Prison de Fresnes

Les surveillants, interdits de créole, portent plainte pour racisme

  • Publié le 21 décembre 2016 à 14:24

Les surveillants pénitentiaires de Fresnes dans le Val-de-Marne ont annoncé mardi 20 décembre avoir porté plainte pour discrimination, incitation à la haine et propos racistes contre Adeline Hazan, contrôleur des prisons, qui dénonce leur usage du créole dans la maison d'arrêt. Selon le rapport, l'utilisation du créole entre les surveillants "limite le contrôle hiérarchique et donne aux personnes détenues un sentiment d'incompréhension des décisions qui les concernent".

Les recommandations contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) se basent sur une visite de deux semaines effectuée début octobre. Les agents du CGLPL ont relevé dans la maison d'arrêt pour hommes des "dysfonctionnements graves qui permettent de considérer que les conditions de vie des personnes détenues constituent un traitement inhumain ou dégradant", contraire à la Convention européenne des droits de l'homme.

C'est donc à la fin de ce document que les contrôleurs pointent également du doigt l'usage du créole. Une langue "fréquemment utilisée pour les échanges professionnels entre surveillants, ce qui limite le contrôle hiérarchique et donne aux personnes détenues un sentiment d'incompréhension des décisions qui les concernent", selon leur rapport.

Des propos que le syndicat FO pénitentiaire juge "discriminatoires à l'encontre des personnels pénitentiaires ultramarins", selon la plainte qu'il a adressée au procureur de la République de Créteil (Val-de-Marne). Des tracts ont été relayés sur les réseaux sociaux.

 

Sous-effectif et hygiène "désastreuse"

Le rapport estime que Fresnes souffre par ailleurs d'un personnel en sous-effectif, composé d'environ "70% de stagiaires". Dans une prison où un seul surveillant a environ 120 détenus sous sa responsabilité, le respect de leurs droits fondamentaux est "structurellement impossible", argue la contrôleure. Soumis à un "climat de tension permanente", les surveillants ont développé "un usage banalisé de la force et des violences". A Fresnes, "la fouille à corps devient la règle et non l'exception" et le personnel peut placer "pendant de longues heures" les détenus dans des "salles d'attente" surnommées "placards", sans sanitaire ni point d'eau. Trois surveillants ont récemment fait l'objet de mesures disciplinaires, relèvent les contrôleurs.

Selon le rapport, le taux d'occupation moyen atteint 188%, le nombre de détenus - près de 3.000 - a augmenté de plus de 52% en dix ans. Plus de la moitié vivent "à trois dans une cellule" standard d'environ 10m2, un tiers à deux, et seulement 13% sont seuls. Une situation "très en-deçà des normes fixées par le Comité européen pour la prévention de la torture", relève la contrôleure.

L'hygiène de l'établissement est "désastreuse", selon ses services, avec des rats qui "évoluent en masse au pied des bâtiments". Le tribunal administratif de Melun avait déjà ordonné début octobre à l'Etat d'"intensifier" les actions de dératisation à Fresnes. En 2016, deux détenus y ont contracté la leptospirose, maladie potentiellement mortelle transmise par les rats.

En réponse à ces observations, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a rappelé dans une lettre que le budget 2017 prévoit de lancer la construction de trois maisons d'arrêt en Ile-de-France pour désengorger les prisons. Il a aussi détaillé des travaux à venir l'an prochain, pour plus de 900.000 euros, pour lutter contre les rats.

www.ipreunion.com avec AFP

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1 Commentaires
piece de theatre et jeux de role
piece de theatre et jeux de role
7 ans

Autant la discrimination à l'egard du creole est en contradiction avec les 39 articles de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, autant la qualification de "racisme" est vouée à faire flop devant n'importe quel tribunal. On reconnait bien là les methodes de FO pour brasser de l'air sans perturber l'autorité.