauteur du défi climatique.

vg/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com 

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7 Commentaires
Arrêtez de pleurer
Arrêtez de pleurer
1 mois

Savez-vous que dans l'Hexagone, les collectivités ont d'abord adapté le bâti scolaire aux conditions automnales et hivernales et que malgré cela, elles font face à de grosses dépenses de chauffage durant au moins 6 mois sur 10 du temps scolaire. Pour autant, jouent-elles les pleureuses auprès de l'état ?
Le pendant ici c'est la chaleur, alors aux collectivités de jouet leur rôle....ce qu'elles auraient dû faire depuis des lustres !
Vous ne connaissez pas les dépenses de chauffage (sauf quelques écoles collèges ou lycées dans les Hauts) alors assumez les dépenses de climatisation.

gesticulation
gesticulation
1 mois

mais pourquoi recevoir ces politiques gentiment ,il manque des vrais politique à la réunion et des vrais syndicaliste on va voir le 10 septembre comment se comporte le peuple réunionnais

Marc
Marc
1 mois

Et à Bagatelle (Sainte Suzanne), que dalle contre les grosses chaleurs.
Les gosses, du CE2 au CM2, n'ont pas un pouce d'ombre contre le soleil qui tape sur le goudron de la cour, pas plus qu'ils n'ont un pouce d'abri contre la pluie lors des récréations ou de la pause méridienne.
On espérait que des voilages seraient installés pendant les grandes vacances scolaires. Vain espoir.

Hiver austral parfait pour bosser
Hiver austral parfait pour bosser
1 mois

Ah d'accord, vous voulez fermer aussi quand il fait trop chaud à la Réunion. Parce que pour certains, forte chaleur ici = canicule là-bas, alors que non pas du tout. La canicule c'est une montée de chaleur de plusieurs degrés du jour au lendemain. Ca n'a rien à voir avec l'été austral où les températures n'excèdent jamais 35 degrés et ne redescendent pas de 10 degrés la nuit. Pourquoi pas fermer mais en contrepartie pour commencer on va faire sauter un gros mois de vacances en hiver austral, vous en pensez quoi ? Pourquoi pas un mois et demi pour plus de confort ? Faudrait se rappeler que la métropole n'a pas un mois de vacances entre décembre et janvier. Faudrait peut-être aligner les mots et les intentions. Le but c'est de s'adapter aux températures supportables ou juste travailler le moins possible ? Les profs en lycée technique c'est depuis que les élèves vont en en stages d'avril mai qu'ils n'ont plus cours. Personne n'en parle. Arrêtez avec le climat, c'est pas ça votre combat.

Pierrot 974
Pierrot 974
1 mois

Une autre idée, tiens !
L'été il fait frais la nuit, donc faisons travailler les gamins la nuit ?
On comprend très bien que vous traitez les enseignants de fainéants. Essayez donc de les remplacer une seule journée en décembre, histoire de savoir de quoi vous parlez.

Hiver austral
Hiver austral
1 mois

MDR la menace ! Vous croyez vraiment que c’est le boulot le plus dur du monde ? Sortez plutôt de votre bulle. Il se trouve que j’en ai connus des profs et ils ne chialent pas sur leurs conditions de travail surtout à la Réunion ils sont bien conscients que les élèves ne sont pas ceux des banlieues parisiennes et ils le disent eux-mêmes. Et puis on parle de qui quand on dit prof vous qui connaissez bien ? Les profs dans les établissements privés ils ont la vie dure ? Les fins de carrière qui restent sagement dans leur coin ils ont la vie dure ?
Sur ce, mon commentaire portait sur la réduction des vacances de l’hiver austral pour équilibrer les jours de fermeture d’été (vacances, cyclones et maintenant fortes chaleurs). Dommage qu’on n’entende personne sur ce sujet.

Pierrot 974
Pierrot 974
1 mois

On vous entend, vous, et c'est très largement suffisant, croyez-le bien !