Après des mois de tergiversions, Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement l'Etat de Palestine ce lundi 22 septembre 2025, devant l'Assemblée générale des Nations Unies. Une reconnaissance symbolique, alors que la bande de Gaza et la Cisjordanie occupée continuent d'être inlassablement massacrées par Israël, près de deux ans après l'attaque du 7 octobre 2023 perpétrée par le Hamas. Une décision qui arrive 77 ans et un génocide trop tard. (Photo Photo rb/www.imazpress.com)
Trop peu, trop tard. Après une ligne de soutien résolument "inconditionnel" à Israël, Emmanuel Macron semble s'être réveillé ces derniers mois face au génocide en cours à Gaza.
Un réveil qui arrive après le décès d'au moins 64.656 personnes, dont 18.431 enfants, et 163.503 personnes ont par ailleurs été blessées, dont 45.008 enfants, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, jugés crédibles par les instances internationales mais rejetés par Israël.
Mais selon l'ancien chef de l’armée israélienne lui-même, Herzi Halevi, plus de 10 % de la population de Gaza a été tuée ou blessée, soit 200.000 personnes. Une déclaration qui correspond donc globalement au bilan officiel publié par le ministère de la Santé de Gaza.
Une enquête du Guardian et de médias palestino-israéliens a par ailleurs révélé que cinq Palestiniens sur six tués par Israël sont des civils, soit 83% de civils.
Ces chiffres sont par ailleurs probablement sous-estimés, des études récentes suggérant que l'écart pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliers de personnes.
En janvier 2025, par exemple, la revue médicale britannique The Lancet estimait que le nombre de morts à Gaza, au cours des neuf premiers mois du génocide, est supérieur d’environ 40 % à celui enregistré par le ministère de la Santé palestinien.
Dans le détail, le ministère avait fait état d'un bilan de 37.877 morts entre octobre et juin 2024. L'étude du Lancet estime toutefois qu'entre 55.298 et 78.525 décès ont été causés par des lésions traumatiques à Gaza au cours de cette période. Des chiffres qui ne prennent par ailleurs pas en compte les personnes mortes suite à des maladies, à la famine, ou encore qui sont ensevelies sous les décombres.
À ce jour, beaucoup d'incertitudes demeurent sur le nombre de personnes qui se trouveraient encore sous les décombres. Selon des rapports locaux mis en avant par l'ONU le 20 avril 2025, ce chiffre dépasserait les 11.000 personnes.
L’ONU a par ailleurs confirmé le 22 août dernier qu’une famine est en cours à Gaza, en raison du blocus humanitaire imposé par Israël.
- La France complice -
Pas de quoi stopper les ventes d'armes à Israël cependant, alors que les prises de commandes du pays se sont élevées à 27,1 millions d’euros en 2024, d'après le rapport 2025 sur les exportations d’armement de la France révélé par Médiapart.
Des révélations d'autant plus fâcheuses que Sébastien Lecornu, nouveau Premier ministre et ex-ministre des Armées, s'est évertué à nier que le France vendait des armes utilisées pendant ce génocide, et qu'il avait une nouvelle fois affirmé le 11 juin dernier devant les députés que "La France ne vend pas d’armes à Israël. Point".
Des déclarations mensongères, donc, agrémentées de faibles "condamnations" des actions du gouvernement israélien publiées sur les réseaux sociaux depuis 2023. "France Diplomatie condamne…", "France Diplomatie s'inquiète…" : depuis deux ans presque – 77 ans, à vrai dire - la diplomatie française s'est contentée de mollement réagir aux exactions, crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide en cours à Gaza.
Même rengaine en Cisjordanie occupée, où les attaques de colons, protégés par l'armée d'occupation, deviennent toujours plus violentes. Cisjordanie depuis rebaptisée par le gouvernement israélien en "Judée-Samarie", dans un nouvel effort d'affirmer que la région sera bientôt part intégrante du pays.
Depuis le 7 octobre, plus de 925 personnes y ont été tuées, dont 214 enfants, et au moins 9.100 personnes ont été blessées, dont 1.630 enfants. Les attaques contre les villages palestiniens se multiplient, les incendies d'habitations aussi. Pourtant, le Hamas n'est même pas présent dans ce territoire occupé illégalement.
On peut d'ailleurs noter qu'entre janvier et septembre 2023, 41 décès d’enfants palestiniens y avaient été recensés et l'année 2023 avait été qualifiée d'étant la plus meurtrière pour les enfants de Cisjordanie…tout cela, donc, avant l'attaque du Hamas. Comme quoi, l'histoire n'a pas commencé le 7 octobre, quoi que veuillent en dire les soutiens indéfectibles d'Israël.
Face à ces violences, les mêmes réactions : un communiqué par ci, un tweet par-là, mais pas la moindre sanction, pas le moindre embargo sur les ventes d'armes.
Et voici que soudainement, Emmanuel Macron se réveille pour reconnaître un Etat décimé, où 78 % des immeubles ont été détruits sous les bombes. Hôpitaux, écoles, logements : rien n'a été épargné, tout sera à reconstruire…Si Israël, et par extension les Etats-Unis, le permettent.
Ce dont on peut fortement douter, alors que le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, a qualifié la bande de Gaza de "mine d’or pour le secteur immobilier". "Un plan d’affaires a été soumis à (Donald) Trump, élaboré par les professionnels les plus compétents", a déclaré Smotrich à Tel Aviv le 17 septembre.
Ce même Emmanuel Macron a failli à tous ses devoirs, notamment en laissant Benyamin Nétanyahou, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, survoler La France. France qui, comme tous les Etats signataires du traité fondateur de la CPI, est tenue de l'arrêter s'il entre sur son territoire.
Le même Emmanuel Macron et plus largement l'Etat français désormais, visé par un recours pour non-respect de la Convention pour la prévention des génocides.
L’association Juristes pour le respect du droit international reproche à l’Etat français l’absence de mesure prise afin de mettre en œuvre la convention de 1948, qui prévoit que les Etats tiers doivent agir afin de prévenir un génocide en cours.
Des tergiversions que l'on retrouve aussi autour du terme "génocide", qui semble-t-il ne peut être autorisé que quand on parle de la Shoah si l'on croit certains commentateurs aux connaissances historiques plus que douteuses. Et ce malgré les alertes des instances internationales et des spécialistes de la question.
- Génocide -
Car, pour rappel, une Commission d’enquête internationale indépendante mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a estimé le 16 septembre qu'Israël commet un génocide à Gaza.
Elle reproche notamment à Israël le meurtre d’un "nombre sans précédent de Palestiniens", l’imposition d’un blocus humanitaire ayant conduit l’ONU à déclarer l’état de famine et la destruction systématique des hôpitaux et écoles de la bande de Gaza.
Une Commission qui a d'ailleurs été mise en place bien avant l’attaque lancée par le Hamas le 7 octobre. Elle a été lancée en mai 2021, lors d’une session extraordinaire consacrée à "la grave situation des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est".
Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.
A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".
Avant cela, dès le 12 décembre 2023, la Fédération internationale pour les droits humains qualifiait les actes perpétrés par l’armée israélienne à Gaza de génocide.
Le gouvernement sud-africain a, lui, engagé en décembre 2023 une procédure contre Israël devant la CIJ, alléguant une violation de la Convention sur le génocide. Dans une décision préliminaire, la CIJ a reconnu un "risque de génocide" et a ordonné à Israël d'empêcher tout éventuel acte génocidaire dans la bande de Gaza, et d'autoriser l'accès humanitaire à ce territoire palestinien.
En novembre 2024, le rapport d'un comité spécial de l'ONU concluait aussi que les méthodes employées par Israël "correspondent aux caractéristiques d'un génocide". Amnesty International a accusé Israël de "génocide" à Gaza dans un rapport publié en décembre 2024.
Enfin, deux organisations de défense des droits humains israéliennes, B'Tselem et Physicians for Human Rights - Israël, ont affirmé le 28 juillet 2025 qu'Israël commettait un "génocide" dans la bande de Gaza, en se basant sur des enquêtes qu'elles ont menées.
Reconnaître l'Etat de Palestine, après que 148 pays dans le monde l'aient déjà fait, c'est le minimum. Avoir le courage de dire stop au génocide, mot qu'Emmanuel Macron se refuse à prononcer, c'est mieux.
En attendant la reconnaissance dans la soirée, le drapeau devrait flotter devant la mairie de Saint-Denis et Saint-Paul en opposition à la "circulaire du ministre démissionnaire de l'Intérieur", selon une source, tout comme devant la mairie de Saint-Denis et la Région. Nul doute que s'il avait s'agit d'un autre drapeau - imaginons ukrainien ou israélien, monsieur Retaillau n'aurait pas fait tout ce zèle.
Le Port a hissé le drapeau palestinien ce lundi 22 septembre 2025. Regardez :
Quelques chiffres du génocide à Gaza à voir ici :
Lire aussi - La France et neuf autres pays occidentaux reconnaîtront l'État palestinien lundi à New York, confirme l'Elysée
La Rédaction d'Imaz Press Réunion
boycott israel,sanctions,retrait des doubles nationalités,non au sionisme 🇯🇴🇯🇴🇯🇴🇯🇴🇯🇴.
En tant que journalistes, il n'y a t'il pas une prise de partie claire dans vos sujets sur gaza? je m'interroge
Tout à fait : on reconnait toujours immédiatement un article pondu par un « journaliste » d’imaz press, un parti-pris sans reflexion et des propos sans source !
C’est le constat du « génocide » qui vous gêne ?
Je constate que les diffuseurs d'informations ne parlent pas de la source, de la cause de ce conflit : le 7 oct 2023. Je constate qu'il n'y a pas de Gouvernement palestinien. Je constate que c'est le Hamas (un parti terroriste) qui dirige et gouverne la Palestine depuis des décennies : personne n'en a parlé. Pourquoi le Hamas interdit tous journalistes et enquêteurs à Gaza ? Pourquoi, seul l'ONU est le seul "porte parole" du Hamas ? S'agissant des morts, qui justifie et communique adultes, enfants morts ? La famine ! Qui contrôle et prouve que les aides alimentaires sont bien destinées au peuple ? Seul le HAMAS diffuse et victimise les palestiniens dont il se sert. Et aujourd'hui le HAMAS est RECONNU Chef-Gouverneur d'un ETAT !
Une reconnaissance hypocrite Juste pour dire que "bon çà y est vous avez vu! J'ai reconnu l'Etat de Palestine"! Mais c'est tout! Ne me demandez pas plus! Les livraisons d'armes ben.... il n'y en a pas! D'autre part aux USA, des pilotes militaires ont refusés de livrer des armes à ISRAEL , ils se sont fait arrêter et conduit sous escorte policière au PENTAGONE! Silence du coté du gouvernement Français! Faut pas contrarier NETANHAYOU! La France elle le fait en catimini!
Très belle analyse de la situation.
77 ans et un génocide plus tard, la "belle au bois dormant" se réveille et se dit : "Tiens, mais au fait ?... Si j'allais reconnaître la Palestine, maintenant que c'est devenu un champ de ruines et un cimetière à ciel ouvert ?..."
Ceux qui se proclamaient "soutiens indéfectibles" de Netassassin ont autant de sang sur les mains que ce génocidaire.
Melchior va t'il mettre le drapeau palestinien ?