Ce vendredi 13 octobre 2023 sera un "vendredi noir" dans le secteur de la santé. Tous les syndicats représentatifs des médecins libéraux appellent à une grève illimitée. À La Réunion, près de 90% des professionnels vont déposer leur blouse… pour un temps indéfini. Les professionnels de santé réclament en particulier la hausse du tarif des consultations. Le mouvement se poursuivra jusqu'à ce "qu'il y ait une prise de conscience du gouvernement", indique l'Ordre des médecins de La Réunion (Photo rb/www.imazpress.com)
En raison de cette mobilisation, quasiment toutes les activités de consultation et actes techniques seront déprogrammés. L'ensemble des urgences seront elle transférées à l'hôpital public.
"C'est la première fois qu'il y a une telle unité, que cela soit en cabinet, pour les généralistes, spécialistes ou dans les établissements de soins", note le Docteur Reuben Veerapen.
Une grève particulièrement suivie à La Réunion puisque près de 90% des médecins seront en grève.
À la Clinique Sainte-Clotilde, où le médecon exerce, en tant que chirurgien vasculaire, "on sera quasiment à l'arrêt. On ne diffère pas les radiothérapies, les chimiothérapies mais par exemple le service coronographie s'arrête", dit-il.
De plus, "les chirurgiens ne prendront pas d'urgences", explique le Docteur Reuben Veerapen.
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- Relancer les négociations sur la revalorisation -
Deux revendications principales sont portées par ce mouvement. Après l'échec des négociations avec l'Assurance maladie, la revalorisation des consultations avait été à minima de 1,50 euros.
Une revalorisation jugée largement insuffisante. "En France, nous sommes le pays d'Europe où la consultation chez le médecin est la plus basse. La revalorisation n'a pas été faite depuis sept ans", explique le Docteur Veerapen.
Et alors que l'inflation touche tous les secteurs, "on est seulement à 25 euros de la consultation, après 10 années d'études c'est une vraie dévalorisation de la médecine".
D'autant que "nous avons des augmentations de loyer, des charges, du matériel pour s'occuper des patients et si la consultation n'augmente pas on n'arrivera plus à soigner correctement la population", souligne le chirurgien.
Les professionnels ne sont d'ailleurs pas les seuls à avoir jugé cela insuffisant, le gouvernement aussi. "je signerais dans les prochains jours la lettre de cadrage" pour permettre à l'Assurance maladie de lancer les discussions, a assuré ce mercredi 11 octobre le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau.
Certains syndicats de médecins aimeraient donc une nouvelle revalorisation des consultations, à 30, voire 50 euros.
- Une proposition de loi qui ne passe pas -
Par ailleurs, l'autre un autre point cristallise la colère des professionnels de santé. Il s'agit de la proposition de la loi Valletoux sur "l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels".
Un texte qui prévoit que les praticiens des établissements privés participent davantage aux permanences de nuit et de week-end pour soulager la charge des hôpitaux publics.
"C'est un texte qui se veut coercitif. On travaille déjà énormément et en plus on voudrait nous demander de faire des gardes à l'hôpital alors qu'on assume déjà les permanences pour les soins de nos patients", s'offusque le Docteur Veerapen. "C'est imposer une nouvelle contrainte aux médecins pour rendre le travail encore plus difficile", ajoute-t-il.
Un texte qui envisage également d'obliger les médecins souhaitant partir à la retraite de se déclarer à l'Agence régionale de santé. Si cela paraît normal, ce qui l'est moins c'est la décision qui peut en découler. "Six mois avant le départ on dépose notre demande et si l'ARS considère qu'il n'y a pas de tension professionnelle ou territoriale on peut partir et sinon on devra continuer à travailler."
Cette proposition de loi a été votée le 15 juin 2023 par les députés en première lecture. Elle est portée par le député Frédéric Valletoux du groupe Horizons de la majorité présidentielle. Elle doit être examinée au Sénat les 24, 25 et 26 octobre prochains.
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