Cari poulet, pùté créole ou encore cabri massalé

Salon de l'Agriculture : Sabine Dijoux, une cheffe pĂ©i pour ravir les papilles du public

  • PubliĂ© le 25 fĂ©vrier 2024 Ă  16:10
  • ActualisĂ© le 25 fĂ©vrier 2024 Ă  16:20
Salon de l'Agriculture : Sabine Dijoux, une cheffe péi pour ravir les papilles du public

Ce samedi 24 fĂ©vrier 2024, s'est ouvert la 60Ăšme Ă©dition du Salon de l'Agriculture Ă  Paris. Parmi les exposants, le village RĂ©union et une cheffe, Sabine Dijoux. Une cuisiniĂšre hors pair, prĂȘte Ă  faire saliver le public venu nombreux Ă  la dĂ©couverte des produits pĂ©i. Deux fois par jour, Ă  10h et 15h, Sabine Dijoux fait la cuisine sous les yeux des visiteurs, dans le Village RĂ©union montĂ© par le Conseil dĂ©partemental. AprĂšs un cari poulet et un pĂątĂ© crĂ©ole le jour de l’ouverture du salon, c’est Ă  un cabri massalĂ© qu’elle s’est attelĂ©e ce dimanche, indique le DĂ©partement dans un communiquĂ© que nous publions ci-dessous (Photos : Conseil dĂ©partemental)

DĂ©coupe des oignons et de l’ail, cuisson du cabri frais, ramenĂ© de La RĂ©union, ajout du curcuma et du massalĂ©, le visiteur assistait Ă  toutes les Ă©tapes de la prĂ©paration. "Quelques-uns venaient lui poser des questions, et elle y rĂ©pondait volontiers, toujours soucieuse de partager sa passion", indique le DĂ©partement.

"La prĂ©paration du cabri massalĂ© Ă©tait aussi l’occasion, grĂące Ă  l’animateur du Village RĂ©union, de prĂ©senter un producteur d’épices, Gabriel Patchane-Lacane, patron de la sociĂ©tĂ© TrĂ©sor des engagĂ©s, installĂ©e Ă  la RiviĂšre Saint-Louis. Au micro, celui-ci dĂ©taillait la torrĂ©faction du mĂ©lange de coriandre, de cumin, de fenugrec, de moutarde et de kalou pilĂ© qui produit le massalĂ©. Sabine expliquait aux visiteurs Ă  quel point cette Ă©pice compte dans la cuisine rĂ©unionnaise."

Pour la dégustation, toujours trÚs appréciée des visiteurs, "Sabine Dijoux garnissait des cuillÚres de riz sur lesquelles le cabri massalé était présenté en petite quantité". Dans la journée, elle préparait aussi des bonbons miel, avant de passer au rougail chevaquine, aux bonbons piment, au sosso mais dans les jours qui viennent.

- La cuisine, une passion de famille -

Le goĂ»t se forme pendant l’enfance, quand le plaisir d’expĂ©rimenter s’associe Ă  des papilles plus disponibles. Sabine Dijoux n’a jamais oubliĂ© la sienne, Ă  Saint-AndrĂ© dans les annĂ©es 60, ni les marmites qui traversaient la cour en volant lorsque sa mĂšre ne retrouvait pas les saveurs espĂ©rĂ©es dans ses premiĂšres prĂ©parations.

"J’avais intĂ©rĂȘt Ă  m’appliquer" raconte aujourd’hui celle qui a fait de la cuisine crĂ©ole traditionnelle son combat, menĂ© de sa table d’hĂŽte jusqu’aux formations qu’elle dispense dĂ©sormais, en passant par les mĂ©dias de l’üle et, jusqu’au 3 mars, le Salon international de l’agriculture, au cours duquel elle rĂ©alise les animations culinaires du "Village RĂ©union".

Sabine Dijoux a dĂ©couvert la cuisine Ă  l’ñge de huit ans. A dix, elle tuait elle-mĂȘme le poulet. C’est sa mĂšre, "excellente cuisiniĂšre", qui lui a tout appris, dans le "fief de la gastronomie rĂ©unionnaise", Saint-AndrĂ© donc. "La cuisine rĂ©unionnaise, c’est 70% au moins d’ingrĂ©dients d’origine indienne", explique-t-elle. "C’est toute notre base de cuisine. Et quand j’étais enfant, 70% de la population de Saint-AndrĂ© Ă©tait malbare." "Ma piĂšce prĂ©fĂ©rĂ©e, c’est la cuisine", raconte-t-elle encore. "C’est la piĂšce la plus chaude de la maison, lĂ  oĂč on va prendre un cafĂ©, se parler, c’est lĂ  que se trouve la vie de famille."

A seize ans, la Saint-andrĂ©enne a quittĂ© l’école pour travailler comme nĂ©nĂšne dans une famille aisĂ©e. Elle est ensuite passĂ©e par un CAP soudure et la vente de livres, avant de se lancer dans l’agriculture et d’ouvrir une table d’hĂŽte, finalement fermĂ©e en 2013. Elle y servait jusqu’à 80 couverts et assure que le nombre ne doit pas servir d’excuse Ă  une baisse de la qualitĂ© ou justifier un changement de recette. "Nous avons une cuisine authentique mais elle dĂ©rive, dĂ©nonce ainsi Sabine Dijoux. Les gens lui tournent le dos. Ils mangent vite, le moment de partage se perd. Il y a les tĂ©lĂ©phones, les barquettes
 Il faut que les gens rĂ©apprennent Ă  cuisiner. C’est possible mĂȘme pour 100 personnes."

Son credo, Sabine Dijoux l’a beaucoup dispensĂ© depuis une vingtaine d’annĂ©es sur les ondes radio de RĂ©union la 1ere et Ă  la tĂ©lĂ©vision. Elle l’a aussi dĂ©clinĂ© en livre, "La cuisine de Sabine", Ă©ditĂ© Ă  compte d’auteur faute de trouver une maison d’édition qui la soutienne. "Quand j’avais ma table d’hĂŽte, 80% de mes clients Ă©taient RĂ©unionnais, continue-t-elle. Ils venaient de partout et me demandaient toujours mes recettes. Quand je me suis cassĂ© les cĂŽtes en 2013, je ne pouvais plus travailler, je me suis mise Ă  Ă©crire. Je pourrais en faire cinq numĂ©ros, mais ça coĂ»te un peu cher."

DĂ©sormais, c’est Ă  travers des formations, ouvertes Ă  tout public, mais auxquelles se pressent surtout des gĂ©rants de tables d’hĂŽte, que Sabine Dijoux dispense son savoir-faire et son goĂ»t pour les recettes bien rĂ©alisĂ©es. "Il faut retrouver les bons gestes, martĂšle encore la Saint-andrĂ©enne. Quand on roussit de la viande et des oignons, ça veut dire quelque chose, pas jeter deux minutes dans une poĂȘle. Moi, je veux transmettre, je veux que les gens reviennent Ă  ce goĂ»t-lĂ , Ă  tout ce qui nous a fait."

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