Grève des transporteurs : les routiers toujours mobilisés devant les cimenteries

  • Publié le 25 septembre 2025 à 08:36
  • Actualisé le 25 septembre 2025 à 14:31
grève transporteurs

Quatrième jour de grève pour les transporteurs de La Réunion. Mobilisés depuis lundi, aucune porte de sortie de crise n'a été trouvée, leur demande de médiation en préfecture avec les donneurs d'ordres, n'ayant pas abouti. Les routiers protestent contre "le non-respect de la charte des bonnes pratiques par les donneurs d'ordres" du BTP. Dans un communiqué publié mardi soir l'Union nationale des industriels des carrières et matériaux de construction (Unicem) déclare avoir a appelé "ses adhérents à maintenir un dialogue constructif avec leurs partenaires transporteurs et à identifier rapidement les difficultés rencontrées" (Photos : rb/www.imazpress.com)

Ce "mouvement vise à défendre la revendication concernant l’application de la charte de bonne pratique", indiquent ces derniers, qui se sont mobilisés devant les points stratégiques de distribution de carburant ou de marchandises du Port depuis lundi.

Entre le début du mouvement lundi et ce mercredi, plusieurs centrales et grosses entreprises ont été bloquées et environ 80 personnes et camions sont mobilisés. 

- Rétablir "un climat de confiance et de respect mutuel entre donneurs d’ordres et transporteurs" -

Dans un communiqué publié ce mardi soir, l'Unicem de La Réunion, qui regroupe 90 % des entreprises de la filière du territoire réunionnais, a déclaré que la charte de bonne conduite est un "outil" qui "fournit des référentiels de coût de revient pour chaque transporteur sans se substituer à la libre négociation commerciale entre transporteurs et donneurs d’ordres". L’Unicem souligne que l’adhésion à cette charte "repose sur la démarche volontaire de chacun de ses adhérents". 

"Suite à la situation de blocage de certains transporteurs, démarrée ce lundi matin, la fédération Unicem a appelé ses adhérents à maintenir un dialogue constructif avec leurs partenaires transporteurs et à identifier rapidement les difficultés rencontrées", poursuit-elle. 

"Notre fédération souhaite le rétablissement dans les meilleurs délais d’un climat de confiance et de respect mutuel entre donneurs d’ordres et transporteurs, dans l’intérêt de toute la filière et de l’économie locale. Au-delà des enjeux et revendications actuelles du secteur du transport, l’Unicem souhaite aussi rappeler que la filière industrielle des matériaux de construction traverse une conjoncture particulièrement difficile. Depuis 2023, les volumes de production sont en chute de -37% pour le granulats et de -26% pour le BPE (Béton Prêt à l’Emploi)", note le communiqué. 

Ce jeudi, l'Unicem appelle une nouvelle fois "au dialogue et à la responsabilité collective".

"Depuis le lundi 22 septembre 2025, des actions de blocage menées par certains transporteurs perturbent l’ensemble de la filière du BTP et, plus largement, l’économie locale. Ces transporteurs dénoncent le non-respect, par certains donneurs d’ordre, de la Charte des bonnes pratiques du transport, signée le 17 juillet 2025 par l’ensemble des acteurs publics et privés du secteur dont notamment l’État, Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion, collectivités locales et territoriales, syndicats de transporteurs, UNICEM, FRBTP, SICR et CAPEB", note l'Unicem dans un communiqué transmis à la presse. 

Cette charte "met à disposition des professionnels un outil de calcul élaboré par le Comité National Routier (CNR), permettant à chaque transporteur d’évaluer son coût de revient en fonction de ses charges propres". 

"Cet outil offre ainsi des référentiels de coûts pour éclairer la négociation, sans se substituer à la libre contractualisation entre transporteurs et donneurs d’ordres." 

L’UNICEM rappelle que "l’adhésion à cette charte relève d’une démarche volontaire de chacun de ses membres". L’Unicem "a appelé ses adhérents à privilégier une approche constructive avec leurs partenaires transporteurs, afin d’identifier rapidement les difficultés rencontrées". "Il n’appartient pas à l’Unicem de se substituer à ses adhérents dans les discussions tarifaires, mais notre fédération encourage la recherche de solutions équilibrées", note-t-elle.

Quatre réunions se sont déjà tenues entre des entreprises adhérentes de l’Unicem et les transporteurs grévistes.

Lors de la dernière rencontre, le mercredi 24 septembre au soir, "il avait été convenu que les syndicats de transport transmettent la liste de leurs adhérents concernés le soir même", souligne l'Unicem. "Les entreprises adhérentes de l’Unicem s’étant engagées à les recevoir ce jour à partir de 7h00. À ce jour, cette liste n’a toujours pas été communiquée."

"Il convient de souligner que ce mouvement ne concerne pas la majorité des entreprises de transport. Dans de nombreux cas, les relations entre donneurs d’ordres et transporteurs reposent sur un climat de confiance et de respect mutuel, preuve que le dialogue est possible et fructueux", ajoute l'Unicem.

- Une réunion de médiation à la CCI -

Lundi matin, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion, Pierrick Robert, appelait au dialogue et proposait une médiation.

Il le dit : "je vais continuer à tenir le dialogue pour qu'il y ait une prise de conscience et pour que notre économie ne soit pas impactée par une nouvelle crise, sachant déjà que plusieurs corps de métiers tirent la sonnette d'alarme".

Évoquant la charte de bonne conduite des transporteurs, dont le non-respect est pointé du doigt par les grévistes, il déclare : "les transporteurs travaillent depuis deux ans sur cette charte. Il y a eu une signature avec l'ensemble des parties prenantes mais aujourd'hui le comité de suivi n'a pas été respecté puisque certains ne sont pas venus". 

La CCIR a "même participé et financièrement, à faire en sorte que le Comité national routier puisse travailler sur la grille tarifaire et l'adapter à la situation locale de La Réunion".

Une réunion qui s'est terminée sans la moindre avancée, au contraire. Après quatre heures d'échanges, c'est en colère que les syndicats sont ressorties de la Chambre de commerce. 

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- Les transporteurs veulent le respect des engagements de la part des donneurs d'ordres -

En juillet 2025, une charte encadrant les pratiques du transport routier voit enfin le jour à La Réunion. L’ensemble des parties prenantes – État, collectivités, chambres consulaires, transporteurs, donneurs d’ordres et fédérations professionnelles – ont signé cette formalisant 26 engagements visant à structurer les relations économiques du secteur, à les rendre plus transparentes, équitables et durables.

La charte vise notamment à encourager la contractualisation entre transporteurs et donneurs d’ordres, en intégrant des clauses de révision de prix adaptées aux réalités locales. Un comité de suivi est mis en place pour veiller au respect des engagements.

Mais jeudi, lors de la réunion du comité de suivi de cette charte, "les donneurs d'ordres qui devaient être présents pour échanger sur la grille tarifaire de la charte des bonnes pratiques dans le transport routier ne se sont pas présentés volontairement", dénonce Michel Allamèle.

Les donneurs d'ordres étant ceux qui "gèrent a grande distribution, le BTP ou encore l'Union nationale des industries de carrières et matériaux (Unicem)", explique Jean-Gaël Rivière. 

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