Les compétitions auront lieu à Madagascar

Plusieurs disciplines exclues : confusion et indignation à trois mois des Jeux des Îles

  • Publié le 27 mai 2023 à 15:15
  • Actualisé le 27 mai 2023 à 15:22

L'ensemble du bassin Sud océan indien et notamment La Réunion attendait cette ultime visite à Madagascar de pied ferme. Au final, le Conseil international des jeux a tranché. Sept disciplines sur 24 évincées de la compétition. 17 restantes pour les 11ème Jeux des îles de l'Océan indien (JIOI). À trois mois des jeux, le constat est amer pour de nombreuses sportifs et de nombreuses questions restent en suspens…(Photo rb/www.imazpress.com)

Le Conseil international des jeux (CIJ) de Madagascar a rendu sa décision à l'issue de plusieurs jours de réunion à Ivandry. La 11ème édition des jeux aura bien lieu aux dates prévues, mais il faudra compter sept disciplines en moins, comme nous vous l'annoncions. Un véritable coup de massue pour les sportifs qui se préparent depuis des mois voire des années à cette compétition.

Lire aussi - Jeux des Îles 2023 : plusieurs disciplines retirées du programme

- Des athlètes sur la touche -

Le surf, le tir à l'arc, la voile, le taekwondo, le rugby à 15, le kick-boxing, le beach soccer, l'équitation et le beach-volley ont été évincés. À noter également qu'il n'y aura pas non plus de football féminin ni de boxe féminine.

Le Comité régional d'équitation, par le biais de son président Samuel Silotia, avait été le premier à réagir suite à notre sollicitation. Le président du CRE a indiqué apprendre avec "beaucoup de surprise" le retrait des sports équestres des Jeux des Îles de cette année, qu'il qualifie de "triste nouvelle".

Daniel Blondy, président du comité de rugby de La Réunion, n'est pas étonné de ce choix. "Sur 25 disciplines, il fallait s'attendre à ce que certains passent à la trappe". Mais, "nous sommes déçus pour le XV qui évidemment s'était préparé aux jeux", déclare Daniel Blondy, président de la ligue de rugby de La Réunion. "Pour certains, ces jeux étaient la dernière compétition de leur carrière", ajoute-il.

La ligue de voile de La Réunion elle aussi devra rester amarrée au port. "Pendant deux ans on a eu des informations contradictoires, mais jusqu'au bout on s'est battu pour ces jeux." Le système malgache pour distiller les informations a été terrible à vivre en termes de pression", ajoute-t-il.

Dans le milieu de la voile, "nous sommes très déçus que ça ne puisse pas avoir lieu, surtout que nous faisons régulièrement des rencontres inter-îles entre les Seychelles, Maurice et La Réunion". "Nous espérions intégrer Madagascar dans cette dynamique", ajoute le président de ligue. Une dynamique "qu'on continuera à mettre en œuvre pour que Mada puisse nous rejoindre".

"Ce qui est important pour nous (ndlr – la ligue de voile), c'est que les athlètes ne soient pas déçus mais nous nous étions préparés à ce que ça ait lieu et que ça n'ait pas lieux."

Florence Noël, présidente de la ligue de volley de La Réunion a elle aussi réagit au retrait du beach-volley des JIOI, notamment face à l'incertitude quant au retrait définitif ou non de cette discipline. "On ne sait pas si c'est retenu ou pas, ce n'est pas définitif", dit-elle.

- "On accuse le coup" -

Johan Guillou, président de la ligue de basket, ne fait pas partie de la liste des évincés des jeux. Mais cela ne l'empêche pas d'être remonté face à cette organisation ou plutôt cette désorganisation. "Dès le départ ils ont eu les yeux plus gros que le ventre. Retirer des sports à trois mois des jeux, c'est énorme, on pense à ceux qui s'étaient préparés." "Combien de gamins pensaient représenter La Réunion", dit-il.

Même déception du côté de la ligue de surf. "On est extrêmement déçus", déclare, consterné, Thierry Martineau, président de la ligue. Le surf devait cette année faire son entrée aux JIOI après son inscription aux Jeux olympiques. "Sportifs, dirigeants, bénévoles, on s'est préparés depuis presque un an, on a même envoyé une délégation en mars faire un stage à fort-Dauphin (lieu qui devait accueillir les compétitions de surf).

"On accuse le coup", dit-il. "Au-delà de tout cela, pour nous, ce ne sont pas les valeurs que défend le mouvement sportif. Quand on prend la décision d'organiser les jeux dans un temps imparti, ce n'est pas à trois mois qu'on dit non il n'y aura pas ces sports. Je trouve cela même irrespectueux", ajoute Thierry Martineau. "C'est regrettable. Cela fait un an qu'on nous balade, si on ne se sent pas capable de faire les jeux, on ne les prend pas", s'insurge-t-il.

Et même si une alternative a été évoquée par le CIJ, "on n'ira pas". "Le surf réunionnais se désengage des Jeux des îles."

- Une affaire politique là-dessous ? -

Pour Dominique Alincourt, président de la ligue de voile, la tenue prochaine des élections présidentielles à Madagascar n'est pas étrangère à cette décision. "On a été pris en otage par les Malgaches par le fait que le président Rajoel et l'actuel président du Comité olympique vont s'affronter en novembre."

Johan Guillou, président de la ligue de basket-ball de La Réunion, s'inquiète d'une crise politico-sportive. "Selon moi, la politique prend la main à la place du comité des jeux et cela m'inquiète."

"Je ne jette pas la pierre au Cros, ça ne doit pas être évident d'être là-bas entouré d'un gouvernement qui veut imposer ses jeux", conclut-il.

Pour Thierry Martineau, comme pour certains présidents de ligue, "je pense c'est un peu géopolitique, notamment avec les élections qui doivent avoir lieu en novembre".

- 7 sur le carreau, 17 qui restent... mais pas de précisions pour autant -

Pour ceux qui restent - l'athlétisme, le badminton, le basket, le football, la natation, la boxe, le cyclisme, l'haltérophilie, le handball, le karaté, le judo, la lutte, la pétanque, le rugby à XII, le tennis, le tennis de table ou encore le volley-ball – si la participation aux jeux et bel et bien actée, la sérénité n'est pourtant pas de mise.

En effet, quid des infrastructures, quid du logement, du transport et surtout de la sécurité ? Pour l'heure, à seulement trois mois des jeux, c'est le flou total.

Dominique Alincourt, président de la ligue de voile et également membre du Comité régional olympique et sportif (Cros) l'a dit, "cela fait plus de deux ans que le Cros travaille avec acharnement sur ces jeux. Et nous faisons tout pour que ces jeux permettent à nos athlètes de s'exprimer dans les meilleures conditions pour aller au bout de leurs rêves".

La ligue de volley – qui voit le beach-volley évincé des JIOI – garde tout de même le volley en salle. Une pleine consolation face à une désorganisation totale des jeux. "Je crois que c'est le flou pour tout le monde. Depuis le départ les choses ne sont pas claires, entre les dates qui changent, des disciplines retirées, c'est totalement décousu", dit-elle. Tout en ajoutant, "on a du mal à prendre nos repères".

Après, comme Florence Noël le dit, "de toute façon les sportifs gardent le moral et on ira jusqu'au bout pour performer, malgré les angoisses, l'incertitude et beaucoup de frustration". "On reste concentré même si on navigue en eaux troubles", conclut la présidente de la ligue.

Johan Guillou, président de la ligue de basket, est inquiet. "Ils disent qu'ils centralisent sur Tana pour des questions de sécurité, ça ne met pas en confiance. Dans quel cadre va-t-on partir ?"

Le président de ligue s'insurge également d'une organisation "brouillonne". "On part dans trois mois dans un endroit où on ne sait rien, c'est grave."

Une désorganisation telle que Johan Guillou s'est posé la question d'aller ou pas vraiment aux Jeux des îles. "Ça ne donne pas envie d'y aller, après, les joueurs et joueuses veulent y aller, c'est normal c'est leur objectif sportif, mais nous, dans l'ombre, on n'a presque pas envie d'aller là-bas dans ces conditions", déclare le président de la ligue. "Et même par solidarité, on se pose la question", dit-il.

- Madagascar se veut confiante -

Claude Villendeuil, président du Comité régional olympique et sportif de La Réunion (Cros) – à l'issue de son passage à Madagascar pour échanger avec la commission des jeux – est mitigé. "Je suis content que les jeux se fassent, mais nous avons encore de grosses incertitudes." Après, dit-il, se voulant rassurant, "sur les équipements et le logement, j'estime que Mada a largement la capacité de le faire et de les présenter dans les temps".

Autre souci, la sécurité. "Mada a tenu à rassembler tout le monde sur Tana et ce n'est pas pour rien." "Ils ont estimé que sur la capitale ils avaient suffisamment des ressources policières pour pouvoir assurer la sécurité des délégations étrangères, après, ce n'est pas une sécurité à 100%", déclare le président du Cros.

Il ajoute, "le président de Madagascar l'a dit, il veut que les jeux se fassent, et ça c'est rassurant".

De leur côté, les équipes de Madagascar se veulent rassurantes. Ni les sports évincés, ni l'organisation approximative ne pourra entacher l'optimisme des organisateurs malgaches, confiants en la possibilité de leur pays d'offrir des infrastructures de qualité et acceptable de tous.

"Ici à Madagascar plus personne ne se pose cette question. Nous avons encore du travail à effectuer, mais nous sommes déterminés. Surtout, nous avons le soutien plein et entier du gouvernement", assure André Haja Resampa, ministre de la jeunesse et des sports malgache, également président du comité d'organisation des Jeux des îles de l'Océan indien.

Côté infrastructures, là aussi le gouvernement de Madagascar dit tout avoir sous contrôle, notamment grâce au soutien du gouvernement chinois, qui a offert du matériel sportif.

"Nous avons déjà bien avancé, et nous avons, en plus du stade Barea, le joyau architectural de l'océan Indien en matière de sport, 18 gymnases à travers le pays, et plusieurs stades. Nous allons terminer les infrastructures qu'il reste encore à réhabiliter, mais nous avons passé le plus dur et nous sommes inarrêtables", a déclaré fièrement André Haja Resampa, à nos confrères de Réunion La 1ère.

Il reste cependant encore beaucoup de chemin à parcourir… Mais ce qui est certain, c'est que les athlètes sauront se souvenir de ces 11èmes Jeux des îles de l'Océan indien.

Lire aussi - Madagascar : les Jeux des Îles se tiendront (et c’est sûr) du 25 août au 3 septembre 2023

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Missouk
Missouk
2 semaines

C'est super pour les athlètes qui se préparaient depuis des mois... Assez inadmissible que ces décisions ne soient pas prises bien en amont afin que chacun puisse (ou pas) se préparer en conséquence

runboz
runboz
2 semaines

Madagascar a fait des choix il faut les respecter, sinon il faut simplement annuler les jeux des îles comme ça il n'y aura plus de jaloux!

Popo
Popo
2 semaines

A la fin il en restera un