Sport automobile

Tour Auto : des bolides verts, ce n'est pas encore pour demain

  • Publié le 29 juillet 2023 à 10:46
54ème Rallye de La Réunion, ES  Trois Bancs

Le sujet est complexe et suscite souvent des opinions divisées… Nous parlons bien sûr du Tour Auto qui se tient jusqu'au dimanche 30 juillet 2023 et plus précisément de l'impact de ce rallye sur l'environnement. Les voitures de sport polluent-elles plus que les voitures de ville ? Pratique du sport auto et préservation de la nature font-ils bon ménage ? Ce qui est certain c'est que n'est pas (encore) demain la veille qui les bolides vireront au vert (Photo : sly/www.imazpress.com)

Cette année, le 54ème Tour Auto totalisera 168,2 km, soit le kilométrage équivalant à quatre rallyes de Saint-Leu. Avec 129 équipages engagés pour ce rallye, des voitures, il y en aura. Cela va de la voiture de course, non autorisée à rouler sur route, au véhicule de (presque) Madame et Monsieur Toulemonde.

Le Tour Auto qui a lieu ce week-end a un tracé rapide, "voire très rapide", selon les organisateurs, avec des voitures roulant en moyenne à 88,5km/h et pouvant atteindre 200km/h.

Pousser les mécaniques dans leur retranchement… tel est l'objectif des pilotes du Tour Auto de La Réunion. Mais des voitures poussées à pleine vitesse, moteur vrombissant, à priori, ça pollue.

Toutefois, difficile de savoir si elles polluent vraiment l'air de La Réunion. Atmo Réunion – qui surveille la qualité de l'air – n'a pas de données précises sur les émissions qu'engendrent de telles courses.

Muriel Rajoël présidente de l'ASA Réunion, tient elle à le dire, "c'est vrai que le rallye pollue, mais après on n'a que six rallyes dans l'année, bien loin des millions de voitures qui circulent dans la semaine". "On passe, on fait du bruit, mais on ne pollue pas", lance-t-elle.

Pour Michel Mouton, invitée de marque de cette édition, "si à l'époque on n'avait pas le souci, je pense qu'il y a eu quand même une évolution. Aujourd'hui on est beaucoup plus axé sur l'environnement".

- La Réunion pas encore à la page -

Moteurs qui vrombissent, pots d'échappement qui ronflent… si la voiture est souvent synonyme de pollution, la voiture de course en est même un symbole plus criant.

Et si les rallyes ne sont pas nombreux à La Réunion, les voitures de courses elles, ne sont pas encore adaptées à l'évolution environnementale. "À La Réunion, ce n'est pas encore arrivé car ça coûte très cher", note Muriel Rajoël.

En effet, la technologie – déjà utilisée en WRC (World Rally Championship) n'est pas encore à La Réunion car "rien n'est adapté" et puis cela coûterait plusieurs milliers d'euros pour les amateurs de course.

- Il va tout de même falloir s'adapter -

Mais face au changement climatique, à l'évolution de la société et à l'importance du respect de l'environnement, "il va falloir s'adapter", note la présidente de l'ASA Réunion.

Michel Mouton, marraine de cette 54ème édition et grande femme du monde du rallye le voit bien d'ailleurs. "On doit s'adapter, on n'a pas le choix, il faut vivre avec", dit-elle.

Toutefois, hors de question de passer les voitures de rallye à l'électrique. "C'est assez complexe – même si les constructeurs veulent aller vers l'électrique – et en tant que responsable sécurité ça m'inquiéterait beaucoup. Les véhicules électriques ne font pas de bruit, or il faut faire du bruti pour prévenir les badauds de l'arrivée de la voiture."

Après, "si on n'a pas le choix on le fera. On verra où ça nous mène". "Pour moi, la voiture c'est l'esthétique et le bruit, sinon ça ne m'intéresse pas", conclut celle qui fut vice-championne du monde en 1982.

- Les écologistes ne sont pas du même avis -

Si par le passé, le bilan carbone n'était pas forcément très bon, que ce soit en termes de rallye qu'en terme de déplacement des spectateurs, le sport auto se veut maintenant plus "vert".

À comparer donc un rallye de quelques jours avec d'autres sports, tous sont comparables en termes d'impact. Le rallye polluerait même d'ailleurs moins qu'un match de football.

Mais pour les associations écologistes et Europe écologie les verts (EELV), le constat est sans appel : le Tour Auto, c'est non.

"À l’ombre du caractère festif et populaire, le maître-mot dans la course reste encore et toujours améliorer la performance, ce mythe qui coûte si cher à notre société (où le cocktail vitesse / prises de risques / addictions a ôté la vie à 45 personnes sur nos routes l’an dernier et a fait plus de 900 blessés) ; ce mythe qui, aux yeux de nos jeunes générations, rime avec excitation. Enfin, disons plutôt avec illusion", déclare EELV dans un communiqué.

"De manière générale, dans nos comportements respect et partage prennent peu à peu place face aux enjeux environnementaux et aux enjeux de société, cette course nous remet comme face à une évidence : ces réalités ne semblent pas concerner organisateurs, financeurs et pilotes engagés dans le rallye qui se lance dès demain à l’assaut de nos routes. Et c’est sans compter sur les risques de sorties de route et les nuisances sonores qui accompagnent ce type d’événement", lance Geneviève Payet, secrétaire générale d'EELV.

Mélissa Cousin, également d'EELV, "personne ne pourra dire le contraire, c'est un sport polluant (émission de gaz à effet de serre, consommation en carburant, usure accélérée des pièces du véhicule...)".

"Mais ce n'est pas tant la pollution engendrée lors de cette course qui heurte que le message contradictoire envoyé par ceux qui l'autorisent et la facilitent. Comment comprendre en effet que des Collectivités qui se disent engagées pour la mobilité durable et déterminées à proposer à la population un autre modèle que celui du culte de la voiture permettent ce type de course qui consacre le vroum vroum, la fumée et la vitesse obtenues à grand renfort de pétrole et de gaz à effet de serre? Ces Collectivités ont-elles entendu parler du dernier rapport du GIEC?!", dit-elle.

"L'Union Européenne dans son plan contre le réchauffement climatique a fixé l'objectif du 100 % véhicules zéro émission en 2035 avec des étapes intermédiaires en 2025 et 2030 (par exemple: les constructeurs automobiles doivent organiser de toute urgence l'abandon progressif des véhicules diesel et essence, hybrides compris, et mettre un terme aux ventes de voitures neuves carburant au pétrole d'ici 2028), alors par la force des choses ce type de courses automobiles est amené à disparaître", ajoute Mélissa Cousin.

- Respect de l'environnement et la biodiversité -

Quand on parle rallye, on évoque forcément la pollution de l'air, mais on parle moins souvent de la pollution des espaces.

À chaque événement sportif, ou non, les badauds viennent en masse admirer le spectacle. Et beaucoup trop d'entre-eux laissent leurs déchets sur place.

L'état de la route des Laves en ce temps d'éuption est là pour le prouver.

Pour le Tour Auto, l'ASA Réunion rappelle à chaque spectateur et concurrent le respect dû à ces axes routiers en préservant les espaces. "Il convient de récupérer ses déchets pour les jeter dans des réceptacles adaptés, comme une poubelle par exemple", note l'association dans un communiqué.

"Les splendides paysages et ces routes d'utilité avérée utilisées dans le cadre du 54ème Tour Auto sont un bien commun, disponibles pour tout un chacun et doivent donc être traités avec respect, ajoute l'association.

Il reste à savoir si ces recommandations seront suivies.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Batofou974
Batofou974
2 ans

Il y a les pour, il y a les contre... comme d'habitude, chacune, chacun avec ses arguments, ses bonnes intentions, ses intérêts, ses acquis, ses références et ses désirs!
Et il y a aussi? Le respect du bien être de toutes et tous, l'amour de la vie, celle que l'humanité a tant détruit et qui fait que la Terre n'en peut plus et nous le fait savoir.
Prochaine étape: le Tour de L'Île en chantant, à pied bien entendu, avec dans notre moteur le meilleur carburant qui soit, celui de la concorde et des énergies partagées!