Douze ans après la mort de Loïc Louise, jeune Réunionnais décédé à 21 ans après un tir de taser lors d’une soirée à la Ferté-Saint-Aubin (Loiret), la cour d’appel d’Orléans a relaxé le gendarme poursuivi pour homicide involontaire. Condamné à deux ans de prison avec sursis en première instance en novembre 2024, le militaire obtient finalement gain de cause. Une décision accueillie avec une immense déception par la famille du jeune homme, qui réclamait justice depuis plus d’une décennie (Photo d'illustration www.imazpres.com)
Le drame s’était déroulé dans la nuit du 3 novembre 2013. Étudiant à Orléans, Loïc Louise participait à une soirée entre amis dans une résidence du Loiret. Vers deux heures du matin, une altercation éclate entre plusieurs convives et des voisins excédés par le bruit. Les gendarmes interviennent.
L’un d’eux, alors âgé de 25 ans, fait usage de son pistolet à impulsion électrique pour neutraliser le jeune homme. Loïc Louise reçoit deux décharges de Taser, dont la première dure 17 secondes, soit plus de trois fois la durée réglementaire. La seconde est tirée en mode contact alors que le jeune homme est déjà à genoux. Quelques instants plus tard, il s’effondre. Son décès est constaté à 2h30 du matin.
- Une enquête contestée, un combat judiciaire acharné -
L’enquête de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale avait conclu en 2014 à une absence de lien formel entre les décharges et le décès, évoquant un étouffement et une fragilité cardiaque. Une thèse que la famille a toujours contestée. Pour elle, le Taser a directement provoqué l’arrêt cardiaque du jeune homme, décrit comme en parfaite santé.
Après des années de procédures, la mobilisation de ses proches et de leur avocat Me Fabrice Saubert aboutit à une réouverture du dossier. En 2022, le gendarme est mis en examen pour homicide involontaire et renvoyé devant le tribunal correctionnel d’Orléans. Le 26 novembre 2024, il est reconnu coupable et condamné à deux ans de prison avec sursis.
- La cour d’appel prononce la relaxe -
Soutenu par sa hiérarchie, le gendarme fait appel. La cour d’appel d’Orléans a bien reconnu le lien entre le coup de taser et le décès mais a estimé que la situation d'urgence justifiait le geste du militaire. Elle a donc prononcé la relaxe, la décision étant parvenue quasi douze ans jour pour jour à la famille du défunt.
Pour la famille du jeune homme, la décision est un nouveau coup dur après dix ans d’attente. “Nous avons tout perdu : notre fils et aujourd’hui la reconnaissance de sa mort injuste”, a confié un proche à la sortie de l’audience. L’avocat de la famille déplore quant à lui “une justice qui n’assume pas la responsabilité de l’État quand une arme est utilisée hors des protocoles de sécurité”.
La cour d’appel a néanmoins rappelé que le tir de 17 secondes dépassait largement les règles d’usage du Taser, sans toutefois considérer que cette faute technique suffisait à établir la responsabilité pénale du militaire.
Pour les proches de Loïc Louise, le combat judiciaire s’achève dans la douleur, dix ans après la mort du jeune Réunionnais dont la mémoire reste vive, autant sur son île qu’auprès de ceux qui réclamaient justice en métropole.
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