Ce samedi 24 mai 2025, le Kabardock accueille le Ball La Poussièr, organisé par Mother Luna Lanvin et l'association In Motion 974. En tête d'affiche de cette soirée, la figure emblématique du rap queer français, Piche. Rappeuse, danseuse et drag queen d'origine algérienne et gitane, Piche s'est fait connaître du grand public lors de la saison 2 de Drag Race France. En juillet de l'année dernière, l'artiste performe lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris. À la veille de son concert au Port, Imaz Press s'est entretenu avec Piche. (Photo sly/www.imazpress.com)
Qui est Piche ?
Piche : "Je m'appelle Piche, j'ai 28 ans, je suis originaire d'Arles et je fais du drag depuis à peu près 4 ans maintenant. Et ça fait autant de temps que je fais de la musique. Officiellement, en tout cas, en tant que métier".
Comment avez-vous commencé le drag ?
Piche : "Je participais à un spectacle qui s'appelait le Fashion Freak Show de Jean-Paul Gaultier, en 2018. Monsieur Gaultier m'avait choisi pour être sosie de Conchita Wurst, drag queen et chanteuse autrichienne, gagnante de l'Eurovision 2014. C'était ma première petite expérience avec le drag, si je puis dire. Ensuite, j'ai découvert RuPaul's Drag Race, la version des Etats-Unis, et je me suis vraiment mis au drag en 2021. J'ai commencé en faisant un concours qui s'appelait la "Drag Me Up", à Paris. J'ai fait ça pendant un an à peu près, avant de participer à une compétition qui s'appelle Drag Race France, et le reste... it's history !"
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Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est le drag ?
- Le drag, une forme d'art militante -
Qu'est-ce que le drag représente pour toi ?
Piche : "Pour moi, c'est surtout, un moyen d'expression. C'est quelque chose qui m'a permis de faire des choses que je me permettais un peu moins de faire en civil. Enfin, j'ai toujours dansé, j'ai toujours chanté. D'ailleurs, c'était mon métier avant de faire du drag. J'ai eu cette chance-là de pouvoir en vivre avant. C'est vrai que le drag, de manière un peu paradoxale, ne permet pas d'éviter le jugement, mais permet de s'enficher. C'est-à-dire qu'on est de toute façon jugé. Avec ou sans drag. C'est vrai qu'à partir du moment où on met une perruque et des faux cils très très longs, on est plus enclin à être jugé par une plus grande majorité dans la société. (Rires) Et en même temps, ça donne une force très importante qui permet aussi de se ficher, de l'avis des autres. Écoutez.
Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans Drag Race France ?
Piche : Je pense qu'on peut parler de tremplin, carrément. Moi, ce que ça m'a permis particulièrement - au-delà du fait de vulgariser un peu plus ma musique et de pouvoir maintenant voyager pour ça, d'être à La Réunion par exemple pour ma musique - c'est surtout de découvrir mon drag,. Parce que j'en faisais depuis un an quand je suis arrivé sur Drag Race et mon identité drag et la personne qui était véritablement Piche, n'était pas extraordinairement définie. Donc, ça m'a permis d'affiner. Écoutez.
Une drag queen qui rappe ça peut surprendre. Est-ce un moyen pour vous de provoquer ?
Piche : "Je n'aime pas provoquer, mais j'aime quand ça titille quand même. Ça a toujours été très viscéral chez moi". Écoutez.
"Du coup, je me retrouve avec des personnes qui viennent à mes concerts et il y a un vrai clash des cultures, j'ai envie de dire. C'est hyper intéressant, parce que pour moi, la musique et le drag, c'est ça. C'est de créer des ponts entre les gens".
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- Des punchlines pour déconstruire -
"Le rap, c’est fait pour dénoncer les maltraitances faites sur les minorités". Son titre "Oh my Piche"est un hymne festif et engagé célébrant la liberté d'être soi. Écoutez.
À quoi doit s'attendre le public ce samedi, au Kabardock ?
Piche : "J'aime faire du show à l'américaine, mais avec une subtilité à la française. J'aime qu'il y ait du show-off. J'aime que ça danse sur scène, j'aime avoir des ventilos, avoir les cheveux au vent. J'aime quand on me voit au moment où je performe, et qu'on se dise, c'est intense. Presque qu'on puisse se dire "pour qui elle se prend". Et quand la musique s'arrête et que je reprends le micro, je suis beaucoup plus accessible. Je vais parler avec les gens. Des fois, mes concerts ressemblent, peut-être un peu trop, à des stand-up comédies. J'aime échanger avec le public. La proximité, pour moi, c'est très important. On peut se permettre de faire des shows avec beaucoup de paillettes, avec du très haut en couleur, avec beaucoup d'exigences scéniques, de lumière, de musique, la performance vocale, tout ça, tout en étant quand même accessible. C'est ça que j'essaie de créer sur scène.
Un petit mot pour convaincre le public réunionnais de venir ce samedi ?
Piche : Je ne connais pas, évidemment, toutes les programmations qui existent à La Réunion, mais il y a peu de chance pour que vous ayez déjà vu ça !
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