Lutte antivectorielle : les premiers moustiques mâles stériles imprégnés lâchés sur Saint-Joseph

  • Publié le 29 août 2025 à 14:37
  • Actualisé le 29 août 2025 à 14:38
moustique spray

Imaz Press vous l'annonçait au mois de mai. Ce mardi 26 août 2025, ont eu lieu les premiers lâchers de moustiques mâles stériles imprégnés à Langevin (Saint-Joseph). Une fois lâchés, ces moustiques "vont aller s'accoupler avec les femelles à l'état sauvage qui pondront des œufs mais qui ne vont pas éclore", expliquait Cécile Brengues, chef du projet Optis (Opérationnalisation de la technique de l’insecte stérile contre les Aedes vecteurs de maladies à La Réunion). D’août 2025 à février 2026, 1.000 mâles stériles imprégnés seront lâchés par hectare et par semaine. Les essais dureront 18 mois (Photo : rb/www.imazpress.com)

Encadrés par un arrêté préfectoral (délivré le 4 avril 2025), ces essais se poursuivront pendant 12 mois, sur 175 hectares, de mars 2026 à février 2027, toujours à raison de 1.000 mâles stériles imprégnés/hectare/semaine sur la commune de Saint-Joseph.

Objectif, "affranchir les limites biologiques de la TIS liées au flux entrant de femelles fertiles en zone de lutte et/ou de mortalité densité-dépendante des larves dans les gîtes larvaires, réduire les coûts de production des mâles stériles de moustiques, évaluer la perception et l’acceptabilité de cette technologie et définir de nouvelles stratégies intégrées de lutte antivectorielle et de prévention/réduction des risques épidémiques", écrit l'Institut de recherche et de développement (IRD) dans un communiqué.

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- Saint-Joseph, terrain de test pour les moustiques stériles -

Le projet OpTIS, co-porté par ces deux instituts avec l’appui de la mairie de Saint-Joseph, vise à mesurer l’efficacité et l’acceptabilité sociale de la "TIS renforcée".

"Depuis 2021, Saint-Joseph s’est pleinement engagée aux côtés de ses partenaires pour accompagner l’expérimentation de la technique de l’insecte stérile. Aujourd’hui, avec les premiers lâchers opérationnels de moustiques mâles stériles à Langevin, notre commune devient le terrain pionnier du projet, une innovation scientifique et environnementale majeure dans la lutte antivectorielle à La Réunion", se félicite le maire de la commune, Patrick Lebreton.

"C'est un projet réunionnais pour les réunionnais qui illustre parfaitement notre savoir-faire. Il ouvre la voie à une réponse durable face aux menaces que représentent les maladies transmises par les moustiques. Notre île porte toujours les cicatrices de ces épidémies et la menace demeure malheureusement toujours d'actualité. Saint-Joseph est fière d'être partenaire de ce projet qui pourra profiter à toute l'île, voire à d’autres territoires confrontés aux mêmes enjeux", ajoute-t-il.

- "Irradier" les mâles à l'état adulte -

Financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER), la Région Réunion, le ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et le ministère de la santé, "le projet a pour objectif principal d’améliorer l’efficacité de la TIS (technique de l'insecte stérile) contre Aedes albopictus tout en l’élargissant aux autres vecteurs qui partagent les mêmes gîtes larvaires, en particulier Aedes aegypti", indique l'IRD du Cyclotron Réunion Océan indien (Cyroi)..

Dans sa version renforcée, "la TIS est potentialisée par l’utilisation d’un larvicide, le pyriproxifène, biocide de troisième génération utilisé à très faible concentration et de manière ciblée dans l’espace et dans le temps", explique l'IRD. Il s'agit de produits chimiques qui consistent à "irradier les mâles à l'état adulte en les imprégnant d'un acide", expliquait à Imaz Press, Cécile Brengues.

Une fois lâchés, ces moustiques "vont aller s'accoupler avec les femelles à l'état sauvage qui pondront des œufs mais qui ne vont pas éclore", précise l'ingénieure.

Si par hasard, "le moustique ne rencontre pas de femelles, le fait qu'il soit imprégné de biocides fait que dès lors qu'il va s'abreuver dans les gîtes larvaires, il va les contaminer", ajoute-t-elle.

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- 60% de réduction de fertilité -

Avant le projet OpTIS, l’IRD et le Cirad avaient déjà mis en place deux projets dans ce domaine. Depuis 2009, l’IRD a ainsi coordonné un projet d’étude de faisabilité puis la mise en place d’un essai pilote de la TIS à Sainte-Marie. Cet essai pilote conduit de juillet 2021 à juillet 2022, a abouti à une stérilité induite de plus de 60%.

De 2016 à 2021, "le Cirad a, lui, coordonné le projet de recherche Revolinc, en partenariat avec l’IRD et financé par le Conseil Européen de la Recherche (ERC), ayant abouti à un essai pilote de "TIS renforcée" contre Aedes aegypti à Saint-Joseph, en 2021. La réduction de cette population a atteint 91 % en fin d’essai avec, dans une moindre mesure, une réduction des densités d’Aedes albopictus", précise l'IRD.

Les premiers résultats de ces lâchers seront connus d'ici la fin de l'année.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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