Social - Nouvelle manifestation

Retraites : ce qu'il faut savoir

  • Publié le 12 octobre 2010 à 05:00
Jeudi 23 septembre 2010 - Saint-Denis - Manifestation contre le projet de réforme des retraites

Les syndicats redescendent dans la rue ce mardi 11 octobre 2010 pour protester contre le projet de réforme des retraites, actuellement examiné au Parlement. Une manifestation soutenue par 71% des Français, selon un sondage Ifop pour le journal Sud-Ouest Dimanche. Même s'ils reconnaissent la nécessité d'une réforme des retraites, "nous ne voulons pas du projet présenté par le gouvernement", lancent les syndicats. Ils demandent notamment "une répartition plus équilibrée du financement du système". "Actuellement, ce sont les salariés qui doivent supporter la plus grosse partie du financement alors que c'est aux entreprises de faire des efforts", soulignent-ils. Depuis le début de la contestation, avec la première manifestation du 27 mai, le gouvernement a lâché un peu de lest. "Pas assez", pour les syndicalistes qui sont "intransigeants sur le maintien de l'âge de départ à la retraite à 60 ans". Le point sur une réforme jugée "injuste, brutale et dangereuse".

La réforme des retraites se justifie par une évolution démographique défavorable en France. En effet, les "baby boomers", ceux nés après la seconde Guerre Mondiale, sont de plus en plus nombreux à accéder à la retraite. Parallèlement, l'espérance de vie en France augmente (77,8 ans pour les hommes et 84,5 ans pour les femmes). Selon les hypothèses démographiques moyennes de l'Insee, entre 2000 et 2050, le nombre de retraités va augmenter d'environ 90%, tandis que celui des actifs va baisser d'environ 10% (si l'âge de départ à la retraite n'est pas modifié). Conséquence, le rapport retraités/actifs risque de s'inverser et de provoquer un problème de financement du système des retraites. Ce constat est partagé par tous, hommes politiques et syndicalistes.

C'est dans cette optique qu'Eric Woerth, ministre du travail, a présenté le projet de réforme des retraites, le 16 juin dernier. Une réforme qualifiée de "juste et responsable" par le membre du gouvernement. Les principaux points de cette réforme sont notamment l'allongement de l'âge du départ à la retraite à 62 ans en l'augmentant 4 mois par an à partir de 2011, et de la durée de cotisation à 41,5 ans. L'âge du taux plein (âge auquel est annulée la décote même si la durée de cotisation nécessaire n'est pas atteinte) sera relevé progressivement de 65 à 67 ans.

Le gouvernement compte aussi apporter des recettes supplémentaires pour pérenniser le système, comme de nouvelles taxations sur les stock-options, les retraites-chapeaux ou encore un nouveau mode de calcul des allègements de charges moins favorable aux entreprises. La réforme prévoit également un alignement du taux de cotisation retraite des fonctionnaires sur celui du privé. Pour l'heure, le taux de cotisation dans le privé s'élève à 10,55% contre 7,85 % dans le public. D'ici 10 ans, les fonctionnaires cotiseront autant de les travailleurs du secteur privé. L'objectif de ces mesures est de parvenir à l'équilibre financier à l'horizon 2018. Les syndicats sont sceptiques.

Après les manifestations du 7 septembre et du 2 octobre, le gouvernement a lâché un peu de lest. D'abord, concernant les carrières longues, le chef de l'Etat a annoncé la possibilité, pour ceux ayant commencé à travailler avant 18 ans et ayant les années de cotisations requises, de partir à la retraite à 60 ans. Nicolas Sarkozy a également revu à la baisse le seuil du taux d'incapacité à partir duquel une personne peut partir à la retraite à 60 ans. Initialement fixé à 20%, ce taux a été ramené à 10%. La demande de départ devra être déposée devant une commission qui décidera d'accorder ou non le bénéfice d'un départ à la retraite à 60 ans.

Concernant la fonction publique, les agents ayant 3 enfants, 15 années d'ancienneté et qui sont à 5 ans maximum de la retraite ont encore la possibilité de liquider leur retraite. Au delà, ce droit sera supprimé. Par ailleurs, deux amendements au projet de loi ont été déposés au Sénat par la majorité le 7 octobre dernier. Le premier permet aux mères de trois enfants et plus, nées entre 1951 et 1955, de continuer à bénéficier d'une retraite sans décote à 65 ans, sous réserve de s'être arrêtées pour élever un enfant. Le deuxième maintient à 65 ans l'âge d'annulation de la décote pour les parents d'enfants lourdement handicapés qui ont besoin d'une présence auprès d'eux. "Ce sont des mesurettes que Nicolas Sarkozy avait déjà prévu. Il a simplement attendu les manifestations pour les annoncer. C'est une mise en scène", dénoncent les syndicats.

Le projet de loi a été adopté par l'Assemblée nationale le 15 septembre dernier. Il est actuellement examiné au Sénat. Le 8 octobre les sénateurs ont voté l'allongement de l'âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Le texte devrait être définitivement adopté d'ici la fin de la semaine. Il sera ensuite présenté en commission mixte paritaire avant un nouveau passage devant les députés. Quelques amendements supplémentaires pourraient être présentés. Néanmoins, "l'architecture du projet sur les mesures d'âge et sur l'équilibre financier ne changera pas", a assuré le conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, dans les colonnes du Monde. Quant aux syndicats, ils espèrent toujours "faire plier le gouvernement".

Mounice Najafaly pour
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