Il se cachait dans une ravine (actualisé)

Féminicide de Kamla Beechouk : le principal suspect interpellé à Saint-Leu, sa garde à vue prolongée

  • Publié le 15 août 2024 à 16:49
  • Actualisé le 16 août 2024 à 11:23

Le principal suspect dans l'affaire du féminicide de Kamla Beechouk, Justin Baleinier, a été interpellé ce mercredi 14 août 2024, annonce le parquet de Saint-Pierre. L'antenne du GIGN (groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) a procédé à son interpellation dans une ravine de Saint-Leu "suite à des témoignages faisant état de la présence de l'intéressé à un endroit qui faisait l'objet d'une surveillance" ajoute-t-il. Les auditions ont débuté ce mercredi soir. Sa garde à vue a été prolongée de 24h. Il sera déféré au parquet vendredi matin L'homme était recherché depuis le 18 juillet (photo Sly/www.imazpress.com)

Les faits remontent au 18 juillet dernier. Les forces de l'ordre sont appelées sur une intervention à Saint-Leu. À leur arrivée, ils trouvent le corps d'une femme. Il s'agissait de Kamla Beechouk âgée de 62 ans.

Depuis, son compagnon était introuvable. "D'importantes recherches opérationnelles ont été menées par les gendarmes pendant plus de trois semaines, de jour comme de nuit, mobilisant de nombreuses unités : Compagnie de Saint-Paul, Section de recherches de Saint-Denis, Cellule en identification criminelle, Groupe d'investigation cynophile, Antenne GIGN, Section aérienne, Brigade des transports aériens" détaille le procureur de Saint-Pierre, Olivier Clemençon. 

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Ce mercredi en fin d'après-midi, "la gendarmerie parvenait à localiser Justin Baleinier dans une ravine sur la commune de Saint-Leu". "À 18h05, l'antenne GIGN transportée par hélicoptère procédait à l'interpellation de Justin Baleinier qui était remis aux enquêteurs et placé en garde à vue" ajoute le magistrat.

- Elle devait déménager -

Kalma Beechok, surnommée "Mone" par ses proches, était sur le point de s'éloigner de son compagnon violent. Le jeudi 18 juillet, jour de son agression mortelle, elle devait en effet déménager de Saint-Leu pour aller habiter à Plateau Caillou.

À Maurice, île dont elle était originaire, c'est le choc. Si sa famille savait qu'elle subissait des violences au sein de son couple, personne n'imaginait qu'une telle tragédie pouvait survenir.

"Quand elle revenait au pays, elle nous racontait comment son époux la maltraitait. On la conseillait. L’année dernière, elle était venue pour quelques jours", a raconté sa nièce au média mauricien Défimédia. "On était au courant mais on ne savait pas que ça allait finir comme ça" a-t-elle déploré.

"Elle était plus qu’une amie, elle était une sœur pour moi" a témoigné une de ses amies proches auprès de Défimédia. "À chaque fois qu’elle revenait à Maurice, on se voyait et elle me disait ce qui lui arrivait. Je ne suis pas d’accord avec ce qui s’est passé. Elle n’avait pas de famille proche là-bas" a-t-elle déclaré.

- La victime avait alerté les forces de l'ordre -

Le féminicide de Kalma Beechok a aussi été déploré par l'Union des femmes de La Réunion (UFR). "Une fois de plus, la victime avait alerté" les forces de l'ordre avait noté l'UFR

"La justice avait prononcé des mesures pour sa protection par une interdiction d’approcher la victime. L'auteur des violences, son mari, avait été sanctionné par une condamnation. Pourtant, dans la vraie vie, en l’absence de moyens pour garantir effectivement cet éloignement et permettre à l’auteur des violences ou à la victime d’être logée ailleurs, cette dernière a encore dû subir la proximité avec son agresseur" dénonce l'UFR.

"Dans la vraie vie, elle n'a pas été protégée. Elle a dû patienter. Lui, il a pu choisir son moment pour mettre fin à la vie de sa victime, qui recommençait à espérer et à imaginer la liberté d'une vie loin de la violence et de ce contrôle coercitif" souligne l'association féministe.

Le parquet avait alors confirmé que l'auteur présumé des faits avait déjà été condamné et incarcéré pour des faits de violences sur conjoint. "Il a par la suite été incarcéré et a été suivi judiciairement jusqu’en juin 2024. Il n’était donc plus sous suivi judiciaire le jour des faits" avait toufefois précisé le parquet.

Le parquet se défend de son côté : incarcéré et suivi judiciairement jusqu’en juin 2024, le suspect "n’était plus sous suivi judiciaire le jour des faits".

- Prise en charge des victimes critiquée -

La prise en charge des victimes de violences conjugales est cependant toujours sous le feu des critiques. Alors qu'environ 17% des victimes de féminicides avaient porté plainte contre leur meurtrier en France, les moyens dédiés à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles font toujours l'objet de vives critiques.

"La lutte contre les violences faites aux femmes est supposément la grande cause de deux quinquennats successifs. Or, le gouvernement refuse d'accorder les moyens suffisants pour protéger les femmes" estime l'UFR.

"L'ignorance entourant les systèmes de domination patriarcale broyant les femmes ne peut plus servir de prétexte à l'inadaptation de l'action publique. Et nous ne pouvons pas croire en l'indifférence de la puissance publique... Kalma Beechok n'aurait pas dû mourir" lance l'association. 

- Département violent -

La Réunion est aujourd'hui le quatrième département le plus violent envers les femmes. Si l'île a réussi à s'éloigner de la troisième place qu'elle occupait depuis plusieurs années, les violences envers les femmes restent un véritable fléau.

Lire aussi - Violences sexistes : 10 plaintes déposées chaque jour en moyenne à La Réunion

En février dernier, une femme a été découverte blessée par balles dans la cour de sa maison située chemin Piton Rouge à Sainte-Marie. Gravement blessée, elle a finalement survécu à cette tentative de féminicide. Son conjoint, qui avait été retrouvé à l'intérieur de l'habitation également blessé par une arme à feu, a lui succombé à ses blessures après avoir été transféré à l'hôpital.

Le 25 janvier, dernier le corps de Christelle, dénudé et enroulé dans un drap, avait été découvert à l'Ilet Coco à Saint-Benoit. Il s'agissait d'une femme de 29 ans, mère de deux enfants, dont la disparition avait été signalée quelques jours avant la découverte du corps. Le principal suspect, Amir M., était un de ses clients. Il a été mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire dans l'attente de son procès.

En 2023, La Réunion n'a pas été endeuillée par un féminicide. 10 plaintes étaient cependant déposées chaque jour pour violences conjugales en moyenne. 3 interventions des forces de l’ordre pour des violences intrafamiliales étaient enregistrées chaque jour en moyenne.

En 2022, 2 féminicides ont été à déplorer à La Réunion. 2050 femmes victimes ont été accueillies par les associations spécialisées, et 2866 affaires pour violences conjugales ont été enregistrées.

• Si vous êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez contacter le 3919, le numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences. Des conseillers sont disponibles 24h/24. La Réunion est le quatrième département français en matière de violences intrafamiliales.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
HULK
HULK
9 mois

Un "expert" avait diagnostiqué qu'il ne présentait aucun dangerosité et qu'il ne nécessitait aucun suivi judiciaire. Voilà le résultat. J'espère que l'expert ne sera pas payé pour le travail de me.de qu'il a fourni.