Ce samedi 24 fĂ©vrier 2024, s'est ouvert la 60Ăšme Ă©dition du Salon de l'Agriculture Ă Paris. Parmi les exposants, le village RĂ©union et une cheffe, Sabine Dijoux. Une cuisiniĂšre hors pair, prĂȘte Ă faire saliver le public venu nombreux Ă la dĂ©couverte des produits pĂ©i. Deux fois par jour, Ă 10h et 15h, Sabine Dijoux fait la cuisine sous les yeux des visiteurs, dans le Village RĂ©union montĂ© par le Conseil dĂ©partemental. AprĂšs un cari poulet et un pĂątĂ© crĂ©ole le jour de lâouverture du salon, câest Ă un cabri massalĂ© quâelle sâest attelĂ©e ce dimanche, indique le DĂ©partement dans un communiquĂ© que nous publions ci-dessous (Photos : Conseil dĂ©partemental)
DĂ©coupe des oignons et de lâail, cuisson du cabri frais, ramenĂ© de La RĂ©union, ajout du curcuma et du massalĂ©, le visiteur assistait Ă toutes les Ă©tapes de la prĂ©paration. "Quelques-uns venaient lui poser des questions, et elle y rĂ©pondait volontiers, toujours soucieuse de partager sa passion", indique le DĂ©partement.
"La prĂ©paration du cabri massalĂ© Ă©tait aussi lâoccasion, grĂące Ă lâanimateur du Village RĂ©union, de prĂ©senter un producteur dâĂ©pices, Gabriel Patchane-Lacane, patron de la sociĂ©tĂ© TrĂ©sor des engagĂ©s, installĂ©e Ă la RiviĂšre Saint-Louis. Au micro, celui-ci dĂ©taillait la torrĂ©faction du mĂ©lange de coriandre, de cumin, de fenugrec, de moutarde et de kalou pilĂ© qui produit le massalĂ©. Sabine expliquait aux visiteurs Ă quel point cette Ă©pice compte dans la cuisine rĂ©unionnaise."
Pour la dégustation, toujours trÚs appréciée des visiteurs, "Sabine Dijoux garnissait des cuillÚres de riz sur lesquelles le cabri massalé était présenté en petite quantité". Dans la journée, elle préparait aussi des bonbons miel, avant de passer au rougail chevaquine, aux bonbons piment, au sosso mais dans les jours qui viennent.
- La cuisine, une passion de famille -
Le goĂ»t se forme pendant lâenfance, quand le plaisir dâexpĂ©rimenter sâassocie Ă des papilles plus disponibles. Sabine Dijoux nâa jamais oubliĂ© la sienne, Ă Saint-AndrĂ© dans les annĂ©es 60, ni les marmites qui traversaient la cour en volant lorsque sa mĂšre ne retrouvait pas les saveurs espĂ©rĂ©es dans ses premiĂšres prĂ©parations.
"Jâavais intĂ©rĂȘt Ă mâappliquer" raconte aujourdâhui celle qui a fait de la cuisine crĂ©ole traditionnelle son combat, menĂ© de sa table dâhĂŽte jusquâaux formations quâelle dispense dĂ©sormais, en passant par les mĂ©dias de lâĂźle et, jusquâau 3 mars, le Salon international de lâagriculture, au cours duquel elle rĂ©alise les animations culinaires du "Village RĂ©union".
Sabine Dijoux a dĂ©couvert la cuisine Ă lâĂąge de huit ans. A dix, elle tuait elle-mĂȘme le poulet. Câest sa mĂšre, "excellente cuisiniĂšre", qui lui a tout appris, dans le "fief de la gastronomie rĂ©unionnaise", Saint-AndrĂ© donc. "La cuisine rĂ©unionnaise, câest 70% au moins dâingrĂ©dients dâorigine indienne", explique-t-elle. "Câest toute notre base de cuisine. Et quand jâĂ©tais enfant, 70% de la population de Saint-AndrĂ© Ă©tait malbare." "Ma piĂšce prĂ©fĂ©rĂ©e, câest la cuisine", raconte-t-elle encore. "Câest la piĂšce la plus chaude de la maison, lĂ oĂč on va prendre un cafĂ©, se parler, câest lĂ que se trouve la vie de famille."
A seize ans, la Saint-andrĂ©enne a quittĂ© lâĂ©cole pour travailler comme nĂ©nĂšne dans une famille aisĂ©e. Elle est ensuite passĂ©e par un CAP soudure et la vente de livres, avant de se lancer dans lâagriculture et dâouvrir une table dâhĂŽte, finalement fermĂ©e en 2013. Elle y servait jusquâĂ 80 couverts et assure que le nombre ne doit pas servir dâexcuse Ă une baisse de la qualitĂ© ou justifier un changement de recette. "Nous avons une cuisine authentique mais elle dĂ©rive, dĂ©nonce ainsi Sabine Dijoux. Les gens lui tournent le dos. Ils mangent vite, le moment de partage se perd. Il y a les tĂ©lĂ©phones, les barquettes⊠Il faut que les gens rĂ©apprennent Ă cuisiner. Câest possible mĂȘme pour 100 personnes."
Son credo, Sabine Dijoux lâa beaucoup dispensĂ© depuis une vingtaine dâannĂ©es sur les ondes radio de RĂ©union la 1ere et Ă la tĂ©lĂ©vision. Elle lâa aussi dĂ©clinĂ© en livre, "La cuisine de Sabine", Ă©ditĂ© Ă compte dâauteur faute de trouver une maison dâĂ©dition qui la soutienne. "Quand jâavais ma table dâhĂŽte, 80% de mes clients Ă©taient RĂ©unionnais, continue-t-elle. Ils venaient de partout et me demandaient toujours mes recettes. Quand je me suis cassĂ© les cĂŽtes en 2013, je ne pouvais plus travailler, je me suis mise Ă Ă©crire. Je pourrais en faire cinq numĂ©ros, mais ça coĂ»te un peu cher."
DĂ©sormais, câest Ă travers des formations, ouvertes Ă tout public, mais auxquelles se pressent surtout des gĂ©rants de tables dâhĂŽte, que Sabine Dijoux dispense son savoir-faire et son goĂ»t pour les recettes bien rĂ©alisĂ©es. "Il faut retrouver les bons gestes, martĂšle encore la Saint-andrĂ©enne. Quand on roussit de la viande et des oignons, ça veut dire quelque chose, pas jeter deux minutes dans une poĂȘle. Moi, je veux transmettre, je veux que les gens reviennent Ă ce goĂ»t-lĂ , Ă tout ce qui nous a fait."
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