Deux morts sur le rallye de Saint-Joseph : le drame relance le débat sur la sécurité de ce sport dangereux

  • Publié le 28 octobre 2025 à 06:02
  • Actualisé le 28 octobre 2025 à 06:04
Illustrations Rallye

(Actualisé) Deux enfants de 9 et 12 issus d'une même famille ont été tués ce dimanche 26 octobre 2025 à Saint-Joseph par la sortie de route d'un pilote de rallye lors d'une spéciale de la saison. Un troisième enfant est toujours en service de réanimation pédiatrique. Tous percutés dans une zone certes interdite au public, mais également habitée. Le décès de deux jeunes spectateurs ravive les interrogations sur la sécurité. Les appels à une vraie réflexion sur cet enjeu et la mise en place d'un audit se multiplient (Photos : sly/www.imazpress.com)

Des voitures qui roulent à vive allure, devant un public venu profiter du spectacle. Des courses autorisées par les autorités sur des portions de route parfois habitées. Et pourtant, un rien peut faire sortir un véhicule de sa trajectoire, causant parfois des drames comme celui survenu ce dimanche à la Plaine des Grègues.

- La ligue de sport automobile de La Réunion entendue par les forces de l'ordre -

La présidente de la ligue de sport automobile de La Réunion (LSA) – entendue ce lundi par les forces de l'ordre – assure que tout a été fait correctement. Elle indique qu'une voiture de sécurité est passée, demandant au public de se déplacer dans les zones protégées.

"Mais parfois les gens se remettent. Or, on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque personne", précise une source proche de la ligue à Imaz Press.

Outre la question de la responsabilité de chacun, pour Dominique Panambalom, chroniqueur sportif chez R.E.R (Radio Est Réunion), "on peut agir avant et pendant le déroulé de chaque spéciale". "Quand il est annoncé que des spectateurs sont mal placés, il ne faut pas hésiter à annuler purement et simplement le rallye", interpelle-t-il.

"Le but est de marquer les esprits en brandissant cette menace pour sauver des vies humaines", ajoute le chroniqueur sportif.

- Un audit sur la sécurité routière lors des rallyes pour éviter des drames -

Face à ce nouveau drame, la rédaction sportive de R.E.R (Radio Est Réunion) – radio des rallyes – insiste sur "l'importance de la sécurité".

"La question du champ de la sécurité est vaste et cela implique un certain nombre de partenaires, d'organisations, de collectivités pour accentuer la prise de conscience afin d'avoir une sécurité optimale sur l'organisation des rallyes à La Réunion", indique Dominique Panambalom, chroniqueur sportif chez R.E.R, présent lors du dramatique accident.

Pilote instructeur depuis plus de 20 ans, Guillaume Martinol prône pour la création d'un "groupe indépendant composé de pilote, de forces de l'ordre, d'associations, de passionnés de rallye, qui proposerait des idées à mettre en place".

L’association Écoute Moi, Protège Moi, Aide Moi engagée depuis 2019 dans la défense et la protection des enfants à La Réunion, a adressé une lettre officielle au préfet de La Réunion pour demander une révision urgente du cadre de sécurité des courses automobiles sur routes ouvertes.

De son côté, la préfecture de La Réunion rappelle que "la sécurité du public, des concurrents et des personnels engagés lors des manifestations sportives est une priorité absolue".

"Le dossier d’autorisation des manifestations sportives motorisées est examiné par les services préfectoraux sur la base des avis de plusieurs services compétents (ligue de sport automobile pour le respect des règles techniques de sécurité, la DRAJES au titre de la réglementation sportive, les forces de sécurité intérieure et le service de sécurité routière, le conseil départemental, le conseil régional et les collectivités concernées, le Sdis pour la prévention des risques et la sécurité incendie)", ajoutent les services.

Avant d’accorder toute autorisation, "les services de l’État formulent un ensemble de prescriptions précises que l’organisateur est tenu de mettre en œuvre et qui engagent sa responsabilité. Ces prescriptions, issues notamment des travaux de la Commission départementale de sécurité routière (CDSR) visent à garantir la sécurité du public, des concurrents et des équipes encadrantes. Parmi les plus importantes : la délimitation et signalisation des zones interdites au public ; la suspension immédiate de la course si des spectateurs sont observés en zone non autorisée ; la mise en place de dispositifs de secours (ambulances, postes de secours, liaisons radios) ; la coordination avec les forces de l’ordre et le SDIS pour les interventions d’urgence ; l’information préalable des riverains (affichage des arrêtés de fermeture, distribution de flyers, communication sur les réseaux sociaux. Les organisateurs doivent informer clairement les riverains et spectateurs des règles de sécurité, et rappeler que le respect des zones autorisées conditionne le maintien de la course)".

- Sensibiliser davantage le public aux dangers du rallye -

Selon Dominique Panambalom, la sensibilisation du public est primordiale. "Il faut savoir quelles sont les limites de nos responsabilités individuelles et collectives quand on se déplace sur des spéciales de rallye."

Guillaume Martinol reconnaît que parfois "le public n'écoute pas, mais je pense qu'il y aurait matière à faire de la communication autrement. Par exemple en mettant en place des fans zones avec des services de bus qui déposeraient les gens vers des points précis sur les spéciales".

Il soumet l'idée d'une "vidéo explicative et intuitive faites avec les pilotes qui expliquent de façon ludique l'important de respecter les règles de sécurité lors des rallyes".

Cela peut se faire en passant "par de la pédagogie avec les associations de sécurité routière par exemple afin d'expliquer en quoi le rallye est un sport dangereux", ajoute le chroniqueur chez R.E.R, évoquant des exemples récents de sorties de routes comme celle du chanteur Meddy Gerville ou de Stéphane Sam-Caw-Frève en 2018.

- La formation des pilotes de rallye remise en cause -

Si la responsabilité peut intenter à plusieurs acteurs, la prise en compte de la puissance des bolides dans ce sport accessible à tous serait à revoir. Pilote instructeur depuis plus de 20 ans, Guillaume Martinol le dit, "la personne prend sa licence, achète la voiture et se lance. Mais certains pilotes ne se rendent pas compte qu'il faut s'entraîner".

Selon ce pilote chevronné, il y aurait matière à travailler là-dessus ou mettre en place quelque chose qui valide le pilotage", dit-il, alors que certains pilotes font appel à ses services pour se former.

"Aujourd'hui j'ai des jeunes de 16 à 17 ans qui veulent faire du rallye. Je les forme aux règles de sécurité, notamment le respect du public, le respect de son équipement, le respect de la voiture. Tout cela en sachant comment réagir au volant. On ne passe pas un ralentisseur à fons avec une R5 comme avec une voiture plus basse".

- Deux vies fauchées à Saint-Joseph -

Ce dimanche, une fillette de 9 ans et son frère de 12 ans ont été tués lorsque la voiture de course a fait une sortie de route. "La troisième enfant est en réanimation pédiatrique", précise ce lundi le procureur de Saint-Pierre.

Plusieurs cellules psychologiques ont été mises en place. Une sera mise en place dès ce mardi par la commune de Saint-Joseph, et jusqu'à vendredi, en partenariat avec l’État, le CHU et la ville au Centre Social.

Une enquête pour homicide involontaire a été ouverte.

Lire aussi - Rallye de Saint-Joseph : une fillette de 9 ans et son frère de 12 ans tués, quatre personnes grièvement blessés, un enfant en réanimation pédiatrique

Ce drame n'est pas sans rappeler un autre accident qui avait endeuillé La Réunion en 2019, quand un jeune garçon de 8 ans avait été tué en étant percuté par une voiture participant au Rallye des 1 000 kilomètres.

En 2015, lors du Rallye de Saint-Joseph, sept spectateurs avaient été blessés, dont un enfant de 10 ans.

Ainsi, au moins trois enfants ont perdu la vie lors de rallyes sur routes ouvertes à La Réunion au cours des dernières années, sans compter les blessés graves.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
David
David
2 heures

Je me suis posé les mêmes questions :
pourquoi une zone habitée ? Pourquoi ils continuent la course alors que les gens sont soient disant indisciplinés (soit dit en passant, les enfants tués étaient chez eux...) ?
Si tu vois qu'une maison est placée dans une "zone dangereuse", pourquoi garder ce parcours à tout prix ?

Quelle est la formation du "pilote" qui a tué ?

Il manque une autre question : la conformité de l'auto qui a tué. Etait-elle entretenue ? Est-ce qu'elle était réglée correctement ou juste bricolée par des bagnolards ?

En tout cas, une chose est absolument insupportable depuis l'arrivée du drame : entendre les fans de rallye faire porter la responsabilité sur les enfants morts.

La question de la sécurité des rallyes est essentielle. Mais celle de l'INTERDICTION TOTALE de cette activité sur notre île est encore mieux !