L'Assemblée nationale a voté ce vendredi 7 novembre 2025 en faveur de la suppression du coup de rabot prévu sur le dispositif LODEOM (Loi pour l'Ouverture et le Développement Économique de l'Outre-Mer) dans le projet de loi de finances 2026. Le gouvernement souhaitait en effet baisser les crédits de ce dispositif d'aide aux entreprises ultra-marines, pour économiser 350 millions d’euros. Les députés, en adoptant l'amendement de suppression déposé par la députée réunionaise Karine Lebon, décident ainsi de maintenir les crédits de la Lodeom. Une décision qui devra être confirmée dans le texte final du PLF.
"Après des semaines de bataille intense, nous avons fait reculer le gouvernement grâce à l’adoption de mon amendement lors de l’examen du budget de la Sécurité sociale", se félicite Karine Lebon (GDR).
"Le gouvernement voulait diminuer fortement les aides à l’emploi dans nos territoires, alors même que La Réunion subit un taux de chômage de 18% et que près de la moitié des jeunes sont privés d’emploi", rappelle-t-elle.
"Nos TPE-PME, qui représentent 95% de notre économie, ont absolument besoin de ces aides incitatives pour faire face aux difficultés liées à l’éloignement et à la taille réduite de notre marché. La Lodeom est essentielle à la survie de notre tissu économique", souligne l'élue.
Pour Philippe Naillet, député PS, cette décision est le "fruit d’un combat déterminé mené par les députés ultramarins socialistes, qui avaient obtenu dès le 15 octobre une réponse du Premier ministre reconnaissant les limites de la réforme envisagée, marque une étape cruciale dans la défense des outils indispensables au développement de nos régions".
"Les fragilités structurelles de nos économies rendent les dispositifs comme la LODEOM indispensables pour soutenir notre tissu économique composé en immense majorité de TPE et de PME, et ce alors que les défaillances d’entreprises atteignent désormais des niveaux records (entre juin 2024 et juin 2025, 2 605 défaillances d’entreprises en Outre-mer dont 1 098 défaillances à La Réunion soit +15,5 % en un an dans des secteurs comme la construction, la restauration, ou bien encore le commerce)", détaille-t-il.
Il rappelle par ailleurs que ce "coup de rabot avait déjà été rejeté en commission et le débat de ce jour est venu confirmer l’opposition de la représentation nationale à toute réforme précipitée".
- Une décision encore à valider par le Sénat -
Elus comme chefs d'entreprises avaient alerté depuis des semaines sur les risques d'une baisse des crédits de la Lodeom, qui prévoit des exonérations de charges sociales pour les entreprises ultramarines.
À La Réunion, ce dispositif jugé vital pour la compétitivité des entreprises et la sauvegarde de l’emploi dans l’île concerne directement près de 30.000 entreprises et 120.000 emplois.
"Venir toucher aux outils qui permettent de créer de la compétitivité, de l'emploi, garantir la formation de nos jeunes sur un territoire avec 17,5% de chômage, c'est une aberration", avait dénoncé Pierrick Robert, président de la CCIR.
Stéphane Sanz, président de la fédération des promoteurs immobiliers de La Réunion, avait alerté sur l'impact des réformes envisagées par le gouvernement. "Ces coups de rabot vont être mortifères pour notre économie, et vont amener plus de problèmes que de solutions", estimait-il.
L'adoption de cet amendement offre donc aux entreprises un peu de répit. Cependant, "le travail ne s’arrête pas là", souligne Philippe Naillet, qui "reste mobilisé pour que les études d’impact promises par le Premier ministre soient transmises dans les meilleurs délais".
"Ces études sont essentielles pour évaluer de manière approfondie les conséquences des réformes envisagées. Si une simplification du dispositif LODEOM peut être envisagée elle ne pourra se construire que dans la concertation", martèle le député.
"Cette concertation devra être menée en lien étroit avec les parlementaires ultramarins et les acteurs économiques des territoires concernés, et devra garantir que toute évolution des dispositifs réponde aux besoins réels des économies locales", ajoute-il, se disant "particulièrement vigilant pour que les engagements pris soient respectés et que nos territoires frappés par des crises successives ne soient pas de simples variables d’ajustement des politiques budgétaires".
Le projet de loi de finances 2026 doit désormais poursuivre son parcours au Sénat, avant un vote définitif qui doit être fixé avant le 23 décembre prochain.
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