Ce vendredi 14 novembre 2025, la première journée du procès des deux frères Malbrouck, jugés pour l’assassinat présumé de Brice Hibon, a livré un récit glaçant du drame du 11 mars 2023, entre violence fulgurante, rivalités anciennes et témoignages déchirants. L’audience reprendra lundi 17 novembre prochain avec la parole des accusés. (Photo Sly/www.imazpresse.com)
Ce vendredi 14 novembre 2025, la cour d’assises de Saint-Denis ouvre trois jours de débats sur l’exécution de Brice Hibon, 26 ans, tué en pleine rue à Saint-André. Après un rappel précis des faits par le président, le major en charge de l’enquête vient dérouler, durant deux heures, une chronologie quasi chirurgicale de cette tragédie.
Il rappelle qu'à 12h09 ce 11 mars 2023, une altercation éclate sur le parking du collège Cambuston entre la victime et les frères Malbrouck. Une dispute de deux minutes, filmée par des caméras. Une heure 45 minutes plus tard, à 13h46, Brice Hibon est abattu de trois coups de fusil à pompe, moins d’une minute après que le fourgon des accusés a percuté violemment son scooter. Un choc d’une extrême brutalité, souligne l’enquêteur, parlant d’un corps retrouvé "dans un triste état".
- Un règlement de comptes probable dont on ne connait toujours pas l'origine -
Le quartier, où tout le monde se connaît, devient le terrain d’un règlement de comptes dont l’origine reste floue pour l'instant. À la question du président sur le mobile, le directeur d’enquête répond que les accusés ont évoqué en garde à vue une vieille dispute autour d’une partie de cartes, trois ans plus tôt. Il mentionne aussi des tensions anciennes entre deux familles "investies en politique".
Interrogé par la défense, il ajoute que Brice Hibon était considéré "comme un caïd local" et se déplaçait souvent armé, même si aucune arme n’a été retrouvée dans le scooter accidenté. L’analyse toxicologique a révélé la présence de cocaïne dans son organisme, précise le policier.
- Trois tirs et une mort quasi immédiate -
La médecin légiste décrit ensuite les blessures : deux tirs au niveau du bras droit, un troisième dans le cou, des impacts à moyenne distance et un décès quasi instantané. Les lésions provoquées par le choc scooter-fourgon, bien que graves, n’étaient pas mortelles. Elle évoque également l’état des accusés au moment de leur examen : Antony, le cadet, "en sidération" ; Collé Patrick présentant des traces compatibles avec un coup de poing reçu le matin, lors de la dispute du parking.
La reprise d’audience en début d’après-midi marque un tournant émotionnel. À la barre, le père de la victime, Jean-Louis Henriette, parle d’une famille "brisée à vie". "Depuis cette affaire, on est tous malades. Il ne verra jamais sa deuxième fille. Je souhaite que ces deux assassins ne retrouvent plus la liberté". Il balaie les accusations visant son fils : "On reproche des choses à mon fils, mais où sont les condamnations ? Tout ça, c’est du vent".
L’avocate générale précise pourtant que son casier compte vingt mentions, information que la cour décide de joindre au dossier.
- "Pas de drogues ni d'armes dans notre foyer" -
La compagne de Brice Hibon, enceinte de trois mois au moment des faits, décrit un couple ordinaire, avec ses hauts et ses bas. Elle affirme n’avoir jamais connu les frères Malbrouck ni entendu parler d’un conflit. Selon elle, ni armes ni drogues n’entraient dans leur foyer, même si elle reconnaît une procédure pour violences réciproques en 2022, à l’issue de laquelle Brice Hibon avait été condamné à une peine assortie d’un stage de sensibilisation aux violences conjugales.
L’ambiance se tend lorsque le président l’interroge sur la réputation de la victime. La jeune femme rétorque : "Ce sont des témoins choisis par la partie adverse qui ont dit ça". La douleur maternelle prend ensuite toute la salle à la gorge : incapable de témoigner, la mère de Brice Hibon sanglote, avant de dénoncer "les assassins" de son fils. Quelques instants plus tard, la sœur de la victime s’effondre en approchant à la barre. L’audience est suspendue le temps pour les pompiers d’intervenir.
En fin d’après-midi, des riverains de la rue Bois Rouge, premiers témoins de la scène, relatent l’effroi ressenti en découvrant le scooter projeté contre leur portail et la victime au sol. Les témoignages demandés par les parties civiles se succèdent jusqu'en fin d'audience.
Le procès reprendra lundi 17 novembre à 8h30. La matinée sera consacrée à la parole des deux accusés et à l’étude de leur personnalité, une étape déterminante avant d’aborder, mardi, les réquisitions et le verdict attendu en fin de journée.
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