Madagascar : Rajoelina confirme avoir quitté le pays et écarte toute démission, Macron exprime sa "grande préoccupation" sur la situation

  • Publié le 14 octobre 2025 à 06:18
  • Actualisé le 14 octobre 2025 à 06:28
Affrontements entre manifestants et forces de sécurité à Antananarivo, le 11 octobre 2025 à Madagascar

Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté ce lundi soir 13 octobre 2025 toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce week-end des militaires à la contestation qui agite le pays. Il a confirmé avoir quitté le pays après une "tentative de meurtre". Imaz Press annonçait dès lundi matin que le président malgache s'était rendu à La Réunion avec sa famille, pour une courte escale, dimanche en fin de journée à bord d'un Casa, un avion de l'armée de l'air française. Andry Rajoelina a appelé au "respect de la Constitution". Emmanuel Macron a exprimé sa "grande préoccupation" sur la situation dans la Grand Ile.

Andry Rajoelina n'a pas révélé où il se trouvait, précisant qu'il était en "lieu sûr" et se disant victime d'une "tentative d'assassinat". Sa prise de parole a été reportée à deux reprises, en raison de l’arrivée d’un "groupe de soldats armés" au siège de la télévision publique, selon la présidence. 

Les soldats venus tenter d’empêcher la diffusion de l’allocution appartenaient au Capsat, a appris l’AFP auprès d’un témoin. Il s’agit de l’unité militaire ayant lancé la mutinerie en annonçant samedi "refuser de tirer sur les manifestants" avant de leur ouvrir la route vers le centre de la capitale malgache, qui était barrée par des gendarmes.

Le nouveau chef d’état-major désigné ce week-end par des officiers de cette unité, le général Démosthène Pikulas, s’est rendu devant la télévision publique malgache TVM lundi pour "intervenir, régler le conflit et assumer ses responsabilités", a affirmé la présidence malgache sur Facebook.

- Macron ne confirme pas l'exfiltration de Rojoelina par la France -

Dès lundi matin, Imaz Press annonçait que plusieurs sources concordantes indiquent que le président malgache s'est rendu à La Réunion avec sa famille, pour une courte escale, dimanche en fin de journée à bord d'un Casa, un avion de l'armée de l'air française.

"Je ne confirme rien aujourd’hui", a déclaré Emmanuel Macron interrogé par la presse depuis Charm el-Cheikh en Egypte, en marge d’un sommet sur l’accord de paix à Gaza.

"Je veux ici dire la grande préoccupation qui est la nôtre, dire l’amitié de la France à l’égard du peuple malgache(...) Je pense qu’il est très important que l’ordre constitutionnel, la continuité institutionnelle soient préservés à Madagascar parce qu’il en va de la stabilité du pays et des intérêts de la population", a ajouté le chef de l’État français.

"On regarde la jeunesse de ces pays avec beaucoup d’admiration, d’affection. On a une jeunesse qui s’est exprimée, qui est politisée, qui veut vivre mieux (...) il ne faut simplement pas qu’elle soit récupérée par des factions militaires ou des ingérences étrangères", a poursuivi Emmanuel Macron.

Lire aussi : Madagascar : Andry Rajoelina appelle à une "entente" pour sortir de cette crise

- Les manifestations continuent à Madagascar -

Des milliers de manifestants sont descendus lundi dans les rues d’Antananarivo où ils ont affiché des scènes de joie avec des militaires et leur espoir d’une démission du président malgache Andry Rajoelina, dont l’allocution lundi depuis un lieu inconnu a été reportée plusieurs fois.

Durant le week-end, Andry Rajoelina avait dénoncé dans un communiqué "une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la constitution et aux principes démocratiques, (qui) est actuellement en cours sur le territoire national", ajoutant que "le dialogue est la seule voie à suivre et la seule solution à la crise".

Des remises de peine ont été accordées lundi par décret présidentiel à une série de personnes, dont le Franco-Malgache Paul Maillot Rafanoharana, emprisonné depuis 2021 pour tentative de coup d’État et point de crispation entre les deux pays.

Élu en 2018, puis réélu en 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, Andry Rajoelina devait s’adresser à la nation à 19H00 (16H00 GMT) mais il a finalement pris la parole à 23h30 après l’arrivée d’un "groupe de soldats armés" au siège de la télévision publique TVM.

Ce week-end, une unité militaire, le Capsat, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d’État en 2009 d’Andry Rajoelina, à la suite déjà d’une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants, avant de rejoindre ces derniers dans le centre de la capitale. Ce sont des soldats de cette unité qui ont fait irruption à TVM pour tenter d’empêcher la diffusion de l’allocution, a appris l’AFP auprès d’un témoin.

- La Gen Z ne veut "plus de dinosaures" -

"C'est tout bizarre, vu qu'on était habitués à toujours être pourchassés et bombardés par des gaz lacrymogènes", témoigne auprès de l'AFP Finaritra Manitra Andrianamelasoa, un étudiant en droit de 24 ans parmi les milliers de manifestants ayant rejoint lundi la place du 13-mai dans une ambiance de fête, devant l'hôtel de ville d'Antananarivo. 

Marchant au rythme d’une fanfare, le cortège a enflé à mesure qu’il approchait de ce lieu symbolique de l’histoire politique malgache, baptisé en hommage aux tués d’un soulèvement populaire en 1972 ayant conduit au départ du premier président.

"Nous attendons déjà qu’il s’excuse auprès de tous les Malgaches, parce qu’on a eu beaucoup de blessés. (...) Au tout début, ce qu’on demandait, c’était l’électricité, la liberté de s’exprimer, mais on attend actuellement sa démission", avait lancé Steven Mandimbiarivong Rasolonjanahary, 19 ans, un autre étudiant en droit.

"On attend sa démission mais le connaissant, je ne crois pas qu’il va dire ça", avait pronostiqué Rotsinasandratra Lucas Hantamalala, étudiante de 20 ans. 

Des soldats ont accompagné samedi dans le centre-ville de la capitale malgache des milliers de manifestants, les rejoignant à nouveau dimanche pour un rassemblement en hommage aux personnes tuées au cours des plus de deux semaines de manifestations.

- Départ du président du Sénat -

Le mouvement de contestation, qui dénonçait au départ les coupures incessantes d’eau et d’électricité, s’est mué depuis en une contestation plus large du président Rajoelina, 51 ans, et de son clan.

Les manifestants ont obtenu ce week-end le départ du décrié président du Sénat Richard Ravalomanana, ancien commandant de gendarmerie.

Quant au troisième homme vilipendé par la rue, l’homme d’affaires et proche du chef de l’Etat Maminiaina Ravatomanga, il a fui dimanche matin à l’île Maurice voisine, comme l’a confirmé le gouvernement mauricien.

Surnommé "Général Bomba "pour son recours généreux aux grenades lacrymogènes lors de la crise de 2009, Richard Ravalomanana était accusé par les contestataires d’être un des principaux acteurs de la répression des manifestations ces dernières semaines.

Au moins 22 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations et plus d'une centaine blessées, d'après un bilan des Nations unies.

Le chef de l’État a démenti des « chiffres erronés », évoquant 12 morts, tous « des pilleurs, des casseurs », selon lui.

Madagascar, île à la population particulièrement démunie, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires.

Au moins 80% des 32 millions d’habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté de la Banque mondiale.

Lire aussi - Madagascar : en 2009 Andry Rajoelina menait la révolte contre la pauvreté, en 2025 la population l'accuse d'entretenir la misère et exige son départ

Lire aussi - Madagascar : les Nations unies et des militaires appellent les forces de sécurité à ne pas tirer sur les manifestants

www.imazpress.com avec l'AFP

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6 Commentaires
Melchior y dort
Melchior y dort
26 minutes

Melchior fait la sieste comme d'habitude.

Léon
Léon
1 heure

Bel article d'IMAZ PRESS.

ZembroKaf
ZembroKaf
1 heure

"TGV" croque "ses" chocolats à Dubaï !!!.... pendant que le peuple "cri" famine" !!!

Deal ?
Deal ?
1 heure

2 Français graciés par le président malgache.

Et président exfiltré par la France d'après la presse.

Deal ou pas deal ?

Bravo la diplomatie !

Tchao Pantin
Tchao Pantin
1 heure

Que le gamin à l' Elysée s'occupe de ses fesse tant à faire en France au lieu de donner des leçons aux malgaches qui peut être se foutent de sa tronche.

- Certains jouent aux échecs, ...d'autres les collectionnent (le gamin à l'Elysée)

MARIMAR
MARIMAR
2 heures

Macron ferait mieux de se préoccuper de la France et arrêter de s'immiscer dans les affaires des autres pays.
Les malgaches doivent décider seuls de la manière de résoudre leurs problèmes internes.
À force de tout vouloir contrôler la France et les outremers vivent une situation vraiment inédite sous la cinquième république.