Ce vendredi 22 mars 2024, Santé publique France a dévoilé le point épidémiologique régionale. L'épidémie de leptospirose continue à s'intensifier, depuis le 1er janvier 2024, 113 cas de leptospirose autochtones confirmés biologiquement ont été déclarés à l’ARS, avec une augmentation du nombre de cas rapportés dans le secteur est de l’île. On note également une augmentation des cas de dengue, majoritairement localisés dans le sud mais avec une tendance à la dispersion des cas sur d’autres communes, et une augmentation du nombre de consultations pour conjonctivite en médecine de ville. Nous publions ci-dessous le communiqué de l'ARS (Photo AFP)
L’activité des médecins sentinelles : il y a une augmentation des consultations pour conjonctivite. Baisse des consultations pour IRA et diarrhées aigues
- Leptospirose -
Données de la déclaration obligatoire : Depuis le 1 er janvier 2024, 113 cas de leptospirose autochtones confirmés biologiquement ont été déclarés à l’ARS (Figure A), soit 14 cas de plus que la semaine précédente.
Ce nombre de cas déclarés en 2024 est particulièrement élevé si on le compare aux deux dernières années (correspondantes aux incidences maximales enregistrées à La Réunion). Ainsi pour la même période de 2023, 29 cas avaient été déclarés pour 164 cas annuels et pour 2022, 44 cas déclarés pour 169 cas an.
Les communes qui rapportaient un nombre de cas supérieur à 5 étaient : Saint-Pierre (20 cas) ; Saint-Louis (14 cas) ; Saint-Paul (13 cas) ; Le Tampon (12 cas) ; Saint-Joseph et Saint-Benoit (respectivement 9 cas) ; Petite-Ile (8 cas) et Saint-Leu (7 cas). Les principales hypothèses de contamination déclarées par les cas lors de l’enquête de terrain étaient principalement des activités agricoles/élevage (professionnelle ou de loisirs) et dans une moindre mesure des activités de loisirs en contact avec de l’eau douce et des activités de nettoyage de cour (notamment après les épisodes de fortes pluies).
Il n’a pas été identifié de nouveaux décès au cours la S11 (1 en lien direct en S10 et 1 en cours d'investigation pour l’imputabilité en S09). Pour rappel, à La Réunion en moyenne de 1 à 3 décès par an sont liés à la leptospirose. Données du réseau Oscour®: En S11, l’activité pour suspicion de leptospirose (14 passages et 9 hospitalisations) représentait 0,3% de l’activité toutes causes confondues. Depuis le début de l’année, avec 73 passages et 43 hospitalisations, l’activité des services d’urgences pour ce motif était deux fois supérieure à la même période de 2023 (35 passages et 11 hospitalisations) et 2022 (36 passages et 22 hospitalisations)
- Covid 19 -
Le niveau de circulation virale de la COVID-19 est stable et faible. En S11, le taux de positivité (TP) était stable : 2% en S11 comme en S10 (Figure 1). Le taux de dépistage était en diminution : 39 tests pour 100 000 habitants en S11 contre 49 tests pour 100 000 habitants en S10. Le TP était stable à 2% en S11 et S10. L’analyse du taux de positivité par classes d’âges fait état d’une stabilité dans chacune d’entre elle (Figure 2)
En S11, les passages aux urgences pour motif de COVID-19 étaient stable (Figure 3). En S11, 5 passages aux urgences pour COVID-19 ont été comptabilisés contre 3 la semaine précédente (Figure 3). Le nombre de passages aux urgences pour motif de COVID-19 restait inférieur à la moyenne des passages en S11 entre 2020 et 2023 (Figure 3). Le nombre d’hospitalisations après un passage aux urgences pour motif de COVID-19 était stable avec 3 hospitalisations en S11 vs 3 en S10 (Figure 4). Le niveau des hospitalisations était inférieur à la moyenne 2020-2023.
- Syndrome grippal, infection respiratoire aiguë et virus gripaux -
En S11, les passages aux urgences pour motif de syndrome grippal étaient en baisse. Les urgences ont enregistré 20 passages pour un motif de syndrome grippal en S11 contre 31 la semaine précédente, soit une baisse de 30% (Figure 5). Le nombre d’hospitalisations pour syndrome grippal était stable avec 5 hospitalisations rapportées en S10 et S11. La part d’activité des urgences pour un motif de grippe représentait moins de 1% de l’activité totale.
La surveillance virologique identifiait en S11 une circulation de grippe toujours majoritairement de type A(H1N1)pdm09 (Figure 7). Le taux de positivité était stable avec 12% des tests positifs pour les virus grippaux en S11 comme en S10.
En médecine de ville, la part d’activité des Infections Respiratoires Aigües (IRA) était à la baisse avec 2,3% de l’activité totale en S11 comparé à 3,2% pour la S10. La part d’activité pour IRA se situait en S11 au niveau de la moyenne 2013-2023 (Figure 6).
- Bronchiolite (chez les moins de 2 ans) -
Les passages aux urgences pour motif de bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans avaient légèrement diminué en S11 comparés à la semaine précédente (Figure 8). En S11, 51 enfants âgés de moins de 2 ans ont consulté aux urgences pour une bronchiolite versus 53 en S10 (Figure 8).
On observait une baisse de 30% des nouvelles hospitalisations (n=21) par rapport à la semaine précédente (n=30). (Table 1).
La part de passages aux urgences pour bronchiolite parmi l’ensemble des passages d’enfants de moins de deux ans restait stable à 16,7% en S11.
Concernant la surveillance virologique, le taux de positivité pour le VRS chez les moins de deux ans baissait fortement, et se situait à 31% en S11 vs 61% en S10 avec une co-circulation de VRS de type A et de VRS de type B.
- Gastro-enterites aigues (GEA) -
En S11, les passages aux urgences tous âges pour un motif de gastro-entérite étaient en progression pour la 3 ème semaine consécutive avec 79 passages versus 67 passages en S10 (Figure 10) soit une hausse de 18%. Le nombre d’hospitalisations était aussi en hausse avec 20 hospitalisations en S11 vs 15 en S10.
Chez les enfants de moins de 5 ans, les passages aux urgences pour un motif de gastro-entérite augmentaient en S11 (n=33) comparés à la semaine précédente (n=27) (Figure 11). Les hospitalisations après un passage aux urgences demeuraient stables avec 4 hospitalisations en S11 vs 5 en S10.
En S11, la part de l’activité des urgences chez les moins de 5 ans pour la gastro-entérite progressait par rapport à la semaine précédente (6,7% en S11 vs 5,1% en S10). Malgré des indicateurs sanitaires hospitaliers en hausse La Réunion n’est pas en phase épidémique en raison d’un impact sanitaire restreint à ce stade.
En médecine de ville, la part d’activité pour diarrhée aigüe diminuait pour se situer à 2,2% en S11 (Figure 12). Elle était au niveau de la moyenne des années 2013-2023.
- Dengue -
Depuis le début de l’année, 258 cas ont ainsi été rapportés.
En semaine 10, le nombre de cas de dengue signalés était de 43 cas. Ce nombre de cas hebdomadaires, qui était relativement stable depuis la S08 (31 cas en S08, 32 en S09 ), était en hausse en S09 avec 65 cas. Cette tendance a l’augmentation ne se retrouve pas pour le moment en S10 mais il est nécessaire de suivre son évolution au cours des semaines à venir.
La plupart des cas sont localisés à St Joseph, qui compte pour 44% des cas en S10, soit 19 cas. En S10, les autres cas étaient majoritairement localisés à Saint-Philippe (11 cas), à Saint-Paul (8 cas), St Pierre et Le Tampon (respectivement 7 cas), L’Etang-Salé (6 cas). Cependant l’on observe une tendance à la dispersion des cas sur d’autres communes (dont Saint-Denis, Saint-Leu, Sainte-Rose).
Le sérotype circulant est toujours le DENV2.
L’impact sanitaire reste à ce jour faible avec 40 passages aux urgences (CHU Sud et CHOR principalement) pour syndrome compatible avec la dengue depuis le début de l’année, dont 7 en S11 et 6 en S10. Depuis 2 semaines, ce nombre est supérieur à 5 passages hebdomadaire. L’impact hospitalier de la dengue semble augmenter avec 12 hospitalisations après passage aux urgences recensées depuis le début de l’année, dont 4 recensées pour la semaine 11.
L’épidémie de dengue à Maurice et à Rodrigues se poursuit. Les résultats de sérotypage ont mis en évidence le DENV2 chez une personne de retour de Rodrigues.
La vigilance est recommandée au vu de la dynamique de circulation, d’un début de dispersion géographique des cas et de conditions toujours propices à l’expansion vectorielle et donc à la transmission du virus.
- Mortalité (toutes causes) -
En S09, le nombre de décès observé tous âges et toutes causes était de 120 personnes. Comparé à la semaine précédente, le nombre de décès observé était en augmentation modérée (n=113 en S08). Le nombre de décès observé en S09 était supérieur au nombre de décès attendu (n=110) mais cette différence était non significative.
Chez les plus de 65 ans, en S09, 91 décès ont été observés vs 83 décès attendus. Ce chiffre était supérieur à ce qui était observé en S08 (79 décès observés). Le nombre de décès observé en S09 pour cette classe d’âge était supérieur au nombre de décès attendu mais cette différence était non significative.
Chez les moins de 15 ans, 2 décès ont été observés en S09 (le nombre de décès attendu est de 2).

