Prisons : les agents pénitentiaires mobilisés à Saint-Pierre contre la surpopulation carcérale

  • Publié le 29 décembre 2025 à 05:20
  • Actualisé le 29 décembre 2025 à 05:48
Prison domenjod

À La Réunion, les établissements pénitentiaires dépassent largement leurs capacités d'accueil de détenus. Le centre pénitentiaire de Domenjod, à Saint-Denis, abrite 950 détenus pour 575 places, soit une densité de 232%. À la maison d’arrêt de Saint-Pierre, 203 personnes sont incarcérées pour 110 places (131 %). Une surpopulation carcérale qui "bat tous les records", s'inquiète l'Ufap Unsa Justice qui, depuis 6 heures ce lundi 29 décembre 2025, se mobilise devant l'établissement du sud (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)

"Avec le phénomène de drogue qui sévit actuellement sur La Réunion, le nombre d'incarcérations ne cesse d'augmenter", déplore le syndicaliste Samuel Fontaine.

- Trop de détenus, pas de places, les prisons de La Réunion débordent -

À la maison d’arrêt de Saint-Pierre, 203 personnes sont incarcérées pour 110 places (131 %).

Le centre pénitentiaire de Domenjod, à Saint-Denis, abrite 950 détenus pour 575 places, soit une densité de 232%.

Le quartier femme du centre pénitentiaire de Saint-Denis compte 67 détenues pour 28 places, soit 5 ou 6 détenues par cellule. "Les femmes passent la journée assise sur leur lit. Elles y dorment, elles y mangent et lorsqu'elles doivent aller aux toilettes ou prendre une douche elles doivent enjamber leurs co-détenues. L'hygiène est catastrophique" témoignait une surveillante précédemment.

D'autant qu'avec les enquêtes qui se succèdent pour lutter contre le narcotrafic, les placements en détention provisoire s'enchaînent au sein des maisons d'arrêt du département. 

Lire aussi : Outre-mer : les prisons à bout de souffle, le système carcéral au bord de la rupture

- 45 surveillants manquent à l'appel à La Réunion -

Les syndicats locaux dénoncent un manque d’effectifs pénitentiaires et un épuisement généralisé du personnel.

Le lundi 27 octobre 2025, lors de la visite du patron des prisons françaises - Sébastien Cauwel des agents pénitentiaires étaient en grève. "Il manque 45 surveillants pour fonctionner à La Réunion, 20 au Port et 25 à Domenjod (Saint-Denis), alors qu'il y a des demandes", lançait un syndicaliste.

"Nous avons également besoin d'unité psychiatrique, d'unités spécialisées, d'un nouvel établissement dans le sud. Ce n'est pas 50 places mais 400 places qui permettraient d'absorber la surpopulation carcérale", poursuivait Vincent Pardoux pour FO pénitentiaire.

En déplacement officiel sur l’île, l’administrateur national des prisons Sébastien Cauwel a annoncé la création de 36 postes dédiés à la sécurité pénitentiaire dans les trois établissements réunionnais d’ici deux ans. Vingt-cinq postes seront ouverts dès 2026 et onze autres suivront dans les deux ans. Ces agents seront spécialisés dans la sécurisation des établissements, les extractions médicales et la surveillance périmétrique.

La répartition est déjà connue : 17 postes à Saint-Denis (Domenjod), 16 au Port et 7 à Saint-Pierre. Ces renforts viendront compléter les équipes déjà en place, notamment à Domenjod où dix agents sont actuellement formés pour intervenir en cas de projections extérieures. Une base cynotechnique sera également créée, dotée de quatre agents maîtres-chiens et de deux chiens spécialisés dans la détection des stupéfiants et des armes. Une enveloppe de deux millions d’euros accompagnera ces mesures afin d’améliorer les conditions de travail des surveillants et de renforcer la sécurité des établissements. 

- Une prison en préfabriqué au Port pour 2027 -

Lors de sa venue, le patron des prisons françaises a confirmé la création d'une prison en préfabriqué de 50 places.

Le communiqué du ministère de la Justice précise que ces établissements, "livrables en 18 mois contre 7 ans pour des établissements classiques et pour un coût divisé par deux (200.000 euros la place contre 400.000 euros pour des prisons classiques), garantissent les mêmes standards de solidité (construction en béton armé) et de fonctionnement à l’usage que les constructions classiques".

En revanche, aucune annonce n’a été faite concernant la réhabilitation de la prison de Saint-Pierre, pourtant jugée vétuste par la contrôleure générale des prisons, ni sur la création d’une unité psychiatrique tant attendue. "Nous allons engager la discussion avec le ministère de la Santé", s'était limité à indiquer Sébastien Cauwel.

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

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