Stellantis n'est plus seul dans le viseur: des juges français enquĂȘtent dĂ©sormais sur trois autres gĂ©ants de l'automobile mondiale, Toyota, Volkswagen et BMW, et sur leur Ă©ventuel manque de rĂ©activitĂ© Ă faire remplacer les airbags dĂ©faillants Takata, causes d'explosions mortelles.
L'information, obtenue de source proche du dossier par l'AFP, a été confirmée vendredi par le parquet de Paris. "C'est un dossier immense qui commence, c'est certainement pour la juridiction parisienne le dossier du siÚcle", a commenté Me Christophe LÚguevaques.
Cet avocat avait rassemblé prÚs de 3.000 automobilistes pour lancer une action collective contre Stellantis (parallÚlement à une action de groupe similaire d'UFC-Que choisir).
Cet avocat parisien, épaulé par Me Pierre Delivret, du barreau de Toulouse, a tenu dans la nuit de jeudi à vendredi une réunion en ligne sur une extension de l'action collective aux trois nouvelles marques impliquées, avec un site internet dédié pour permettre aux plaignants éventuels de se manifester.
"Potentiellement, vous ĂȘtes 2,5 millions de victimes Ă pouvoir avoir droit Ă une indemnisation au terme de la procĂ©dure au pĂ©nal", y a encore assĂ©nĂ© ce conseil.
Le parquet de Paris avait déjà ouvert mi-avril une information judiciaire, notamment pour mise en danger de la vie d'autrui, aprÚs une plainte de l'association UFC-Que choisir et de plusieurs propriétaires de véhicules du groupe Stellantis.
- "Agissements lourds" -
La saisine avait été élargie dÚs juillet à trois potentiels homicides involontaires, aprÚs des explosions d'airbags dans des Citroën C3 en décembre 2021 en Martinique, en novembre 2023 dans les Hautes-Pyrénées et en juin dernier dans la Marne.
Saisi d'une autre plainte de l'association UFC-Que choisir en mai, le parquet de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) de Paris a depuis ouvert trois nouvelles informations judiciaires, dédiées à ces trois poids lourds de l'industrie automobile mondiale, Toyota, Volkswagen et BMW.
L'association dénonçait des "agissements lourds": "pratiques commerciales trompeuses, tromperie aggravée et mise en danger délibérée de la vie d'autrui".
La JIRS de Paris est désormais en contact avec les autres juridictions saisies d'accidents "imputables au dysfonctionnement des airbags Takata mettant en cause des véhicules appartenant" aux constructeurs BMW, Volkswagen et Toyota, a précisé à l'AFP le ministÚre public.
Le parquet de Paris n'est pas, "à ce stade", saisi "de toutes les procédures relatives aux airbags Takata" (firme qui a déposé le bilan depuis).
Selon une source proche du dossier, ces informations judiciaires visent à questionner "ce qui a été fait (ou pas fait) une fois que les constructeurs ont été informés des problÚmes avec ces airbags".
Cela vise aussi, selon cette source, "en toile de fond, Ă interroger la responsabilitĂ© de l'administration" sur d'Ă©ventuels rappels trop tardifs des vĂ©hicules. A terme, elles pourraient concerner d'autres constructeurs, toujours de mĂȘme source.
Les actions collectives veulent cibler les constructeurs pour dommages corporels ou matĂ©riels, ces derniers pouvant ĂȘtre liĂ©s Ă l'immobilisation forcĂ©e des vĂ©hicules Ă©quipĂ©s d'airbags Takata, ou de la perte de la valeur de ces vĂ©hicules.
Ă La RĂ©union, Leal RĂ©union, distributeur automobile, a Ă©tĂ© mis en examen le 27 mars 2025 pour les blessures dâun conducteur dâun vĂ©hicule, liĂ©es Ă lâexplosion de son airbag Takata. Une premiĂšre en France. Lors de son interrogatoire, le responsable a affirmĂ© que sa sociĂ©tĂ© avait fait "tout son possible" pour avertir les utilisateurs de BMW et Ă©voquĂ© de nombreuses difficultĂ©s pour parvenir Ă les joindre.
- "Au minimum 5 ans" -
En France, 1,7 million de véhicules de toutes marques sont concernés par un rappel "stop drive", qui implique de ne plus circuler avant le remplacement - gratuit - des airbags.
"On dira aux juges d'instruction que vous vous constituez partie civile et que vous allez réclamer indemnisation", ce qui va prendre "au minimum cinq ans" et n'est "pas garanti", a éclairé Me LÚguevaques.
Pour les faits les plus graves, les airbags Takata sont notamment responsables dans le monde d'explosions mortelles ou provoquant de graves blessures à cause d'un gaz, le nitrate d'ammonium, qui se dégrade avec le temps, particuliÚrement dans les climats chauds et humides.
- 18 morts et 25 blessés -
En France, le ministĂšre des Transports compte 18 morts et 25 blessĂ©s - dont 16 dĂ©cĂšs et 24 blessĂ©s dans les Outre-mer.Â
Ă ce jour, deux RĂ©unionnais ont perdu la vie Ă cause de ces airbags. Le premier drame remonte Ă 2021, lorsquâune mĂšre de famille de 39 ans a trouvĂ© la mort dans un accident Ă La Saline-les-Bains. Plus rĂ©cemment, dans la nuit du 30 au 31 janvier 2025, un automobiliste est dĂ©cĂ©dĂ© sur la NRL. Selon le parquet de Saint-Denis, lâexplosion de lâairbag Takata est bien en cause. La victime conduisait une Honda Jazz de 2003, pourtant visĂ©e par une procĂ©dure de rappel.
Un troisiÚme cas suspect, remontant à 2016, est actuellement réexaminé. Et en janvier 2025, une autre femme a été griÚvement blessée, dans un choc pourtant peu violent.
Une nouvelle enquĂȘte autour d'une mort suspecte a Ă©galement Ă©tĂ© ouverte dans ce dossier fin octobre en Nouvelle-CalĂ©donie, tandis qu'un distributeur automobile de BMW a Ă©tĂ© mis en examen le 27 mars Ă La RĂ©union pour blessures involontaires.
Aux Etats-Unis, pays le plus touché avec 28 morts, Ford, Toyota, Honda, BMW, Nissan et Mazda ont versé un total d'1,5 milliard de dollars d'indemnisations aux victimes.
www.imazpress.com avec l'AFP


