Groupe Bernard Hayot : le parquet financier ouvre une enquête, le groupe conteste les accusations et dépose plainte en diffamation

  • Publié le 19 décembre 2025 à 02:57
  • Actualisé le 19 décembre 2025 à 05:40
Bernard Hayot

(Actualisé) Le Parquet national financier a ouvert une information judiciaire visant le Groupe Bernard Hayot (GBH), premier acteur de la distribution dans plusieurs territoires ultramarins. L’enquête fait suite aux révélations du quotidien Libération sur des pratiques commerciales jugées anormalement lucratives, notamment dans le secteur automobile, et à plusieurs plaintes déposées ces derniers mois. Le groupe "conteste fermement" les accusations et va "démontrer leur caractère infondé" (Photo rb/www.imazpress.com)

Selon les informations révélées par nos confrères de Libération, le Parquet national financier a ouvert une information judiciaire pour entente, abus de position dominante et escroquerie en bande organisée visant le Groupe Bernard Hayot. L’enquête, confiée à deux juges d’instruction, a été ouverte à la suite d’un article publié en janvier 2025, puis renforcée par plusieurs plaintes avec constitution de partie civile, dont celle de la Confédération générale du travail de Guadeloupe (CGTG).

Ce développement judiciaire concerne le plus puissant conglomérat ultramarin, présent dans la grande distribution, l’automobile, la logistique ou encore l’immobilier, et dont le chiffre d’affaires global atteignait environ 5 milliards d’euros l’an dernier.

L’information judiciaire vise en particulier le marché automobile, qui représenterait à lui seul près de 40 % du chiffre d’affaires du groupe. Les enquêteurs s’appuient notamment sur des documents internes transmis à Libération par un ancien cadre dirigeant du groupe, lanceur d’alerte dans ce dossier.

Comptes d’exploitation, prix d’achat et taux de rentabilité montreraient que certaines concessions automobiles de GBH pratiquent des marges jusqu’à trois ou quatre fois supérieures à celles observées en France hexagonale. Une situation rendue possible, selon ces éléments, par une position dominante du groupe, qui détiendrait jusqu’à près de 50 % des parts de marché sur la vente de véhicules aux particuliers dans certains territoires ultramarins.

Le système serait d’autant plus opaque que GBH opère à travers une multitude d’enseignes distinctes, appartenant au même groupe, permettant l’accumulation de marges à différents niveaux de la chaîne commerciale.

- Des soupçons d’escroquerie vis-à-vis des constructeurs -

Les chefs d’escroquerie en bande organisée porteraient sur de possibles déclarations mensongères faites par certains concessionnaires du groupe aux constructeurs automobiles. Ces derniers accordent en effet des primes commerciales conditionnées à une transparence sur les prix de vente.

Selon la source citée par Libération, certaines concessions auraient volontairement dissimulé leurs marges réelles, allant jusqu’à modifier les tarifs affichés lors des visites commerciales des représentants des fabricants. "On mentait éhontément aux constructeurs", affirmait ce cadre, décrivant un système organisé et durable.

Les juges d’instruction s’intéressent également à d’éventuelles pratiques d’entente entre le Groupe Bernard Hayot et d’autres acteurs ultramarins.

- Le Groupe Bernard Hayot conteste l’ensemble des accusations -

GBH "a pris connaissance, par la presse, de l’ouverture d’une information judiciaire le visant notamment pour "entente", "abus de position dominante" et "escroquerie", réagit l'entreprise ce jeudi soir.

"Cette procédure fait suite au dépôt de plaintes avec constitution de partie civile de plusieurs syndicats", note-t-elle.

"Comme évoqué lors de la médiatisation de la plainte initiale", GBH "conteste fermement, y compris devant la justice, ces allégations et coopérera pleinement avec les autorités judiciaires afin de démontrer le caractère infondé de ces accusations", souligne le groupe.

GBH "tient à rappeler qu’il a toujours agi dans le strict respect de la législation applicable, y compris en matière de droit de la concurrence". "GBH n’a jamais fait l’objet d’aucune sanction pour manquement à ses obligations en la matière."

Le Groupe Bernard Hayot conteste l’ensemble des accusations formulées à son encontre. Il a déposé une plainte en diffamation contre Libération et rappelle bénéficier de la présomption d’innocence.

Cette enquête intervient dans un contexte social tendu aux Antilles, où le groupe est régulièrement cité dans les mobilisations contre la vie chère. Malgré ces controverses, son fondateur, Bernard Hayot, a été élevé en mai dernier au rang de grand officier de la Légion d’honneur.

GBH n’est pas seulement un distributeur: il réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires dans l’automobile (commercialisation, location, pièces détachées) et dans des "activités diversifiées" (rhum et agroalimentaire notamment).

Basé en Martinique, où il concentre les critiques, GBH n’y réalise que 16% de son chiffre d’affaires. Le reste de son activité se répartit en Guadeloupe (15%), à la Réunion (35%), et à l’international (32%). 

www.imazpress.com/[email protected] avec l'AFP

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10 Commentaires
Pierre
Pierre
8 heures

Enfin, une enquête qui ne devrait pas être étouffée par le GVT ni par pression sur les 2 juges d’instruction.m. B HAYOT doit avoir d’importants soutiens parisiens qui peut être sont des « amis »

Constantin
Constantin
11 heures

Et ces autres escrocs qui détiennent Leroy merlin et autres ? Qui de plus payent pour empêcher Ikea de s'implanter et consolider sa position ? La justice comme toujours arrive beaucoup trop tard, si elle arrive vraiment un jour...

Pierre
Pierre
8 heures

C’ est le capitalisme triomphant !

Gâté mais pas caillé
Gâté mais pas caillé
13 heures

On peut remercier Caillé

François
François
14 heures

Quoi ? Le Groupe Hayot ? Escroquerie en bande organisée ? Abus de position dominante et entente ? Meuuuuu naaaaan !

Chlordecone
Chlordecone
15 heures

Plutôt bonne nouvelle sauf si cela se termine comme episodevChlordeckone aux Antilles.

Alice
Alice
12 heures

Considérons tous les capitaines d'industrie et de commerces comme des bandits. Très bien la justice ou son apparence sait condamner. Elle aime ca et les journalistes de gauche aussi

Puerre
Puerre
8 heures

Vous êtes complice du système,honte à vous

Alice
Alice
12 heures

Mauvaise nouvelle grand groupe économique. Les coco et extrême lfi vont être heureux. La justice veut elle ressembler à celle de l'URSS?

Jako
Jako
11 heures

Donc d'après vous, le GROUPE HAYOT est dans son droit lorsque il pratique des prix exorbitants avec les marges qui vont avec! C'est exactement la même chose d'après vous lorsque M. SARKOZY à été condamné? Ce sont des "juges rouges" qui sont à la manœuvre? C'est avoir une bien piètre opinion de notre justice ou du moins des juges et autres magistrats!