Vie chère - Grève du 19 mars

Épreuve de vérité pour le COSPAR

  • Publié le 18 mars 2009 à 12:00
Mardi 10 mars 2009 : 5000 personnes à Saint-Denis ont répondu à l'appel du COSPAR

Le COSPAR, collectif contre la vie chère, a appelé une nouvelle fois les Réunionnais à descendre dans les rues ce jeudi 19 mars 2009. Cette journée de grève nationale interprofessionnelle est un nouveau test de mobilisation pour le COSPAR. La troisième démonstration de force après les manifestations des 5 et 10 mars 2009.

La mobilisation historique du collectif contre la vie chère, le 5 mars dernier, avait marqué les esprits. Elle avait déclenché l'ouverture des négociations sur les logements les prix et les salaires à la préfecture. Le 10 mars, la mobilisation était plus faible, mais la tension était montée d'un cran. Elle avait même dérapé entre forces de l'ordre et manifestants avant de complètement dégénérer dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis. La gravité de l'évènement avait conduit le préfet à demander la signature d'un accord entre le collectif et le patronat sous les 48h le mercredi 11 mars.

À la veille de la mobilisation du 19 mars, cet accord n'est toujours pas signé. Pourtant, depuis dimanche 15 mars, le préfet a exprimé sa volonté de signer cet accord global, rédigé suite aux discussions, tout en joignant le geste à la parole. Il a même proposé un nouveau protocole mardi 17 mars. Mais, ce protocole ne correspond pas du tout aux revendications du COSPAR. Le collectif refuse de signer un document qui "oublie certaines urgences sociales et qui "profite", dit-il au patronat et à la grande distribution.

L'appel à la grève du collectif est d'autant plus ferme. Et pour cause. Les négociations sur les prix stagnent. La grande distribution n'a pas prévu de baisser les prix sur d'autres produits que les 40 produits qu'elle propose. Or, le collectif avait soumis une baisse de 20% sur 500 produits. Le bras de fer avec la grande distribution est rendue difficile par l'attitude de certains consommateurs réunionnais.

D'un côté, il y a ceux qui soutiennent la lutte du COSPAR et de ses sympathisants. De l'autre côté, il y a ces consommateurs atteints de frénésie d'achat et criant au scandale lors des opérations coup de poing. Et pourtant, tous sont habités par la même envie, améliorer encore et toujours le pouvoir d'achat.

Les négociations sur les bas salaires ont atteint un stade critique. Après différents boycotts, les discussions entreprises depuis le 11 mars avec les collectivités, le Medef, la CGPME et plus récemment la Fer, fédération des entreprises réunionnaises, ne permettent pas au collectif d'atteindre les 200 d'augmentation sur les bas salaires.

Pour l'instant, le COSPAR a obtenu 100 ? d'indemnité de l'État, rien du Département et de la Région. Le MEDEF s'est engagé à verser une prime de 50 ? sur trois ans. Malgré les 100? de l'État, il manque donc encore 50 euros sur la proposition MEDEF. De son côté, la CGPME a promis une prime d'intéressement pouvant aller jusqu'à 50 euros. Au mieux, les petites et moyennes entreprises peuvent débloquer des fonds et verser 50? de plus à leurs salariés. Au pire, les entreprises représentées par la CGPME n'ont pas les moyens et leurs salariés devront donc se contenter de la seule prime de 100? versée par l'état. Dans les deux cas, ce serait un manque à gagner de 50 voire 100 ? d'augmentation pour le collectif.

La situation n'est pas meilleure pour les salariés des entreprises inscrites à la FER. La fédération refuse, par manque de moyens, de participer à cette hausse sur les bas salaires. Les salariés devront donc eux aussi se contenter de l'indemnité de l'État.
Les dernières négociations sur les minima sociaux ce mercredi 18 mars à la préfecture n'ont pas satisfait le collectif.

C'est précisément l'insatisfaction du COSPAR sur l'ensemble des négociations, excepté peut-être celle sur le logement, qui l'oblige à ne pas signer l'accord global du préfet. L'appel à la mobilisation massive le 19 mars prend là aussi tout son sens. "Les Réunionnais doivent prendre conscience de l'importance de cette manifestation" note le collectif. Il espère cependant qu'il n'y aura pas de débordement même si ce qui s'est passé le 10 mars traduit selon ses représentants tout le malaise social de l'île. En attendant, les opérations coup de poing continuent. Les collectivités doivent aussi communiquer ce mercredi 18 mars leurs propositions de contributions suite à la réunion de travail organisée dimanche 15 mars.
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