Promesse non tenue et poudre de perlimpinpin (actualisé)

Minimum vieillesse : les 900 euros, ce n'est pas pour maintenant

  • Publié le 3 janvier 2019 à 09:51
  • Actualisé le 3 janvier 2019 à 10:51

Le 28 novembre 2018 en visite à La Réunion en pleine crise Gilets jaunes , Annick Girardin, ministre des Outre-mer annonce - notamment -, que sur l'île l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa, anciennement minimum vieillesse) sera portée à 900 euros par mois dès le 1er janvier 2019. Le montant de la revalorisation est identique à celui annoncé pour toute la France plusieurs semaines auparavant. Seule mesure spécifique à La Réunion : l'augmentation devait avoir lieu plus tôt qu'en Métropole en raison de "l'urgence sociale". Il n'en sera rien. Interrogée par Imaz Press, la Caisse générale de sécurité sociale déclare que "rien n'est acté". Questionné à son tour, la réponse du ministère des Outre-mer est encore plus claire : la hausse de l'Aspa " à La Réunion suivra le calendrier national". Exit - sans explication - , la promesse faite par la ministre : les gramounes de La Réunion devront attendre comme les autres... En mars Annick Girardin viendra à La Réunion annonce son ministère. Il se murmure - sans confirmation -, qu'elle pourrait être accompagnée d'Emmanuel Macron. Lequel aura sans doute fort à faire pour expliquer cet énième saupoudrage de poudre de perlimpinpin...

A quoi s'est engagé le président de la République

C'était l'un des engagements phares du candidat Macron durant la campagne présidentielle : préserver le pouvoir d'achat des retraités et maintenir leur niveau de vie. À son arrivée au pouvoir, il met en place deux mesures fortes : la hausse de la CSG. Pas forcément en adéquation avec les ambitions... L'autre mesure c'est la revalorisation de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) qui a remplacé le minimum vieillesse en 2006. Dans le décret de mars 2018, il est prévu une augmentation progressive de l'ASPA :+ 30 euros en 2018, + 35 euros au 1er janvier 2019, + 35 euros au 1er janvier 2020. L'objectif : que l'ASPA s'élève à 900 euros par mois en 2020. Cette procédure devait être accélérée à La Réunion et prende effet au 1er janvier 2019 avait annoncé la ministre des Outre-mer.

Au 1er janvier 2019, vraiment ?

Annick Girardin avait insisté sur l’échéance " ces mesures concrètes prendront effet au 1er janvier 2019 et bénéficieront aux Réunionnais et aux Réunionnaises " avait-elle affirmé. Sur cette vidéo, à 12 minutes 45, les annonces de la ministre au complet, regardez :


Première constatation : les annonces de la ministre sur le volet social sont décevantes, du réchauffé. Une répétition des mesures du Plan pauvreté dévoilé par Emmanuel Macron trois mois plus tôt. La " vraie " nouveauté, c’est que ces mesures s’appliqueront à La Réunion plus tôt qu’en métropole, au 1er janvier 2019. Bonne nouvelle, l’ASPA sera donc à 903 euros brut pour les bénéficiaires réunionnais. Du moins, c’est ce que l’on croyait…

Une promesse non tenue

Les 19.000 Réunionnais qui touchent l'Aspa vont tomber de haut. Le 12 janvier, date à laquelle leur sera versée leur pension, le compte n’y sera pas. Oui, il y aura une augmentation, mais pas celle attendue. Au lieu des 903 euros, ce sont 868,20 qui arriveront sur leur compte bancaire. 35 euros de différence. L’exception réunionnaise volent en éclats. Les mesures d’urgence de la ministre - qui avait écouté attentivement les Gilets jaunes et semblait avoir pris conscience de l’ampleur de la crise - n’étaient en fait que de la poudre aux yeux.

Une volte-face qui a pris tout le monde au dépourvu

Le pire, c’est que tout semble s’être décidé à la dernière minute. Nous avons contacté la Caisse générale de sécurité sociale le mercredi 2 janvier en début d’après-midi. Nous pensions, naïvement, que la mesure était entrée en application et souhaitions avoir plus de précisions sur sa mise en œuvre à La Réunion, seul département où la revalorisation devait être aussi élevée.

À la direction des retraites de la CGSS, on nous avait alors expliqué que l’annonce de Annick Girardin avait pris tout le monde au dépourvu. Que le temps que les services s’organisent, la revalorisation à 900 euros serait effective "dans quelques semaines ou quelques mois et qu’il y aurait un rattrapage pour les bénéficiaires de l’Aspa". Une réponse qui semblait déjà assez surréaliste. Jusqu’à cet appel quelques heures plus tard…

Après une réunion des directeurs de la CGSS, le discours est tout autre. On nous explique qu’en fait " rien n’est acté, les tractations entre les différents ministères concernés sont en cours ". Les choses se corsent. À la question " pensez-vous que la revalorisation à 900 euros entrera en vigueur à La Réunion cette année ? " un silence gêné fait office de réponse.

Les explications du ministère des Outre-mer

Pas le choix, il fallait qu’on ait le fin mot de l’histoire. Nous avons donc contacté le ministère des Outre-mer. Plusieurs heures plus tard, on a notre réponse. À nos sept questions, un mail laconique du chef du pôle communication du cabinet de la ministre " la plupart des mesures annoncées ont été prévues pour 2019 et s’étaleront sur l’année. L’allocation solidarité aux personnes âgées à La Réunion suivra le calendrier national. La ministre se rendra à La Réunion dès le mois de mars pour faire le point sur les mesures annoncées. "

Tout est normal

Annick Girardin fait marche arrière sans sourciller. Au vu du mail, on dirait que tout est normal. Pas de justification, pas d’explication, rien. Mais que répondre à ces personnes déjà en difficulté qui pensaient toucher 28 euros nets de plus sur une pension qui n’est déjà pas très élevée ? Selon la CGSS, les bénéficiaires de l’ASPA représentent environ 23% des retraités à La Réunion. Lorsqu’on touche une si petite retraite, 28 euros, ça compte, ça peut même faire toute la différence.

19.000 retraités touchent le minimum vieillesse aujourd’hui, sans doute beaucoup plus dans les années à venir. Selon les statistiques de l’Insee, La Réunion s’orienterait vers un véritable " papy-boom " à l’horizon 2040.  Du côté de la CGSS, on nous explique que le nombre de bénéficiaires de l’Aspa est en constante augmentation. Le nombre de retraités vivant en dessous du seuil de pauvreté devrait encore grimper.

fh/www.ipreunion.com

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4 Commentaires
Monique la traitre
Monique la traitre
6 ans

C DES MENTEURS....

Framboise
Framboise
6 ans

Et les retraités qui touchent moinsur ! moi par exemple, je perçois 733 euros toutes retraites comprises, j'ai un petit f2, je paye les charges, la mutuelle. ..et je n'ai pas droit à l'aspa....comme plein d'autres personnes du reste. Bonne année à tous. Merci les gilets jaunes ! N'oubliez pas les vieux qui ont des petites retraites.

lol
lol
6 ans

Le gouvernement souhaite augmenter le montant de l'Aspa pour le porter à un peu plus de 900 euros au cours du quinquennat. Le minimum vieillesse doit ainsi faire l'objet de plusieurs hausses significatives dans les mois et années à venir. Selon la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, cette hausse progressive de l'Aspa suit le calendrier suivant. 2018 : Une première augmentation de 30 euros est intervenue le 1er avril 2018 : à cette date, l'Aspa 2018 pour une personne seule est passée de 803 à 833 euros par mois. 2019 : Une deuxième hausse de 35 euros aura ensuite lieu le 1er janvier 2019. Le montant de l'Aspa 2019 sera égal à 868 euros pour une personne seule. Pour les couples, la hausse est de 54 euros. Soit un montant de 1 348 euros. 2020 : Enfin, une troisième revalorisation exceptionnelle de 35 euros interviendra en 2020. A partir du 1er janvier 2020, le montant de l'Aspa sera de 903 euros pour une personne seule. Pour les couples, le nouveau montant sera porté à 1 402 euros.

Daniel
Daniel
6 ans

Et pas un mot pour les milliers de retraités très pauvres qui ne perçoive que entre 100 euros et 700 euros qui n'ong pas le minimum vieillesse mais personne ne parle d'eux