Il participe à la mythique Route du Rhum

Le skipper Réunionnais Victor Jost va affronter la mer en solitaire

  • Publié le 21 août 2022 à 09:23
  • Actualisé le 24 août 2022 à 05:47

Dans un peu moins de quatre mois, le 6 novembre 2022, le skipper Réunionnais Victor Jost va s'élancer de Saint-Malo pour la mythique et bien connue course en voile de la Route du Rhum. Une course en solitaire que le jeune homme de 26 ans n'a pas peur d'affronter. Avant le grand départ pour plusieurs semaines seul à bord de son navire, il nous raconte sa passion pour le milieu de la voile. (Photos : Victor Jost)

Né à La Réunion où il a commencé la voile, Victor quitte son île natale à 18 ans pour suivre des études d’ingénieur en Génie Mécanique à l’école Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse). En parallèle de ses études, Victor regarde toujours d’un œil avisé les courses au large. "Je trouve ça incroyable ces courses autour du monde", dit-il. "J’ai toujours été passionné de voile, c’est mon père qui m’a initié et m’a fait faire avec lui la traversée jusqu’à Maurice", ajoute le jeune skipper.  

En 2019, alors qu’il travaille dans l’horlogerie à Genève, Victor Jost n’abandonne pas son rêve d’enfant, qui est de participer à une saison de course au large. "Avec mon meilleur ami, on construit le projet de participer à la Transat Jacques Vabre, une course transatlantique assez réputée." Il précise, "on construit ce projet, on n’a pas de bateau, pas de sponsors mais on a très envie". En juillet 2020, l’équipe récupère un bateau de catégorie Class 40. Il s’agit là d’une classe de voilier monocoque hauturier de course et de croisière, dont la largeur est de 40 pieds, soit 12,18 mètres. Si sa passion pour la voile prend de la place, Victor Jost travaille toujours à Genève et fait chaque week-end les allers-retours jusqu’à Lorient pour s’entraîner.

- Victor se lance pour la transat Jacques Vabre -

Quelques mois après, Victor et son acolyte se lancent enfin. Mais avant de participer à la transat Jacques Vabre, les deux skippers doivent impérativement faire la saison de course pour se qualifier. "On a fait la Normandy Channel Race en 2021 qui nous a qualifié pour la transat Jacques Vabre", explique Victor Jost.

Les amoureux de la mer partent donc du Havre à bord de leur navire pour cette course transatlantique qui, en 2021, arrivait en Martinique. Ils terminent 28ème. Suite à cette aventure, l’envie d’y retourner est plus forte que jamais. "C’était la première course au large que je faisais et j’ai trouvé ça fou", explique Victor Jost. De là, le Réunionnais décide de s’investir à plein temps dans sa passion. "J’arrête le travail dans l’horlogerie et j’essaie de me consacrer à mon nouveau projet, la Route du Rhum."

Pour concrétiser cela, Victor a un souhait, fédérer les entreprises réunionnaises et porter haut et fort les couleurs de son île. "L’image réunionnaise avait bien pris sur les pontons. Tout le monde s’intéressait", dit-il. La première entreprise à adhérer à son projet est le Groupe CRC. Suivent après d’autres groupes comme Alter Ego, Picard, McDonalds, Chevillard et One 2 One.

Grâce à ses soutiens, Victor monte sa propre entreprise et récupère un nouveau bateau, de catégorie Class 40.

- La Normandy Channe Race, sa première traversée en solitaire -

Victor avance tout doucement vers son projet de Route du Rhum, une course en solitaire. Mais avant de s’attaquer à cette course mythique, le Réunionnais doit se qualifier. Pour ce faire, il participe à sa première course en solitaire, la Drheam Cup.

Cette course de 1.850 kilomètres se fait au départ de Cherbourg. Objectif : traverser la Manche sans escale, tout en passant par l'Irlande et ensuite en redescendant vers La Rochelle. Victor Jost est arrivé au bout de son épopée, après quatre jours et seize heures en mer. "Au niveau performances je n’avais pas d’ambition", explique le skipper. "C’était ma première course en solo et je n’avais pas eu le temps de bien m’entraîner", ajoute-t-il. "J’ai récupéré le bateau, l'ai mis à l’eau en juin et la course était début juillet."

Avant de prendre la mer, Victor Jost avait une appréhension, "celle de prendre la mer seule car je me demandais comment cela allait se passer". Et en fait, au final, "j’ai pris mon pied". Mais traverser la Manche seul n’était-ce pas trop long ? "Non", nous répond Victor. "On a tout le temps des choses à faire, on doit changer les voiles, passer du temps sur l’ordinateur pour regarder la météo, voir quel parcours est le plus rapide, tout en sachant que parfois et même souvent le chemin le plus court n’est pas celui qui est le mieux", explique le skipper. "Il y a beaucoup de stratégie à mettre en place." Et dès lors que c’est plus calme, Victor Jost en profite pour se restaurer, se reposer, et appeler ses proches. Mais attention, il le précise, "quand on est en solitaire on n’a pas le droit d’avoir de l’assistance météo". Toutefois, "si un problème technique survient, on a le droit d’avoir de l’assistance".

S’il devait raconter sa course en quelques mots il dirait, "sur la course petit à petit je me sentais mieux et au final j’ai terminé la course et vraiment, j’aurais pu durer plus longtemps".

- La Route du Rhum, un rêve qui se concrétise -

Après cette course qualificative, Victor Jost se prépare désormais à la mythique Route du Rhum. "Cela fait 44 ans qu’elle existe", dit-il. "C’est la course transatlantique la plus célèbre dans le milieu de la course au large", ajoute le Réunionnais. Cette année, la course de 6.500 kilomètres part de Saint-Malo pour aller jusqu’à Pointe-à-Pitres en Guadeloupe. 138 skippers seront au départ. Dans sa catégorie, la Class 40, Victor affrontera 55 autres concurrents. Une course qui va durer près de quinze jours.

Pour affronter l’océan parfois capricieux de l’Atlantique, Victor se préparer. "Je m’entraîne à la navigation, je recherche les partenaires, je prépare le bateau." Après ces préparations techniques, le marin doit s’assurer de ne rien oublier à bord. "Il y a d’abord la nourriture, avec des sacs lyophilisés car à bord on n’a pas de cuisine mais seulement une petite bouilloire, après on prévoit l’eau", explique-t-il. Et ce, même si le skipper est équipé d’un désalinisateur. Autre point très important, le matériel. "On fait une analyse des pièces susceptibles de casser et dans ce cas on prévoit du matériel de secours pour être en mesure de réparer en mer", indique Victor Jost.

En amont de la course, Victor s’entoure également d’un météorologue afin "d’avoir de bons conseils pour le meilleur chemin à prendre et pour connaître les conditions en mer". Car il le sait, cette course mythique peut être dangereuse. "La première partie dans la Manche est un peu stressante car les bateaux sont serrés, il y a des cargos, des pêcheurs, énormément de courant. C’est une zone où on ne dort pas car c’est trop dangereux et tout le monde est excité par le début de la course", souligne le skipper. Une fois cela passé, "on a la traversée du Golfe de Gascogne et à 90% on est sûr qu’on va passer une dépression. Ce qui veut dire beaucoup de vents, de pluies, de nuages et de mer". Victor poursuit, "on longe le Portugal et à cet endroit il y a les alizés et le vent nous pousse jusqu’à l’arrivée". "C’est la partie la plus agréable", ajoute-t-il.

Cette Route du Rhum, même s’il est très enthousiaste à l’idée de la faire, laisse apparaître quelques craintes. "Mon objectif est de terminer la course, et cela serait super mais on sait qu’en mécanique tout peut arriver", dit-il. "Après, je vais partir trois semaines seule dans un monocoque, donc j’y pense et j’espère que tout va bien se passer", conclut Victor, le skipper Réunionnais.

L’aventure solitaire de Victor Jost lors de la Route du Rhum démarrera le 6 novembre 2022. Pour suivre son épopée à bord du bateau "Caisses Réunionnaises Complémentaires", rendez-vous sur sa page Facebook ou son compte Instagram.

ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
T'cok
T'cok
2 ans

Super et bravo pour la Réunion ''