Ce jeudi 8 décembre 2022, le Comité régional, olympique et sportif de La Réunion fait le point sur les Jeux des Îles 2023, qui se dérouleront à Madagascar. Si l'on sait déjà que l'événement aura lieu entre le 23 août et le 15 septembre 2023 et que 23 disciplines seront représentées, beaucoup de questions restent en suspens. C'est le cas pour les dates définitives, les lieux de compétition et l'état des infrastructures... Et évidemment des atteintes à l'éthique sportive. (Photo jeux des iles photo RB imazpress)
Ce que souhaite le Comité régional, olympique et sportif de La Réunion, c'est de savoir enfin comment vont s'organiser ces jeux. Quelles seront les dates définitives ? Où auront lieu les compétitions sportives ?
Malheureusement, à l’issue de cette réunion, guère plus de détails. Si ce n’est que 800 athlètes Réunionnais et leurs accompagnateurs seront de la partie.
Toutefois, concernant les dates exactes, c’est le flou qui règne. Madagascar a pour l’heure acté entre le 23 août et le 15 septembre. Mais cette date ne convient pas à tout le monde, notamment au Comité régional olympique et sportif de La Réunion. « On sera bien obligé de suite les dates choisies à la majorité mais pour l’heure nous continuerons à demander à ce que les jeux se tiennent fin juillet », déclare Claude Villendeuil, président du Comité Régional Olympique et Sportif de La Réunion.
Des dates qui, on le comprend, ne collent pas forcément avec le calendrier de La Réunion, puisqu’à cette date, jeunes, étudiants et sportifs ont repris le chemin de l’école.
Des dates qui, seront officialisées le 14 décembre prochain à Madagascar.
- Une organisation plus qu'approximative -
Si ce n’était que les dates qui posaient problème. Côté infrastructures, pas plus de nouvelles non plus. Le Cros qui s’est rendu à Madagascar pour organiser le déplacement des sportifs, n’a même pas pu encore visiter les chantiers. Cela devrait se faire la semaine prochaine lors de la réunion du Comité international des jeux (CIJ), mais en attendant, n’est-ce pas cacher la réalité du terrain ?
Stade, gymnase, piscines… certes il y en a à Madagascar, mais peuvent-ils accueillir ces jeux ? La question se pose notamment sur les piscines olympiques, alors que, pour l'heure, aucune n’a été désignée pour les compétitions. Seule possibilité, « déplacer l’ensemble des athlètes dans les autres villes en dehors de Antananarivo ».
L’hébergement est également un point qui reste en suspens. Hôtel, village… où logeront nos sportifs ? Selon les informations, « la délégation devrait loger dans les hôtels de Tana », note Claude Villendeuil.
Là où l’inquiétude est plus grande, c’est concernant le village de jeux. « Sans village il n’y a pas l’âme des jeux, c’est compliqué », ajoute le président du Cros.
Il y a tellement de points encore trop incertains que même des présidents de ligue se posent la question de savoir si oui ou non ces jeux auront bel et bien lieu. Car organiser ces jeux a un coût, et pour La Réunion il est de 1,5 millions d’euros.
- Des Jeux des îles qui cachent les bidonvilles -
À la question de si ces jeux se tiendront, la réponse du Cros est unanime : oui. « On est persuadé que ça va se tenir car Madagascar ne peut économiquement, socialement et politiquement, se passer d’une organisation comme celle-là. »
Pourtant, de nos avis, si, Madagascar aurait pu se passer de ces jeux. Car hormis l’organisation chaotique de cette compétition, se pose surtout la question éthique. Personne au Comité ne se pose cette question ? Personne ne s’inquiète du sort des millions de Malgaches en souffrance à cause de la sécheresse ou de la famine ? Ne serait-ce pas là plutôt l’inquiétude principale à avoir, plutôt que celle de savoir si les dates conviendront ou pas ?
Devons-nous rappeler au Comité que Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde. Construire des stades, des gymnases pour un tel événement c’est très louable pour développer le pays, mais à l’heure où 81 % de la population qui se trouve avec un revenu journalier inférieur à 8.600 ariary par jour, soit 2 euros, ce n’est certainement pas la priorité.
Construire des piscines dans un pays où la sécheresse règne l’est encore moins.
Que penser de ces millions de malgaches qui meurent de faim chaque jour, face aux grands buffets qui seront certainement organisés en marge de ces jeux lors de soirées où seuls l’ensemble des nations.
Que penser de ces millions de gens qui n’ont plus le moindre lopin de terre suite aux passages de cyclones comme Batsirai, pendant que des millions d’euros seront déboursés pour rénover des infrastructures.
Si nous espérons que les ligues et le Cros trouveront des réponses à leurs questions sportives, ce que nous espérons encore plus, c'est que cet événement ne fera pas oublier - voire ne renforcera pas - la crise humanitaire qui touche la grande majorité des habitants de la Grande île.
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