[Vidéos] Charte de bonne conduite : les transporteurs en colère toujours en grève, le patronat appelle au dialogue

  • Publié le 24 septembre 2025 à 16:58
  • Actualisé le 25 septembre 2025 à 14:32
Grève des transporteurs, transporteurs, Le Port, Charte, Mobiisation, Camions , gael riviere

(Actualisé) La situation s'enlise du côté des transporteurs. Ce mercredi 24 septembre 2025 pour la troisième journée consécutive, les syndicats des professionnels de la route sont en grève. Ils indiquent protester contre "le non-respect de la charte des bonnes pratiques par les donneurs d'ordre" du BTP. Dans un communiqué publié ce mardi soir l'Union nationale des industriels des carrières et matériaux de construction (Unicem) déclare avoir a appelé "ses adhérents à maintenir un dialogue constructif avec leurs partenaires transporteurs et à identifier rapidement les difficultés rencontrées" (Photo rb/www.imazpress.com)

La situation ne se débloque pas du côté des transporteurs. Ce "mouvement vise à défendre la revendication concernant l’application de la charte de bonne pratique", indiquent ces derniers, qui se sont mobilisés devant les points stratégiques de distribution de carburant ou de marchandises du Port. 

"Ce n’est pas un blocage mais un filtrage", insiste Michel Alamèle, président de l’Interprofessionnel des Routiers Réunionnais (IRR). Présent sur le terrain, il dénonce surtout le "mépris" des donneurs d’ordres, accusés de vouloir "passer en force" en mobilisant forces de l’ordre et huissiers pour lever les actions. "Ils nous ont volés pendant des années et ils veulent continuer. Si ça continue, on changera de méthode", prévient-il, alors que les transporteurs maintiennent la pression pour obtenir le respect de la charte de bonne conduite signée l’an dernier. Écoutez.

Sur place également Joël Mongin, transporteur, assure qu'ils "ne peuvent pas continuer à travailler pour rien". Écoutez.

"On est très en colère", martèle Jean-Gaël Rivière, président de la Fédération nationale des transports routiers de La Réunion (FNTR). " Les transporteurs sont remontés par le comportement de l'Unicem (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction) et on va monter crescendo mais je ne vais pas dévoiler notre plan tout de suite". Entre le début du mouvement lundi et ce mercredi, plusieurs centrales et grosses entreprises ont été bloquées et environ 80 personnes et camions sont mobilisés. "On attend un retour positif de l'Unicem. Pour l'instant, on se concerte et on voit comment ça évolue. Ensuite on prendra les décisions, ensemble, afin de savoir dans quel sens on va". 

Vianey Settama, porte parole de la FNTR tient à rétablir la vérité, suite au communiqué de l'Unicem et des donneurs d'ordre. Écoutez.

"On a voulu commencer une manifestation de manière pacifique. On a commencé avec 15 camions. On était ouverts au dialogue et on s'est rendu en réunion de négociations avec nos partenaires" assure Vianey Settama. Il souligne la détresse et déplore la situation dans laquelle se trouvent les transporteurs aujourd'hui. Écoutez.

Hier, ils ont ajouté à la liste des sites visés un site d'enrobement au Port, et le site de production de béton de Teralta à Bras-Panon. "On n'exclut pas d'étendre le mouvement a de nouveaux sites", indique Michel Alamèle.

Concernant un éventuel durcissement du mouvement, notamment un blocage des routes, ce dernier assure que les syndicats "ne se mobilisent pas de gaieté de coeur". "Ce n'est pas dans nos habitudes, on préfèrerait retourner travailler, on aimerait sortir de cette situation au plus vite, mais c'est à condition que la charte soit respectée et que les donneurs d'ordre s'ouvrent à la discussion", lance-t-il.

- Rétablir "un climat de confiance et de respect mutuel entre donneurs d’ordres et transporteurs" -

Dans un communiqué publié ce mardi soir, l'Unicem de La Réunion, qui regroupe 90 % des entreprises de la filière du territoire réunionnais, a déclaré que la charte de bonne conduite est un "outil" qui "fournit des référentiels de coût de revient pour chaque transporteur sans se substituer à la libre négociation commerciale entre transporteurs et donneurs d’ordres". L’Unicem souligne que l’adhésion à cette charte "repose sur la démarche volontaire de chacun de ses adhérents". 

"Suite à la situation de blocage de certains transporteurs, démarrée ce lundi matin, la fédération Unicem a appelé ses adhérents à maintenir un dialogue constructif avec leurs partenaires transporteurs et à identifier rapidement les difficultés rencontrées", poursuit-elle. 

"Notre fédération souhaite le rétablissement dans les meilleurs délais d’un climat de confiance et de respect mutuel entre donneurs d’ordres et transporteurs, dans l’intérêt de toute la filière et de l’économie locale. Au-delà des enjeux et revendications actuelles du secteur du transport, l’Unicem souhaite aussi rappeler que la filière industrielle des matériaux de construction traverse une conjoncture particulièrement difficile. Depuis 2023, les volumes de production sont en chute de -37% pour le granulats et de -26% pour le BPE (Béton Prêt à l’Emploi)", note le communiqué. 

- Une réunion de médiation à la CCI -

Lundi matin, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion, Pierrick Robert, appelait au dialogue et proposait une médiation.

Il le dit : "je vais continuer à tenir le dialogue pour qu'il y ait une prise de conscience et pour que notre économie ne soit pas impactée par une nouvelle crise, sachant déjà que plusieurs corps de métiers tirent la sonnette d'alarme".

Évoquant la charte de bonne conduite des transporteurs, dont le non-respect est pointé du doigt par les grévistes, il déclare : "les transporteurs travaillent depuis deux ans sur cette charte. Il y a eu une signature avec l'ensemble des parties prenantes mais aujourd'hui le comité de suivi n'a pas été respecté puisque certains ne sont pas venus". 

La CCIR a "même participé et financièrement, à faire en sorte que le Comité national routier puisse travailler sur la grille tarifaire et l'adapter à la situation locale de La Réunion".

Une réunion qui s'est terminée sans la moindre avancée, au contraire. Après quatre heures d'échanges, c'est en colère que les syndicats sont ressorties de la Chambre de commerce. 

Lire aussi - Préavis de grève chez les transporteurs de La Réunion

- Les transporteurs veulent le respect des engagements de la part des donneurs d'ordres -

En juillet 2025, une charte encadrant les pratiques du transport routier voit enfin le jour à La Réunion. L’ensemble des parties prenantes – État, collectivités, chambres consulaires, transporteurs, donneurs d’ordres et fédérations professionnelles – ont signé cette formalisant 26 engagements visant à structurer les relations économiques du secteur, à les rendre plus transparentes, équitables et durables.

La charte vise notamment à encourager la contractualisation entre transporteurs et donneurs d’ordres, en intégrant des clauses de révision de prix adaptées aux réalités locales. Un comité de suivi est mis en place pour veiller au respect des engagements.

Mais jeudi, lors de la réunion du comité de suivi de cette charte, "les donneurs d'ordres qui devaient être présents pour échanger sur la grille tarifaire de la charte des bonnes pratiques dans le transport routier ne se sont pas présentés volontairement", dénonce Michel Allamèle.

Les donneurs d'ordres étant ceux qui "gèrent a grande distribution, le BTP ou encore l'Union nationale des industries de carrières et matériaux (Unicem)", explique Jean-Gaël Rivière. 

Lire aussi - Charte de bonnes pratiques pour le transport à La Réunion

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires