Après une 2eme nuit d'émeutes à Saint-Denis et au Port

"Nous, Chaudronnais, nous sommes exclus de notre quartier"

  • Publié le 23 février 2012 à 12:00

Ce jeudi 23 février 2012, les habitants du Chaudron et du Port sont sous le choc après une longue nuit d'affrontements entre émeutiers et forces de l'ordre. Dans le quartier de Saint-Denis où une véritable scène de guérilla urbaine s'est déroulée, ce matin on constate les nombreux dégâts. C'est la désolation et la tristesse qui règnent dans le regard des habitants. Les propos sont amers et virulents à l'encontre des élus, et notamment Gilbert Annette, le maire dionysien. "Ne vous étonnez pas de cette situation, vous n'avez jamais eu aucune considération pour nous, nous sommes exclus de notre propre quartier", lancent les habitants.

Le malaise social est palpable ce jeudi matin au Chaudron. Après une violente nuit d'émeutes, le maire de Saint-Denis, Gilbert Annette s'est rendu sur les lieux pour constater les dégâts et rencontrer les riverains, en compagnie des adjoints Monique Orphé, Ericka Bareigts et Alain Armand. "Il y a un sentiment de tristesse immense, c'est une catastrophe pour la commune et le quartier", a annoncé le maire, avant de faire une tournée dans le Chaudron.

Les habitants du quartier, eux, ont un discours amer. Les Chaudronnais se sentent "exclus dans leur propre quartier". Alors que Gilbert Annette marchait dans le quartier, il a été interpelé par un résident. "Ne vous étonnez pas de cette situation aujourd'hui. Vous n'avez jamais eu aucune considération pour les Chaudronnais, on n'a pas de travail, on n'a rien. Les seules fois où vous vous intéressez à nous, c'est lorsque les campagnes électorales approchent", a-t-il reproché au maire dionysien.

Les habitants sont nombreux à exprimer ces mêmes ressentiments envers les élus politiques. "Je suis né au Chaudron, j'ai grandi ici. On n'a jamais eu aucune aide. On en a marre", lance Johnny, la quarantaine. L'homme a déjà vécu les événements violents de 1991, date des premières grandes émeutes du Chaudron. Selon les résidents, "rien n'a changé en 20 ans". Frustration et abandon sont les sentiments qui s'expriment ce jeudi matin.

Si la réunion de ce vendredi 24 février 2012 entre la préfecture et la FNTR (fédération nationale des transporteurs routiers) ne débouche sur rien, le Chaudron s'apprête à vivre des émeutes encore plus violentes. "C'est certain, personne ne pourra plus circuler dans le Chaudron, ce sera incontrôlable", prévient un habitant. "On a laissé les choses traîner pendant trop longtemps", poursuit-il.

Pour rappel, cette nuit, le quartier du Chaudron a encore pris des allures de champ de bataille. Les jeunes ont affronté les forces de police pour exprimer leur malaise, pour dire leur ras-le-bol face à la vie chère et au chômage important. Deux commerces ont été pillés et deux autres ont subi des dégradations importantes. Le mobilier du centre social du quartier a été vandalisé. Un bungalow hébergeant une "cyber case" municipale a été incendié. Un début d'incendie de la bibliothèque de quartier a été maîtrisé par les sapeurs-pompiers qui ont essuyé de nombreux jets de galets.

Au Port, deux commerces ont été vandalisés, huit autres ont subi des dégradations importantes. Cinq véhicules ont été incendiés sur le parking extérieur d'une concession automobile où d'autres véhicules ont été dégradés.

Enfin, à Saint-Benoît, quelques individus ont réussi à s'introduire dans deux supermarchés et ont commis des vols de boissons alcoolisées, parfums et cigarettes avant l'intervention des gendarmes arrivés immédiatement sur les lieux. Un bungalow commercial a été détruit par incendie.

Au cours de cette nuit, 36 émeutiers ont été interpellés, 26 ont été placés en garde à vue. Au total depuis deux jours, ce sont 64 personnes qui ont été interpellées et 48 placées en garde à vue. Deux d'entre elles seront jugées dès aujourd'hui.

Plus de 250 représentants des forces de l'ordre étaient engagés sur le terrain ce mercredi. L'hélicoptère de la gendarmerie a appuyé les opérations de rétablissement de l'ordre. Trois policiers ont été blessés. Des renforts arrivent ce jeudi de métropole.

guest
0 Commentaires