Andry Rajoelina (Madagascar) :

"Je vais prendre le pouvoir"

  • Publié le 2 février 2009 à 00:00

Nouvelle escalade dans la crise malgache ce lundi 2 février 2009. Devant près de 10 000 personnes encore une fois rassemblée sur la place du 13 mai - haut lieu de la contestation à Madagascar -, Andry Rajoelina, maire d'Antananarivo, a annoncé qu'il allait déposer, ce lundi après-midi, une demande de destitution du président Marc Ravalomanana devant l'Assemblée nationale. "Lui il a trahi le pays, nous, nous allons respecter la légalité constitutionnelle" a-t-il commenté. Interrogé à la fin de son meeting par la presse, il a affirmé "je vais prendre le pouvoir incessamment". Il a demandé à ses partisans de se réunir tous les jours sur la place du 13 mai jusqu'au départ de Marc Ravalomanana. Par ailleurs, l'appel à la grève dans la fonction publique, lancé par le maire tananarivien, a été peu suivi.

"Ravalomanana, il faut que tu partes" a régulièrement scandé la foule pendant le meeting. Mais si la détermination ne semble pas avoir faibli depuis le début du mouvement, la réunion de ce lundi a rassemblé un public bien nombreux que celui de samedi. "Les gens, notamment les fonctionnaires, n'ont pas pu venir. Ils ont peur de perdre leur travail. Le président a mis des gendarmes et des policiers dans tous les ministères. Les agents qui sont absents risquent d'avoir des ennuis" explique Jean Lahinniriko, ancien président de l'Assemblée nationale et ancien proche du président en place. Dans une courte déclaration faite samedi à la présidence, Marc Ravalomanana avait demandé aux Malgaches de se rendre normalement sur leurs lieux de travail. Dimanche le général Pily, commandant la gendarmerie de Madagascar, avait indiqué qu'il ferait assurer la protection de tous les bâtiments de la fonction publique.

De fait si certains ministères sont restés fermés au public, celui des finances par exemple, d'autres ont fonctionné normalement. "Mais cela ne veut pas dire grand chose, le moment venu, les gens vont sortir" affirme un partisan du maire. Un moment plus tard, avec les milliers de personnes présentes au meeting, il scandait : "Iavoloha, Iavoloha", nom du siège de la présidence. Les partisans Andry Rajoelina disaient ainsi leur intention d'installer leur leader au pouvoir.

"Nous sommes forcés d'aller jusqu'au bout, nous ne pouvons plus reculer" commente Michelle Ratsivalaka, adjointe au maire tananarivien. "Le président Marc Ravalomanana est coupable de plusieurs atteintes à la Constitution. Le peuple en assez de lui, le peuple s'appauvrit, il ne mange plus trois fois par jour, alors que le président ne cesse de s'enrichir. Cela ne peut plus durer. Dès mon accession au pouvoir je vendrai Air Force Two" promettait pour sa part Andry Rajoelina. Il fait ainsi allusion au récent achat par le président en place d'un avion privé d'un montant de plusieurs dizaines de millions de dollars.

À la fin du meeting la foule s'est rapidement dispersée dans le calme. La prochaine étape de la crise devrait donc se jouer dans l'après-midi devant la Haute Cour constitutionnelle.

Reste maintenant à savoir comment la population va réagir face à l'installation de la crise. Lorsque l'on interroge les Tananariviens dans la rue, les avis divergent sur la légitimité de "TGV" ou de Marc Ravalomanana, sur la nécessité de mettre en place un gouvernement de transition ou de laisser le président en place finir son mandat. Ils sont par contre unanimes à dire que la situation actuelle ne pourra pas durer.

"Depuis le début des événements il y a une semaine, les prix se sont envolés. Avant litre d'huile coûtait 4 300 ariary (environ 2, 10 euros) et le kilos de riz 1 300 (environ 60 centimes), maintenant l'huile coûte 10 000 ariary (5 euros) et le riz 2 000 ariary (1 euro)" note Hery. Serveur dans un restaurant il perçoit un salaire 100 000 ariary (environ 50 euros). "Les Malgaches ne pourront pas supporter indéfiniment cette crise. Déjà avant on avait du mal à joindre les deux bouts, mais maintenant c'est pire. C'est pour cela qu'il y a de moins en moins de monde aux réunions de TGV (le surnom d'Andry Rajoelina - ndlr)" ajoute-t-il.
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