Depuis début août, Moane Rosello, Réunionnaise qui a construit sa vie en Inde pendant plus de dix ans, était en grève de la faim. Ce jeudi 4 septembre 2025, la jeune femme a enfin obtenu un visa. Ce précieux sésame lui permettra de rejoindre sa famille et surtout sa fille de cœur qu'elle avait dû laisser là-bas. À La Réunion depuis deux ans pour un problème de visa, elle se battait pour retourner dans ce pays. Désormais, Moane Rosello reprend des forces, avant de pouvoir prendre l'avion (Photo : Moane Rosello)
"J’ai obtenu un visa, qui me permettra de rejoindre ma famille, mon pays d’adoption, la terre qui m’a offert de la sécurité, le seul endroit au monde que j’appelle "chez moi", écrit-elle. "775 jours loin de ma fille et 33 jours que mon corps avait pris le relais pour faire entendre ma voix et la retrouver", déclare Moane Rosello.
- Moane Rosello remercie ceux qui l'ont accompagné dans sa grève de la faim -
"Je remercie sincèrement Bhupendra Singh, Consul général de l’Inde à La Réunion, et Nikhil Das, pour leur compassion et leur accompagnement dans cette épreuve qui, j’en suis certaine, renforcera l’amitié franco-indienne, ainsi que le lien infaillible entre La Réunion et l’Inde."
"De mon histoire, j’espère que seront retenus l’espoir, la lumière au bout du tunnel, l’amour et la force de mon extraordinaire fille. Je remercie du fond du cœur toutes les personnes qui ont été là pendant ces deux années de cauchemar dont ma maman, ma sœur et ma grand-mère maternelle, Marie-Claude Soubou-Cheynet, qui m’a sauvé la vie par sa présence, son intelligence et sa détermination sans faille", raconte-t-elle.
"Je remercie également mes amis français et indiens, les députés et sénateurs mobilisés, ainsi que la force citoyenne locale impulsée par Céline Ramsamy-Giancone et Suzelle Boucher et, enfin, les rares journalistes qui ont publié mon histoire et soutenu ma voix avec bienveillance et professionnalisme", est-il encore écrit.
"Je remercie Nicolas Puluhen (association Mon P’tit Loup), Frédéric Rousset (association CEVIF) et les autres associations locales sensibles à mon combat. Enfin, je remercie l’ensemble des artistes qui m’ont soutenue avec une pensée émue pour Nicole Dambreville et Guillaume Lapra", ajoute Moane Rosello.
La jeune femme le dit : "Je manque de mots pour exprimer ma reconnaissance face au soutien et à l’amour qui m’ont littéralement nourrie ces 33 derniers jours. Je ne vous oublie pas et j’espère pouvoir vous remercier tous et toutes de vive voix prochainement".
- Huguette Bello saisit le cabinet du préfet de La Réunion -
La présidente de Région, Huguette Bello, s'était saisie du dossier et était allée à la rencontre de Moane Rosello. "Je suis partie voir Moane chez sa famille à Saint-Gilles les hauts. C'était une grande émotion", confiait Huguette Bello à Imaz Press.
"J'ai contacté le directeur de cabinet du préfet car nous ne sommes ni diplomate, ni dans les affaires étrangères", disait-elle. Elle ajoute : "nous devons être animés d'un sentiment de solidarité, d'écoute et de prise en considération".
À la suite des échanges avec la présidente de la Région Réunion, "un contact direct a été pris par les services de la préfecture avec Mme Rosello pour lui proposer une prise en charge sociale", notaient les services de la préfecture.
Le 25 août, le député Perceval Gaillard a également interpellé le ministère des affaires étrangères sur l'affaire de Moane Rosello.
"En 2024, le Consul Général de l’Inde à La Réunion, Bhupendra Singh, aurait reçu Mme Rosello et lui aurait indiqué qu’elle pourrait accéder au territoire indien à partir du 25 juillet 2025. Sans raison fournie, cette date n’a pas été respectée. Dès lors, Madame Rosello se trouve dans l’impossibilité de retourner en Inde, où elle a tissé un lien indéfectible avec une petite fille depuis son arrivée dans le pays en 2013. Bien que cette enfant ne soit pas adoptable, madame Rosello contribue intégralement à son entretien et à son éducation. Depuis deux ans, une mère et son enfant sont séparés", écrivait-il.
- Moane en grève de la faim pour retrouver sa fille restée en Inde -
C'est en 2013 que Moane Rosello s'installe à Dehli, la capitale indienne, pour poursuivre ses études supérieures.
"L’Inde est le pays où j'ai construit mon identité et où j'ai fait la plus belle rencontre de ma vie : une petite fille qui avait 2 ans et demi à l'époque, dont je m’occupe intégralement depuis ces onze dernières années", confie la Réunionnaise à Imaz Press.
"Alors qu’elle apprenait à parler grâce à sa scolarisation, l’enfant a confié les supplices et maltraitances innommables qu’elle subissait de la part de membres de son entourage : violences physiques, sexuelles et soumission chimique. Près de 8 mois après notre rencontre, elle a demandé à ne plus jamais retourner auprès de ses bourreaux (…) J’ai choisi de ne pas trahir la confiance que cette enfant m’avait donnée et d’entamer des démarches afin que sa parole soit écoutée et respectée. C’est ainsi que je m’occupe de cette enfant depuis ces onze dernières années", détaille la Réunionnaise.
Si l'enfant n'est pas adoptable, et qu'il "n'a jamais été question de la faire quitter l'Inde, son pays natal", elle est aux yeux de Moane bel est bien sa fille.
Mais le Covid fait son apparition, et les démarches de renouvellement de visa sont stoppées. Dans le chaos de la pandémie, "je n'ai pas réussi à régulariser ma situation, et en 2023, j'ai dû rentrer à La Réunion".
Pendant près d'un an, Moane tente d'obtenir une carte OCI - Visa permanent. Mais en juillet 2024, le consulat l'informe qu'elle devra patienter jusqu'au 25 juillet 2025 pour pouvoir repartir vers l'Inde. "Aujourd'hui, je reste sans réponse, et j'ai brisé ma promesse auprès de ma fille, qui est hospitalisée", dit-elle.
Sa fille souffre en effet d'un syndrome post-traumatique complexe suite aux violences subies dans sa petite enfance.
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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

Merci pour cette fin heureuse
Une française qui fait la grève de la faim pour aller dans un pays étranger ? Faut faire gaffe, on peut avoir d'autres cas...