Accusé de "traite" de mineure

Bolivie : ordre d'arrestation de l'ex-prĂ©sident Evo Morales

  • PubliĂ© le 18 janvier 2025 Ă  00:39
  • ActualisĂ© le 18 janvier 2025 Ă  06:45
L'ancien président de la Bolivie, Evo Morales, lors d'une conférence de presse à Buenos Aires, le 21 février 2020

Un juge bolivien a ordonné vendredi l'arrestation de l'ancien président Evo Morales (2006-2019), accusé de "traite" de mineure, aprÚs son absence pour la deuxiÚme fois cette semaine à une audience, alors qu'il cherche à revenir au pouvoir.

"Un mandat d'arrĂȘt est ordonnĂ© contre l'accusĂ©", a dĂ©clarĂ© Nelson Rocabado, juge Ă  Tarija (sud) lors d'une audience destinĂ©e Ă  examiner une demande du parquet de placement en dĂ©tention prĂ©ventive pour six mois.

Le juge Rocabado a également ordonné le gel de ses biens et interdit sa sortie du pays.

Premier chef d'Etat bolivien d'origine indigÚne, Evo Morales est accusé de "traite" d'une mineure en raison d'un présumé arrangement conclu avec ses parents.

Selon le parquet, M. Morales, 65 ans, aurait entretenu une relation en 2015 avec une adolescente de 15 ans, de laquelle une fille serait née un an plus tard, avec le consentement des parents en échange d'avantages.

M. Morales rejette ces accusations et fait valoir qu'une enquĂȘte pour les mĂȘmes faits a Ă©tĂ© classĂ©e sans suite en 2020.

Il se dit victime d'une "guerre juridique" orchestrée par le chef de l'Etat Luis Arce, son ancien allié et désormais rival pour l'investiture du parti de gauche au pouvoir en vue de la présidentielle d'août 2025.

Evo Morales ne s'était déjà pas présenté à une audience mardi dans le cadre de cette affaire. Ses avocats avaient alors soumis un certificat médical pour justifier son absence faisant état d'une bronchopneumonie et d'une possible bradycardie, et une nouvelle audience avait été annoncé pour vendredi.

La procureure Sandra GutiĂ©rrez, chargĂ©e de l'affaire, a indiquĂ© vendredi Ă  la presse que les documents prĂ©sentĂ©s "ne constituent pas des empĂȘchements juridiques valables" pour justifier son absence.

- 24 heures sur 24 -

L'ancien cultivateur de coca est soutenu par de nombreux partisans, majoritairement des paysans indigÚnes, qui ont manifesté en début de semaine à La Paz aprÚs une marche de quatre jour depuis Patacamaya, à 100 km au sud de la capitale administrative.

Ils protestaient contre la crise économique, réclamant la démission du président Arce. Des affrontements avec police ont entraßné l'arrestation de 41 personnes mardi, au deuxiÚme jour de ces manifestations, selon le médiateur chargé de la défense des libertés.

C'est la deuxiÚme marche de partisans de M. Morales, tenant d'une gauche radicale, aprÚs une premiÚre en septembre à laquelle l'ancien dirigeant avait participé.

Mais depuis, dĂ©jĂ  visĂ© par un mandat d'arrĂȘt, il reste retranchĂ© dans son bastion du centre du pays, dans la rĂ©gion du Tropico de Cochabamba, dans l’État du Chapare, protĂ©gĂ© par ses partisans.

"La sécurité du frÚre Evo" est assurée par plus de "2.000 personnes, tous les jours et 24 heures sur 24", a assuré mercredi à l'AFP Vicente Choque, de la Confédération syndicale unique des travailleurs paysans de Bolivie et l'un de ses proches.

En décembre, le procureure Gutiérrez avait présenté des poursuites contre M. Morales dans cette affaire, précisant qu'il encourait une peine de "10 à 15 ans" d'emprisonnement.

Elle avait alors expliquĂ© avoir Ă©mis en octobre un mandat d'arrĂȘt contre lui sans en rĂ©vĂ©ler l'existence en raison de la "complexitĂ©" de l'affaire.

Elle avait rappelé que deux jours avant, ses partisans avaient érigé des barrages routiers -qui ont duré plusieurs semaines- pour protester contre la "persécution judiciaire", selon eux, de leur leader.

Evo Morales souhaite revenir au pouvoir malgrĂ© un arrĂȘt de la Cour constitutionnelle ayant confirmĂ© en novembre l'interdiction pour un prĂ©sident d'exercer plus de deux mandats.

AFP

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