Une semaine après le début de l'opération Wuambushu à Mayotte, le bilan est pour l'instant mitigé pour le ministère de l'Intérieur. Plusieurs interpellations ont eu lieu dans le cadre de l'opération de lutte contre la délinquance. Toutefois les bidonvilles sont toujours sur pied et les Comores refusent toujours d'accueillir les personnes expulsées. Les échanges diplomatiques sur le sujet entre l'Etat français et son homologue comorien restent sans effet pour le moment.
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Marine Le Pen appelle à "la mise en place d'une politique dissuasive d'immigration" à Mayotte
Elle interpelle Elisabeth Borne sur la question. "Je dis aux Mahorais, il n'y a pas de fatalité mais des choix politiques" déclare-t-elle.
"Qu'allez-vous faire pour Mayotte?': Marine Le Pen interpelle Élisabeth Borne et appelle à "la mise en place d'une politique dissuasive d'immigration" pic.twitter.com/OCsL3lQ9qE
— BFMTV (@BFMTV) May 2, 2023 -
- "Camouflet inacceptable pour la République" -
Wuambushu patine et pour le Collectif des citoyens mahorais, principal organe de soutien à l'opération Wuambushu, celle-ci a été "amputée de ses deux volets" sur l'habitat et l'expulsion des étrangers.
"Nous nous interrogeons sur l'efficacité d'une telle révision des objectifs", a déclaré à l'AFP son responsable, Fatihou Ibrahime, pour qui "si rien n'est fait rapidement pour corriger le tir, cette opération pourrait se révéler être une mise en danger de la vie des Mahorais en plus du camouflet inacceptable pour la République".
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Pas de édécasage" et centre de rétention "plein à craquer"
Le Centre de rétention administrative de Mayotte (136 places) est "plein à craquer" et les étrangers contrôlés en situation irrégulière reçoivent depuis plusieurs jours des Obligations de quitter le territoire français (OQTF) dites "libres", sans interpellation, a appris l'AFP de source policière.
Les arrivées d'embarcations de fortune de migrants, les "kwassa kwassa", se sont par ailleurs taries, indique la même source
Selon le miistèrede l'Intérieur, aucune traversée n'a été détectée entre le 22 et le 30 avril, lorsque 32 migrants ont été secourus et interpellés par la police. Deux embarcations sont en moyenne détectées par jour dans ces eaux territoriales.
Les éloignements de personnes en situation irrégulière n'ont pas été chiffrés par la préfecture, qui a néanmoins relayé l'expulsion par avion d'au moins trois ressortissants sri-lankais et sept malgaches.
Lire aussi : pléthore de moyens, d'hommes et de communication pour la "non opération" Wuambushu
Mobilisées via une plateforme d'avocats, les associations de droits de l'Homme ont multiplié les actions et recours contre l'Etat, notamment contre l'ouverture à tout-va de lieux de rétention administrative éphémères ne respectant pas les règles habituelles en la matière.
Elles ont surtout obtenu une victoire en empêchant in extremis mardi dernier la destruction et l'évacuation d'un bidonville de Koungou, "Talus 2", où vivent une centaine de familles. Le préfet a fait appel de cette décision.
A ce jour, aucun autre "décasage" de bidonville ou de quartier n'est en phase active à Mayotte.
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- Mise au vert des étrangers en situation irrégulière -
Depuis quelques jours, les émeutes ont baissé en intensité. Mais la population mahoraise reste sur le qui-vive et s'aventure peu dehors en cette période de vacances scolaires où la plupart des événements publics et privés ont été annulés.
La plupart des étrangers en situation irrégulière se sont mis "au vert" dans les villages et les montagnes ou vivent à la maison de peur de se "faire paffer" (prendre par la Police aux frontières, la PAF).
Depuis lundi, un bras de fer diplomatique s'est engagé entre Paris et le gouvernement comorien, qui revendique une souveraineté sur Mayotte et a refusé de laisser accoster le "Maria Galanta", le ferry transportant quotidiennement des dizaines de Comoriens expulsés.
"On travaille d'arrache-pied avec ce gouvernement (de Moroni, ndlr) pour trouver des solutions", a assuré la porte-parole du ministère, Camille Chaize, en insistant sur les "intérêts communs" des deux pays.
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"La préfecture de Mayotte a 48H pour produire les preuves de l’existence des logements proposés aux familles sous le coup d’une expulsion"
Le tribunal administratif a entendu plusieurs familles ce mardi qui contestent leur expulsion de Talus 2 à Majicavo. "Ils dénoncent, entre autres, l’absence de solutions de relogement adaptées" rapporte le journaliste Louis Witter, présent sur place. "La défense de la préfecture indique que seront versées en télérecours les pièces qui justifient de l’existence des logements. Mais est incapable de donner des détails sur leur superficie par exemple" ajoute-t-il.
L’audience est terminée, la préfecture de Mayotte a 48H pour produire les preuves de l’existence des logements proposés aux familles sous le coup d’une expulsion… pour les habitants de Talus 2, ce sont deux jours de stress supplémentaire.
— Louis Witter (@LouisWitter) May 2, 2023 -
3 pilotes de kwassas, dont deux en récidive, condamnés
"L'enquête judiciaire menée à la suite de l'interception de 2 kwassas dans la nuit de dimanche a prouvé que les 2 pilotes des embarcations étaient récidivistes. 15 mois de prison ferme et 10 ans d'interdiction du territoire Français" annonce la préfecture. "Le dernier a été condamné à 6 mois de prison ferme et 3 ans d’interdiction de territoire français" précise le préfet Thierry Suquet.
"L’ensemble des personnes se trouvant sur ces embarcations ont fait l’objet d’une prise en charge sanitaire après avoir été secouru en mer. Ils ont ensuite été placés en centre de rétention administrative" ajoute-t-il.
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L'opération "n'est pas du tout engluée" d'après Camille Chaize
L'opération de lutte contre l'immigration clandestine et la criminalité qui n'en est officiellement pas une et qu'à Mayotte tout le monde, sauf le ministère de l'Intérieur, appelle "Wuambushu" entre dans sa deuxième semaine avec un bilan mitigé.
"Elle n'est pas du tout engluée cette opération, bien au contraire", a assuré lundi sur CNews la porte-parole du ministère, Camille Chaize. "Elle a débuté il y a plusieurs semaines maintenant, elle va continuer de longues semaines, plusieurs mois".
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À propos
"Wuambushu"… tel est le nom de cette opération qui pour l'heure, n'a pas du tout fait ses preuves.
Une semaine après le début de cette opération de sécurisation et d'expulsion des clandestins, le bilan est loin des ambitions affichées au début par Gérald Darmanin.
Si la présence des forces de l'ordre sur l'île, 1.800 au total est bien visible, il n'y a pour l'instant que peu d'expulsions de personnes en situation irrégulière. La raison est simple, les Comores n'en veulent pas.
Toutefois, la présence de ces forces de l'ordre a eu le mérite de procéder à l'interpellation de plusieurs individus fauteurs de troubles. Un homme considéré comme l'une des figures des bandes criminelles de l'archipel été interpellé. Activement recherché, il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt après une condamnation à sept ans de prison. Cette information a été confirmée par le ministre de l'Intérieur sur Twitter.
Interpellation très importante à Mayotte
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 30, 2023
Un individu suspecté d’être un des leaders des bandes criminelles qui sèment la terreur sur l’île a été interpellé ces dernières heures à Mayotte dans le cadre de l’action déterminée que les policiers et gendarmes mènent contre la… https://t.co/tNxqhSHKdy
Dans la nuit de dimanche à lundi 1er mai, la brigade nautique de la Direction territoriale de la Police nationale de Mayotte a également procédé à l’arraisonnement de deux kwassas au large de Mayotte avec à bord 34 passagers. Les 34 comoriens en situation irrégulière étaient interpellés ainsi que les deux pilotes des embarcations.
Malgré les obstacles judiciaires et le refus des Comores de reprendre ses ressortissants, le préfet de Mayotte assume un "coup de pied dans la fourmilière" nécessaire.
- Les Comores font front contre les expulsions -
Les Comores, bien décidés à ne pas accueillir d'étrangers en situation irrégulière expulsés de Mayotte, bloquent toujours le retour de leurs ressortissants.
Ce qui pose un vrai problème à l'État puisqu'au bout de cinq jours, les personnes placées en centre de rétention administrative peuvent être laissées en liberté avec une obligation de quitter la France.
L'État peut tout de même saisir le juge des libertés pour renouveler le délai de détention au CRA qui peut être prolongé de 20 jours.
Le gouverneur de l’île d’Anjouan, Anissi Chamsidine, a pris des mesures supplémentaires pour entraver les reconduites à la frontière depuis Mayotte. Selon un arrêté paru ce week-end, tout voyageur arrivant à Mutsamudu devra produire une pièce d’identité comorienne en cours de validité, il devra avoir rempli les formalités de départ, montrer son billet de voyage, et devra être en mesure d’informer la police aux frontières de son lieu de résidence à Anjouan.
Les personnes qui tenteront d’introduire des voyageurs en violation de cet arrêté seront poursuivies en justice. En clair cela signifie que la compagnie SGTM, armateur du Maria Galanta, sera tenue pour responsable si elle amène à Anjouan des personnes expulsées dans le cadre de l’opération Wuambushu.
- Rejet de deux requêtes sur Talus 2 et les LRA -
Les avocats du Syndicat des avocats ont été déboutés de deux référés, annonce France Mayotte matin. Le gouvernement a obtenu deux victoires au niveau du tribunal administratif.
La première victoire s'agissant de l'opération de décasage de Talus 2 a permis à l'avocat de la préfecture dans sa plaidoirie de dire stop à l'inflation des référés qui selon lui seraient des référés empreints de politique. L'avocat de la préfecture a ainsi dit "j'en appelle à l'autorité du président du tribunal administratif pour remettre de l'ordre", soulignant un excès de dépôts de requêtes de type référé-liberté.
"La justice doit être saisie à bon escient avec discernement" explique l’homme de loi. Les arguments de l'avocat ont été entendus par le juge administratif qui a rejeté le référé.
Même résultat s'agissant des lieux de rétention administrative qui étaient attaqués par les associations et syndicats. Le juge administratif a validé la pertinence de l'ouverture et de la fermeture selon les besoins, des LRA.
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